Lutte contre les violences : "des ponts entre l'Hexagone et les territoires d'Outre-mer"

Par 13/07/2023 - 16:55 • Mis à jour le 13/07/2023 - 18:28

L'association En Avant Toute(s) a publié cette semaine un rapport d'enquête sur les violences dont sont victimes les femmes, les jeunes et les personnes LGBTQIA+ en Outre-mer. Un travail d'ampleur réalisé en collaboration avec une vingtaine de structures locales.

    Lutte contre les violences : "des ponts entre l'Hexagone et les territoires d'Outre-mer"

Pas question pour les membres d'En Avant Toute(s) d'adopter une posture "parisienne" en s'intéressant à l'accompagnement des victimes de violences dans les territoires ultramarins. C'est donc avec une approche horizontale que l'association est entrée en contact avec les "experts" du terrain comme l'Union des Femmes de Martinique, Kap Caraïbe ou encore l'Observatoire Féminin de Guadeloupe.

Un sentiment d'interconnaissance qui bloque la parole

Au cours de ce travail d'échanges et de collecte d'informations, En Avant Toute(s) a pu établir un constat des situations des territoires ciblés. Et aux Antilles, la "culture du secret" autour des violences est un obstacle majeur. "Peut-être parce que le territoires sont plus petits, enclavés, avec une concentration démographique plus fort dans certaines zones, explique Aurélie Garnier-Brun, directrice du développement et du mécénat de l'association, cela a un impact sur les victimes pour parler, témoigner des violences vécues car cela créer un sentiment d'interconnaissance très fort".

On a l'impression que tout le monde va savoir, que cela va entacher la réputation de notre famille, que l'on va nous voir aller dans telle ou telle association. Comment aller porter plainte aussi si le policier est l'ami du conjoint violent ?

Une fois le constat posé, face à des violences nombreuses en Outre-mer et très certainement sous-estimées car les victimes taisent souvent leurs souffrances, le rapport propose des recommandations adaptées aux besoins spécifiques des territoires ultramarins. Des modules de prévention des violences sexistes dans les manuels scolaires, un renforcement du maillage institutionnel, la sensibilisation et la formation des professionnels des violences sexistes et sexuelles aux problématiques des publics LGBTQIA+, davantage de moyens pour les associations...

L'écoute par l'écrit

Une des principales perspectives est aussi la mise à disposition du tchat commentonsaime.fr, gratuit, anonyme et sécurisé. Un outil déjà utilisé par En Avant Toute(s) qui a fait ses preuves et qui pourrait être pertinent pour les Outre-mer, où l'enclavement est aussi une difficulté pour les victimes "Juste avoir à se connecter depuis son téléphone sur un site où on peut tomber en instantané sur une personne professionnelle, c'est une innovation qui pourrait permettre d'accompagner, au moins en première écoute, beaucoup de victimes qui ne peuvent pas ou ne se sentent pas en parler à une association", précise Aurélie Garnier-Brun. "On s'est bien rendu compte qu'il y avait des problématiques spécifiques aux territoires, que c'était compliqué d'aller dans des structures physiques qui sont peu nombreuses par ailleurs, ajoute Nabintou Mendy, coordinatrice du tchat. Passer par de l'écrit dans un premier temps, anonyme sur internet, c'est plus safe. Ensuite, on se charge de rediriger vers les associations, on peut créer un parcours plus sûr pour la personne qui vient nous voir, si elle le souhaite ".

En Avant Toute(s) espère dans un premier temps prolonger son tchat commentonsaime.fr du lundi au samedi jusqu'à minuit. Et pourquoi à terme, si les moyens sont donnés, parvenir à du 24h/24 toute la semaine  ? Une amplitude horaire qui conviendrait aux territoires d'Outre-mer.


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