L’avocat Juan Branco en Martinique pour casser « l'oligarchie » et apporter son soutien au RPPRAC

Par 06/01/2025 - 17:34

Juan Branco, l’avocat et militant, est en Martinique depuis une semaine. Ce matin (lundi 6 janvier), il a expliqué à la Maison des Syndicats venir apporter son aide à l’association dans son combat contre la vie chère, face à ce qu’il qualifie « d’oligarchie », avec la complicité de l'Etat.

    L’avocat Juan Branco en Martinique pour casser « l'oligarchie » et apporter son soutien au RPPRAC
Juan Branco, à la maison des syndicats à Fort-de-France

L’avocat et militant politique controversé Juan Branco se trouve en Martinique depuis une semaine pour rencontrer différents acteurs du mouvement contre la vie chère, et dit être venu en « soutien politique » pour que la lutte perdure.

Il indique avoir rencontré plusieurs personnalités politiques, comme Garcin Malsa ou Alfred Marie-Jeanne, des confrères avocats mais aussi des militants, des intellectuels.

Pour lui, l’Etat français « prend en otage les dirigeants d’un mouvement social », contre un effondrement de ce mouvement.

« C’est-à-dire qu’on négocie la liberté d’un homme contre le fait que ce mouvement social s’effondre », indique-il, en référence à Rodrigue Petitot, le président du Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro Caribéennes, incarcéré depuis début décembre, dans l’affaire de l’intrusion à la résidence préfectorale.

Il y a deux questions. Il y a le front judiciaire concernant Rodrigue Petitot, qui est mené par mes confrères, par Maîtres Germany, Arneton et Bellemare. Évidemment, ils ont des choix de défense à faire pour essayer de sortir leur client. Ça ne peut et ça ne doit être que leur priorité. Là, la question qu'on est en train de se poser, est beaucoup plus large. C'est comment est-ce qu'on sort de cette prise d'otage, de ce chantage que crée l'État français à l'égard de la population martiniquaise, en lui demandant de se taire, en demandant à Rodrigue Petitot de baisser la tête pour qu'il obtienne sa liberté ? C'est un chantage qui a été mis en place de façon régulière et systématique dans les Outre-Mer, que ce soit avec les Grands Frères, que ce soit avec les leaders kanaks qui ont été eux aussi déportés comme les Grands Frères. Évidemment, la peur de la déportation devient un inhibiteur, non seulement pour monsieur Petitot, mais de façon générale pour l'ensemble des leaders de ce mouvement social à qui on dit : « Tais-toi ou il t'arrivera la même chose », à qui on dit : « Tais-toi ou cette personne sera éloignée des siens pendant des années ». Ça, ce n'est pas l'État de droit. Ça, c'est une pure répression politique. Et désolé, c'est une pure répression coloniale.

Faire front commun sur tout l'Outre-Mer

Selon lui, une mise en perspective et un front commun entre les différents départements, régions et collectivités d’outre-mer sont nécessaires pour « aller chercher des résultats politiques »

C'est la première fois ces dernières années sous Macron que la Martinique est directement ciblée par une méthode comme celle-ci. Mais on l'a déjà vécue en Guadeloupe, j'ai beaucoup échangé avec mon confrère kanak aussi sur ce sujet. On vient prévenir qu’ils sont en train de nous tendre un piège. Quelque part, il y a une solidarité qu'on doit mettre aussi entre les îles. J'ai peu entendu malheureusement la Guadeloupe qui pourtant a connu la même chose il y a quelques années. Je n’ai pas vu venir en Martinique les dirigeants guadeloupéens en soutien. J'ai vu qu'il y a eu des querelles de chapelle, alors différenciation entre syndicats, mouvements social, etc… Je pense que les problématiques auxquelles sont confrontés les peuples des Antilles sont très similaires et qu'il y aurait aussi intérêt à générer un front commun et à démontrer qu'une injustice commise sur un de ces territoires pourrait produire des conséquences sur d'autres territoires. Cette unité des luttes est une des façons de faire. C'est comme ça que la décolonisation a été obtenue et c'est comme ça qu'il faut aller chercher aujourd'hui des résultats politiques à mon sens. Et non, à chaque fois, essayer de tenter de sauver une victime après l'autre d'un système qui agit de façon chronique et systématique

Juan Branco

Juan Branco avance l’éventualité de la création d’un mouvement politique pour « casser les reins » de « l’oligarchie », tant aux Antilles que dans l’Hexagone. 

Il précise avoir multiplié les réunions depuis sa présence en Martinique : « On a mis en place une sorte d'assises de coordination, il y a eu un congrès d'une des forces politiques à laquelle on s'est rencontré ce week-end, on a pris attache avec un certain nombre d'autres acteurs y compris du mouvement social en cours ».

La question c'est comment on coagule nos forces pour produire une dynamique politique ? Et s'il faut changer, s'il faut que la rupture soit politique, il y a plusieurs aspects. Il y a soit la révolution, soit l'élection. On a bien vu que monsieur Petitot a été arrêté au moment où il commençait à porter l'idée d'une participation aux municipales avec d'ailleurs cette confusion entre ce débat sémantique autour de la question de la notion d'attaque. Cette même dynamique on va la mettre en place dans l'Hexagone parce qu'il faut rompre, il faut casser les reins de cette oligarchie que je dénonce. On est en train de réfléchir soit à la construction d'un mouvement politique qui est déjà en cours, soit par la présentation de l'action, soit par des modalités révolutionnaires et sociales qui produisent cette bascule parce que d'une façon ou d'une autre, il va falloir l'obtenir. On le voit très bien. Tant en Martinique que dans l'hexagone, les gens n'en peuvent plus, n'arrivent plus à vivre correctement dans ce pays et ce simple fait est un facteur justement de bascule qu'il faut qu'il faut alimenter.


ET AUSSI

Avocat, militant et controversé

Connu notamment pour s’être engagé en 2018 aux côtés des Gilets Jaunes, Juan Branco a aussi été l’un des avocats des « Grands Frères », dans l’affaire des émeutes survenues fin 2021 en Guadeloupe.

Il fait l’objet d’une mise en examen pour viol depuis novembre 2021, à la suite d’une plainte d’une femme. D’autres auraient, depuis, porté les mêmes accusations à son encontre.

Le 8 octobre dernier, le conseil de discipline du barreau a prononcé une suspension d'activité de 3 ans, dont 9 mois ferme, pour violation du secret de l'instruction. Le conseil reproche à l’avocat d’avoir publié des éléments de procédure sur son compte X et son site.

 


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