Un château dans l'Oise pour les rapatriés oubliés de Saint-Martin
Plus de 160 Saint-Martinois, rapatriés dans l'Hexagone après l'ouragan Irma, se trouvent encore sans ressources, sans accompagnement et désemparés dans plusieurs hôtels de région parisienne.
Après le passage d'Irma, ayant tout perdu, ils ont été plusieurs centaines à décider de quitter l'île de Saint-Martin, espérant trouver rapidement un logement, des structures pour les accompagner, scolariser leurs enfants. Mais trois semaines après leur arrivée, des familles se sentent abandonnées et attendent une véritable prise en charge.
"La réalité est là, nous n'avons pas été accompagnés en dehors de l'aéroport dans notre prise en charge quotidienne", confie Alice, arrivée avec ses deux enfants de 3 et 9 ans, et logée depuis dans un hôtel près de l'aéroport d'Orly. "Personne n'est venu nous voir pour nous donner des vêtements, pour des soucis de santé, j'ai accompagné moi même à l'hôpital une maman avec son bébé, une autre qui n'avait plus d'insuline, on a joué nous-mêmes le rôle de ce qu'aurait dû faire l'Etat pour nous", regrette la mère de famille qui espère pouvoir rapidement rejoindre l'Alsace où elle a des proches.
Pour d'autres, la solution va d'abord passer par une structure dans l'Oise, un "château" comme cela leur a été présenté, où les enfants qui manquent l'école depuis trois semaines pourront enfin être scolarisés. Pour l'instant, ils s'occupent comme ils peuvent dans les couloirs, les chambres et le hall de l'hôtel, se relaient sur les ordinateurs mis à disposition ou tentent une partie de basket devant l'entrée, à quelques pas des travaux en cours dans la zone.
Jeudi, le ministère de la Cohésion des Territoires a réagi à la médiatisation de la situation de ces oubliés, déçus des promesses d'un dispositif d'accueil global qu'avait fait le gouvernement. En plus de ce centre d'hébergement unique, l'existence d'un numéro vert leur a été rappelé et une délégation de représentants interministériels les a assurés que des diagnostics de leurs différentes situations seraient faits pour permettre une orientation vers les régions où ils souhaitent se rendre.
Mais il y a encore un obstacle de taille à franchir pour certains : les rouages de l'administration. S'ils assurent avoir été bien pris en charge en Martinique et en Guadeloupe, plusieurs sinistrés ne se sont pas vus délivrer de certificat de rapatriement par les bureaux préfectoraux, ce qui permettrait d'accélérer certaines démarches. "On est dans l'expectative, on attend de voir ce qu'il va encore se passer", soupire Schubert, arrivé de Saint-Martin avec femme et enfants. "Et à part l'association France Horizon, on n'a vu personne depuis trois semaines", finit-il par lancer, désabusé.