Vie chère en Martinique : que prévoit le protocole d'accord signé sans le RPPRAC ?

Par 16/10/2024 - 21:06 • Mis à jour le 17/10/2024 - 07:56

Après 10 heures de discussions ce mercredi 16 octobre, la 7ème table ronde sur la vie chère a débouché sur la signature d'un protocole d'accord signé sans le RPPRAC. Il acte des engagements qui devraient permettre, dans les prochaines semaines, de faire de baisser de 20% environ le prix de 6000 produits alimentaires dans les rayons des grandes et moyennes surfaces de Martinique.

    Vie chère en Martinique : que prévoit le protocole d'accord signé sans le RPPRAC ?

Le préfet de Martinique Jean-Christophe Bouvier, Serge Letchimy, président du conseil exécutif de la Collectivité Territoriale de la Martinique, les parlementaires, l’observatoire des prix, des marges et des revenus, les socioprofessionnels et les représentants du monde économique (importateurs - grossistes, distributeurs, Grand Port Maritime, CMA-CGM) ont donc signé un « protocole d’objectifs et de moyens de lutte contre la vie chère ».

Seul le RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéeennes), à l'origine de la mobilisation, a refusé de signer.

27 des 28 points ont été actés (voir protocole tout en bas). Seule l'ensemble de la liste des produits alimentaires n'a pu trouver de consensus.

Le dispositif doit être progressivement mis en œuvre à compter du 1er janvier 2025, compte tenu des délais réglementaires et législatifs (vote du budget national et du budget CTM 2025).

Un triple objectif

Ce protocole répond à 3 objectifs principaux : 

  • 1. faire baisser les prix des produits alimentaires
  • 2. augmenter la transparence et renforcer les contrôles dans la constitution des prix de l’ensemble des produits consommés en Martinique
  • 3. doper la production alimentaire locale ainsi que le développement économique de la Martinique.

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Les dispositions actées devraient permettre aux hypermarchés de procéder à une réduction de 20 % en moyenne des prix de vente actuellement pratiqués sur une liste de 54 familles de produits correspondant aux produits alimentaires les plus consommés en Martinique.

Les 5 grandes mesures de baisses structurelles

Cinq grandes mesures de baisses structurelles ont été validées sur les coûts d’achat et d’acheminement des 6000 produits alimentaires importés les plus consommés en Martinique. Les grands distributeurs se sont aussi engagés à réduire significativement leurs marges sur la vente de ces produits.

  • 1. Réductions  fiscales

L’État et la CTM portent l’engagement de baisses fiscales, en portant à taux nul la TVA, d’une part, et l’octroi de mer d’autre part. Ces baisses porteront, dans les deux cas, sur 54 familles de produits (pâtes, lait, beurre, haricots rouges, fromage, etc.). S’agissant de la TVA à taux nul, l’État a souhaité étendre cette mesure jusqu’à 69 familles de produits, comprenant, en plus, des produits de grande consommation comme les pommes, les oranges ou les biscottes.

  • 2. Continuité territoriale 

Les acteurs s’engagent également à renforcer la continuité territoriale en mettant en place un mécanisme de compensation des frais d’approche pour ces produits de consommation courante. L'objectif poursuivi est de réduire structurellement les coûts d'acheminement, depuis l’hexagone, des produits alimentaires.
Ce mécanisme sera abondé par des contributions des acteurs privés, notamment, mais aussi par l’État, qui précisera les conditions de sa participation financière.

  • 3. Baisse des prix pratiqués par les centrales d'achat 

L’État a d’ores et déjà commencé à appuyer les distributeurs martiniquais dans leurs négociations auprès de leurs centrales d’achats européennes afin de diminuer les prix d’achats qu’elles pratiquent en revenant aux prix « exports » pour l’outre-mer.

  • 4. Renforcement des contrôles

Les acteurs s’engagent à renforcer la transparence autour de la formation des prix, par une saisine de l’Autorité de la concurrence, une augmentation des contrôles effectués, l'introduction de nouvelles exigences de communication des marges et des sorties de caisse des distributeurs, le financement d’outils de comparaison ou le renforcement des moyens de l’Observatoire des Prix, des Marges et des Revenus (OPMR).

  • 5. Révision du Poséi en faveur de la diversification agricole 

Les acteurs s’engagent à favoriser l’autonomie alimentaire et à soutenir la production locale. En particulier, l’État financera une expérimentation de trois ans portant sur une mesure de soutien à l’agriculture locale, pour les soutenir dans leur transition agro-écologique. L’enveloppe mobilisée est estimée au mieux à 2 millions d’euros dès 2025.

La réaction de Stéphane Hayot, directeur général de GBH :

Le RPPRAC refuse de signer 

Malgré les efforts consentis par les parties , malgré les longues négociations engagées depuis plus d'un mois, le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens a refusé de signé le protocole d'accord, restant sur sa revendication initiale : que la baisse concerne l'ensemble des produits alimentaires soit environ 40 000 références.

Ce désaccord ultime ne permet pas un retour à l'apaisement. Ce mercredi soir, le leader du mouvement a déclaré : "tant que le ministre (François-Noël Buffet, ministre des outre-mer ndlr) ne vient pas, personne ne circule". Ce qui laisse craindre une nouvelle escalade. 

 

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Découvrez, ci-dessous, le Protocole d'Objectifs et de Moyens de Lutte Contre la Vie Chère. Cliquez ici si vous n'y avez pas accès.


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