Air Antilles : 11 jours de grève, zéro négociation, des passagers à la peine
Direction et pilotes ne discutent pas. Des passagers se retrouvent « abandonnés », avec des vols annulés. Un collectif des personnels au sol appelle à la reprise du travail. Le point ici.
La grève des pilotes à Air Antilles est dans l’impasse. Les discussions sont au point mort entre la direction et le syndicat des pilotes. Chaque partie campe sur sa position.
Conséquences : de nombreux passagers sont bloqués dans plusieurs îles de la Caraïbes. C’est notamment le cas d’une délégation du groupement du carnaval de Guadeloupe, venue participer au festival de Sainte-Lucie.
Leur vol a été annulé ce matin. Joel Jakota, le président, raconte ses péripéties.
On vit quelque chose de pas bien. Nous devions rentrer ce matin à Pointe-à-Pitre, via Fort-de-France et on nous dit que le vol est annulé. Je suis d’accord qu’il y a la grève. Mais il y a quand même des Guadeloupéens qui sont partis à Sainte-Lucie. C’est devenu un pays de coopération avec la Guadeloupe. Air Antilles ne nous prend pas en charge à Sainte-Lucie. On s’est organisés, on part en bateau demain matin vers la Martinique. Et, de là, on prendra sûrement un vol
Du côté de la direction d’Air Antilles, le président Eric Koury ne change pas de position. Pas question, pour lui, de répondre aux exigences salariales des pilotes qu’il qualifie « d’irresponsables ».
Quand une catégorie de personnels ne prend pas en compte la situation économique d’une entreprise, qu’elle négocie avec ses créanciers, avec ses banques suite à la crise du Covid qui l’a un peu secouée et se permet de déposer un préavis de grève, ce qu’elle avait déjà fait en décembre et nous avions octroyé une augmentation de 5,5%, pour obtenir près de 40%, vous vous doutez bien qu’il y a un problème qui ne peut être accepté par un chef d’entreprise responsable
Pour lui, une « catégorie de personnels irresponsables » entraîne avec elle près de 220 personnels au sol. Il n’exclue aucune hypothèse, y compris celle d’une liquidation.
Pilotes, personnels au sol, syndicat FO...
Face à cette posture, Brieuc Hardy, le délégué syndical du Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL) soutient pourtant que les pilotes ne « cèderont pas ». Il conteste les chiffres avancés par sa direction.
Cette situation est catastrophique pour les passagers mais, depuis le début, il y a un refus catégorique de négocier quoi que ce soit. Nous avons eu une seule rencontre mardi dernier mais ce n’était pas une rencontre de négociations. Nous sommes loin des 35 ou 40% d’augmentation de salaire avancés par notre direction. Nous demandons 15% pour faire face à l’inflation. Aujourd’hui, un co-pilote touche 1800 euros nets / mois, à quoi il faut ajouter un emprunt de 100 000 euros pour la formation. Si on ajoute les charges et le logement, c’est intenable…
Dans une lettre ouverte anonyme datée de ce dimanche 23 juillet, un collectif qui se présente au nom des personnels au sol appelle, pour sa part, à la reprise du travail, estimant que « la grève est la pire des solutions ».
SVP, retrouvez vos cockpits et faites voler les couleurs de notre Compagnie dans la Caraïbe, comme vous savez si bien le faire tous les jours de l’année. C’est dans l’intérêt de chacun de nous . En revanche, nous sommes d’accord pour rester solidaires, vigilants sur les choix stratégiques et la gestion de notre entreprise pour que chaque collaborateur puisse obtenir la juste rémunération de son travail et de ses efforts », indiquent-ils.
Ce lundi, c'est le syndicat Force Ouvrière qui entre à son tour dans la danse. Dans un communiqué signé Mélissa Germé, il annonce le dépôt d'un nouveau préavis de grève en date du 27 juillet à 0h, « pour une durée illimitée ».
La plate-forme, qui aurait été remise en « main propre contre décharge » à la direction comporte 29 revendications pour les personnels au sol, les personnels navigant commercial, les personnels techniques et pour l'ensemble des salariés.