Bicentenaire de la « dette de l’indépendance » d’Haïti, la population attend des réponses plus fortes

Par 22/04/2025 - 07:47

Deux siècles après l’ordonnance royale imposant à Haïti une indemnité pour son indépendance, la France reconnaît une mémoire douloureuse. Une commission franco-haïtienne est annoncée, mais pour certains, les gestes restent « insatisfaisants. »

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À l’occasion du bicentenaire de l’ordonnance royale de 1825, un évènement s’est tenu ce jeudi 17 avril, aux Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine, en région parisienne. Organisée par la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, cette commémoration est revenue sur l’histoire des relations entre la France et Haïti.

Le 17 avril 1825, le roi Charles X signait une ordonnance imposant à la jeune République haïtienne le paiement d’une indemnité de 150 millions de francs-or, en échange de la reconnaissance de son indépendance. Cette somme, destinée à indemniser les anciens colons français, a lourdement pesé sur l’économie haïtienne pendant plus d’un siècle.

Une reconnaissance de l’Élysée

À l’occasion de cet anniversaire, le président Emmanuel Macron a pris la parole à travers un communiqué officiel, déclarant que la France « assume sa part de vérité dans la construction de la mémoire, douloureuse pour Haïti ».

Il a également annoncé la création d’une commission mixte franco-haïtienne chargée d’examiner cette histoire partagée et de formuler « des recommandations utiles pour construire un avenir plus apaisé entre nos deux pays ».

Malgré ces annonces, Jean-Marie Théodat, professeur et géographe haïtien, a exprimé sa déception :

Ils ne sont pas satisfaisant. S'il s'agissait d'apaiser toutes les inquiétudes des Haïtiens, s'il s'agissait de répondre aux requêtes formulées par le président haïtien le 1ᵉʳ janvier 2025, justement, demandant la restitution de la somme versée indûment à la France, on peut dire que nous sommes restés sur notre faim.

Néanmoins, il concède que la création de cette commission peut représenter un premier pas vers une forme de réparation.

Une mémoire douloureuse

En dehors de cette reconnaissance symbolique, Jean-Marie Théodat plaide pour une lecture franche et complète de deux siècles de relations bilatérales.

Pour cela, il faudrait que cette commission rende son rapport tout de suite. Ce que nous attendons de la France, c'est que, 200 ans après avoir établi des relations officielles avec Haïti, nous fassions un bilan sans concession, mais également un bilan sans faux-semblants pour dire finalement à quoi est-ce que cela aboutit.

Il a rappelé l’ampleur de la dette infligée à Haïti et ses conséquences.

En 200 ans de relations bilatérales, Haïti a consacré pendant plus de 120 ans 70 % de son produit intérieur brut à verser une indemnité à des descendants de colons français, dans un contexte de rapport de force où nous étions le pays le plus faible.

Reste à savoir si cette commission sera à la hauteur des attentes haïtiennes et si ses travaux déboucheront sur des mesures concrètes.


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