Surveillance des cyclones : les satellites américains continueront de transmettre leurs données
Rétropédalage de la marine américaine. Les trois satellites qui permettent de recevoir des données précises de l’activité cyclonique dans la région vont continuer à transmettre. Une bonne nouvelle pour le directeur de Météo-France pour les Antilles-Guyane, Emmanuel Cloppet.
C’est un ouf de soulagement pour les météorologues d’Amérique du Nord et des Caraïbes.
Après plus d’un mois d’attente, le gouvernement américain est revenu sur sa décision de suspendre le partage de données satellitaires.
Une décision potentiellement lourde de conséquences en matière de surveillance des ouragans, alors que la saison cyclonique est en cours dans l’Atlantique Nord.
A l’origine, le Pentagone, quartier général du département de la défense aux Etats-Unis avait invoqué de vagues questions de « cybersécurité » pour justifier cette décision, qui devait prendre effet le 30 juin, avant qu’un sursis d’un mois ne soit accordé par la suite.
Finalement, le 30 juillet dernier, c’est par un communiqué que la marine américaine a annoncé que la transmission des données collectées par trois satellites militaires américains « ne sera pas interrompue ».
« Des données précieuses »
Une grande satisfaction pour Emmanuel Cloppet, directeur de Météo France pour les Antilles-Guyane.
C'est clairement une bonne nouvelle. Nous avions indiqué que l'arrêt du partage de ces données aurait des conséquences concrètes et regrettables, même s'il y avait d'autres données disponibles. C'était quand même des données très précieuses pour voir la structure interne des phénomènes cycloniques. Donc, l'annonce finalement du report de cet arrêt du partage des données est une bonne nouvelle parce que ça va permettre de pouvoir compter sur un maximum de données d'observation sur le bassin pour cette saison cyclonique qui démarre tout juste. Alors, parmi toutes les données satellites qui sont utilisées pour la veille cyclonique, ces données-là, qui sont des données micro-ondes, avaient la particularité de vraiment permettre de voir la structure interne des phénomènes cycloniques, c'est-à-dire très concrètement de repérer des changements de structure qui peuvent être le signe, par exemple, d’une intensification rapide du phénomène ou d'une extension de sa taille. Et ça permet de positionner de manière plus précise le centre des phénomènes qui, évidemment, est un élément très important quand on essaye de prévoir la trajectoire des phénomènes cycloniques.
« Une décision de bon sens »
Pour Emmanuel Cloppet, ce report est capital pour la poursuite du travail de stockage de données. Il revient sur ce qui avait motivé la décision initiale de cet arrêt du partage des données.
Ça va permettre vraiment de conserver dans les prochaines semaines, les prochains mois, des données qui étaient très précieuses, vraiment pour positionner et caractériser l'intensité et la structure des phénomènes cycloniques. D'autres données sont également disponibles, mais celles-ci étaient particulièrement adaptées à la veille cyclonique, donc c'est une très bonne nouvelle. C'étaient des considérations liées à la sécurité informatique qui motivait cet arrêt du partage des données. En fait, il faut savoir que les trois satellites militaires concernés sont des satellites qui sont plutôt en fin de vie, qui sont vieillissants et qui présentent des failles de sécurité. Donc, de toute façon, à terme, ces satellites ont vocation à être remplacés par des satellites de nouvelles générations. Par contre, c'est vrai qu'arrêter ce partage en pleine saison cyclonique, c'était un petit peu curieux comme date et je suis satisfait de voir qu'on va probablement reporter cet arrêt après la fin de la saison cyclonique. Il me paraît une décision de bon sens.
« Des cyclones de plus en plus intenses »
Une déclaration accueillie favorablement par l’équipe de Météo France pour les Antilles-Guyane.
Entre le réchauffement climatique, le décalage des saisons ou encore les spécificités de nos territoires d’outre-mer, ce type de dispositif revêt une importance particulière comme l’explique le directeur, Emmanuel Cloppet.
Une des tendances de fond avec le changement climatique, c'est qu'on a des eaux de plus en plus chaudes et on observe des phénomènes cycloniques qui peuvent être de plus en plus intenses et surtout des phénomènes d'intensification rapide de plus en plus fréquents. C'est-à-dire des phénomènes cycloniques qui, en l'espace de 24 heures ou 36 heures vont s'intensifier de manière catastrophique. Évidemment, plus on a de moyens d'observation, dont les satellites, et mieux on sera capable d'anticiper ces phénomènes qui peuvent être très dangereux, en particulier quand les phénomènes cycloniques s'intensifient près des côtes ou près des territoires habités. Donc, c'est important de pouvoir compter sur un maximum d'observations. Après, on peut noter qu'on a une saison qui met du temps à démarrer sur l'Atlantique. Pour l'instant, on n'a eu encore aucun phénomène côté Atlantique qui se soit formé. Donc, saison tardive et beaucoup moins précoce, en tous les cas, que ce qu'on avait observé les deux dernières années qui avaient été caractérisées par des phénomènes très tôt dans la saison.








