Les députés d'Outre-Mer sceptiques après la déclaration de politique générale de François Bayrou

Par 14/01/2025 - 18:57

Le Premier ministre a dévoilé la feuille de route de son gouvernement, ce mardi (14 janvier), à l’Assemblée nationale. Sa déclaration de politique générale n’a pas convaincu les députés ultramarins. Certains n’excluent pas une nouvelle censure.

    Les députés d'Outre-Mer sceptiques après la déclaration de politique générale de François Bayrou

François Bayrou a fait sa déclaration de politique générale face au Parlement ce mardi (14 janvier).

Un discours d'1 h 30 environ, parfois balbutiant dans la forme, lors duquel le Premier ministre a dévoilé la feuille de route de son gouvernement, ouvrant notamment la voie à une réflexion avec les partenaires sociaux autour de la réforme des retraites, en excluant toutefois sa suspension.

Un nouveau CIOM

Pour les outre-mer, François Bayrou s'est engagé à l’élaboration de plans de développement adaptés à chaque territoire, qui se feront dans le cadre d'un nouveau CIOM (Comité interministériel des outre-mer).

Il est également revenu sur son choix de placer le ministère en deuxième position de l'ordre gouvernemental derrière l'Éducation nationale.

A ECOUTER Cet extrait du discours de François Bayrou sur les outre-mer

« On ne peut pas être rassuré »

Les députés ultramarins n’ont pas été convaincus par cette déclaration. Dans les rangs socialistes, le Martiniquais Jiovanny William n’exclut pas de censurer ce nouveau gouvernement :

On ne peut pas être rassuré après ce discours de politique générale du Premier ministre. Il a parlé très peu de nos territoires, mis à part des plans qui sont déjà en cours concernant la Nouvelle Calédonie et Mayotte. Il a parlé de revenir sur le droit du sol, notamment sur Mayotte. Il n'a pas parlé de la vie chère, il n'a pas parlé de nos entreprises, il n'a pas parlé de cette population qui en attend beaucoup. Donc, on ne peut pas être rassuré. Pour le moment, les conditions de la non-censure ne sont pas réunies.

« Pas assez de réponses claires »

Pour le LIOT Olivier Serva, si les annonces sur les retraites répondent aux attentes de son groupe, le Guadeloupéen déplore un manque de vision pour l’Outre-mer :

Nous voulions effectivement que cette réforme des retraites soit recadrée, remaniée avec la volonté des partenaires sociaux, forces salariales et patronales. Pour les outre-mer, on ne peut pas nier non plus que ce gouvernement a en son sein le ministère des Outre-mer, numéro 2 du gouvernement avec un ministère d'État. C'est un point positif. Nous attendons maintenant que le budget des Outre-mer soit à un niveau de ministère d'État. Pour le reste, nous considérons qu'aujourd'hui, nous n'avons pas assez entendu des réponses très claires sur le service de santé, sur la sécurité et je regrette que sur le pouvoir d'achat en outre-mer, rien n'ait été dit. Non plus sur l'insécurité croissante. Je rappelle que les Antilles sont la porte de la cocaïne vers l'Europe avec une insécurité incroyable. Et donc, nous souhaitons que sur tous ces domaines, ils soient beaucoup plus précis et beaucoup plus sérieux dans ces propositions.

« Un discours fleuve avec des poncifs »

Globalement, c'est la déception qui domine parmi les députés antillais, à l'image du LIOT Max Mathiasin :

Aujourd'hui, je suis très déçu par ce discours qui est un discours fleuve, mais avec des poncifs. Il reprend un certain nombre de choses qui pourraient être reprises dans n'importe quel discours de politique globale, mais qui n'a aucune espèce d'originalité, à part le fait que l'on ait beaucoup insisté sur la question de l'insécurité, l'immigration, la proportionnelle, ce qui donnera lieu à des débats. Il parle bien sûr de Mayotte, ce qui est indispensable, de la Nouvelle Calédonie. Mais pour ce qui nous concerne, ce CIOM, c'est le serpent de mer qu'on nous a promis et qu'on nous ressasse à chaque fois, mais qui ne vient pas. Et puis, quid du financement pour le CIOM ? Et jusqu'à présent, nous attendons encore. Il paraît que le CIOM est reporté à encore trois mois, deuxième semestre. Donc, on ne sait pas.

« Pas de réponses précises »

Bon nombre de députés ultramarins se disent déjà prêts à censurer le gouvernement Bayrou, à l'image du Guyanais de la Gauche démocrate et républicaine, Jean-Victor Castor :

Je n'ai rien entendu par rapport à nos territoires. Il aurait pu dire clairement, par exemple, sur la question de l'émancipation politique de chacun des territoires, ceux qui souhaitent avoir un statut d'autonomie, dire clairement qu'il est prêt à s'y engager. Comme il l'a fait pour la Corse, donner un calendrier, puisque par exemple, pour la Guyane, nous sommes très avancés sur la question de l'évolution statutaire. Tout a été remis, tous les congrès ont été faits, donc il aurait pu annoncer une date pour la reprise des négociations, ce qu'il n’a pas fait. La réalité, c'est qu'il n'y a pas de réponses précises, que ce soit pour le peuple français et puis, plus généralement, pour nos peuples dans nos territoires qui sont sous tutelle. A partir de ce moment-là, je ne vois pas comment je vais cautionner un gouvernement qui, en fait, fait du pareil au même que le gouvernement Barnier. Alors que si j'ai censuré Barnier, forcément, je vais censurer ce gouvernement-là.

 


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