Air Antilles : l’opposition dénonce des « irrégularités graves », la collectivité de Saint-Martin réplique
À Saint-Martin, l’opposition dénonce des irrégularités dans la création et l’immatriculation d’Air Antilles, alertant sur un risque financier de dizaines de millions d’euros pour la collectivité. La majorité conteste ces accusations et assure que la société est conforme à la délibération du Conseil territorial.
Dans le dossier Air Antilles, les élus de l’opposition du Conseil Territorial de Saint-Martin viennent de rendre publics des faits qu'ils considèrent d’une « gravité exceptionnelle ».
Cela concerne la création, l’immatriculation et le financement de la société aérienne.
Selon eux, des modifications auraient été faites sans leur avoir été présentées, ni donc votées, comme ils l’expliquent dans un communiqué (voir ci-dessous) diffusé hier (mercredi 3 décembre).
Les éléments réunis démontrent ainsi qu’une société totalement différente de celle validée par le Conseil territorial a été immatriculée au greffe du tribunal de commerce le 30 octobre 2023, au mépris de la délibération CT-15-01-2023 adoptée et des règles de transparence les plus élémentaires. Le 20 septembre 2023, le Conseil territorial a approuvé la création d’une société d’économie mixte dénommée « New Air Antilles », selon des statuts précis, notamment un capital composé de 2 000 000 actions d’un euro et une gouvernance rigoureusement encadrée. Ces statuts ont servi de base au vote. Ils constituent la seule expression légale de la volonté de des élus du Conseil Territorial. La société immatriculée sous l’appellation « Air Antilles » le 30 octobre 2023 n’est donc pas la société votée en séance. Il s’agit d’une entité créée sur la base de statuts jamais approuvés par le Conseil territorial.
Les services de l’Etat alertés
Des alertes ont, par ailleurs, été émises auprès des services de l'Etat.
Dans leur communiqué, les élus de l’opposition indiquent, en effet, avoir saisi à plusieurs reprises le préfet.
Depuis mars 2024, puis le 3 septembre 2025, les 10 et 17 octobre 2025, le 10 novembre 2025, le 2 décembre 2025, les élus ont saisi à plusieurs reprises le préfet afin de demander l’intervention du contrôle de légalité. Aucun de ces signalements n’a reçu de réponse substantielle.
« Des irrégularités »
Les précisions du conseiller territorial, Daniel Gibbs, l’un des six élus signataires du courrier.
Depuis trois ans, on interpelle la collectivité sur un certain nombre de choses pour lesquelles on n'a pas de réponse concrète. Plus on avance et plus on voit que cette société entre dans des difficultés. On constate les irrégularités qui ont été dénoncées par un collègue qui nous a sorti dimanche, lors du conseil territorial, des documents qui montraient certaines irrégularités. Elles sont à plusieurs ordres. Des statuts qui ont été déposés, approuvés par le conseil territorial. Les statuts enregistrés n'étaient pas les mêmes que ceux que nous avons adoptés en conseil territorial. Quand je dis nous avons adoptés, nous nous étions contre depuis le départ. Pas pour des raisons, encore une fois, idéologiques, mais surtout sur des raisons pratico-économiques, on va dire. Nous n'avions pas assez d'éléments qui nous permettaient de croire qu'une collectivité pouvait reprendre un tel dossier qui demande une rigueur, mais également des financements assez lourds.
Risque financier
Pour le conseiller territorial, Daniel Gibbs, il y avait trop d’incertitudes pour se lancer dans cette aventure. Et il ne pense pas que c’était le rôle d’une collectivité de venir au secours d’une compagnie en liquidation.
A ECOUTER Le conseiller territorial, Daniel Gibbs
L'opposition craint un risque réel de perte financière de dizaine de millions d'euros pour la collectivité, comme elle l’explique dans son communiqué.
La situation financière de la société s’est fortement dégradée au point de tutoyer la liquidation judiciaire : la Direction générale de l’aviation civile a d’ores et déjà indiqué qu’en l’absence d’une recapitalisation massive avant le 31 janvier 2026, le certificat de transport aérien pourrait être retiré. La Collectivité se trouve donc exposée à un risque majeur de perte sèche sur plusieurs dizaines de millions d’euros, alors même que la société bénéficiaire n’a pas été légalement approuvée par le Conseil territorial.
« Des interprétations erronées »
Contacté par nos soins, l'actuel président de la collectivité de Saint-Martin, Louis Mussington, n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant. Il se réserve le droit de consulter ses avocats pour une éventuelle procédure en diffamation.
Toutefois, par voie de communiqué de presse, la Collectivité de Saint-Martin a réagi ce jeudi (4 décembre).
La Collectivité de Saint-Martin prend acte du communiqué de presse diffusé par les élus de l’opposition, jeudi 04 décembre 2025, concernant la société Air Antilles et tient à rétablir la réalité des faits. Les affirmations publiées reposent sur des interprétations erronées, des amalgames et des approximations.
Elle affirme que la « société Air Antilles est strictement conforme à la délibération adoptée le 20 septembre 2023 ».
Les différences relevées par l’opposition correspondent en réalité à des compléments de nature technique, nécessaires pour permettre l’immatriculation au greffe : adresse du siège social, identification de la banque dépositaire, nom du commissaire aux comptes, identité et adresse des administrateurs. Ces éléments, non définis ou non stabilisés lors de la séance du 20 septembre 2023, ne modifient ni le projet, ni l’équilibre financier, ni la gouvernance de la société. Ils relèvent de la pratique habituelle en droit des sociétés.
« Aucune irrégularité »
La collectivité assure qu’il n’y a eu « aucune irrégularité, aucun contournement, aucune atteinte à la sincérité des délibération ».
Les insinuations de commission d’infractions pénales avancées par l’opposition sont dénuées de fondement et relèvent d’une dramatisation politique qui ne reflète en rien la réalité juridique du dossier.
La collectivité assure encore qu’il n’y a « aucune dissimulation dans l’offre de reprise » et que « les décisions financières sont parfaitement régulières ».
Pour plus d’informations, lire le communiqué ci-dessous.
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