En visite en Martinique, le président du Bénin annonce une liaison aérienne avec Fort-de-France

C’est la première visite officielle du président du Bénin, Patrice Talon, en Martinique.  Arrivé hier soir, le chef d’état africain a rencontré le président du Conseil exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique, Serge Letchimy puis les acteurs du monde socio-économique de l’île.

Face à un parterre d’une centaine d’invités, les deux exécutifs ont exprimé leur souhait d’impulser une dynamique nouvelle entre le Bénin et la Martinique.

Et, pour concrétiser cette coopération, le président de la République du Bénin a notamment annoncé qu’il subventionnerait une liaison aérienne directe entre Cotonou, où opère déjà la compagnie Corsair, et Fort-de-France.

Nous allons convenir avec une compagnie aérienne qui opère déjà sur ces régions d’ouvrir cette ligne aérienne. Et comme il est évident qu’elle ne peut être rentable dans les premières heures, il faudra nécessairement un soutien financier. Il faut le faire pour promouvoir la mobilité entre nos deux pays et ouvrir les opportunités pour les hommes d’affaires, les touristes de venir, ici et là. À défaut, nous resterons encore des décennies à ne pas avoir cette mobilité entre nos deux régions

Une coopération élargie

Cette rencontre d’hier à la CTM s’inscrit d’ailleurs dans la politique de diplomatie territoriale chère à Serge Letchimy. Et, selon lui, elle ne doit pas se limiter à la région caribéenne.

Le président du Conseil exécutif se félicite, en tout cas, du souhait du Bénin de subventionner une liaison aérienne directe avec Fort-de-France et compte aussi sur le soutien de l’État.

Il ne s’agit pas de se substituer à l’État et à la République mais de travailler en toute intelligence. L’État a intérêt à faciliter les contacts avec l’Afrique et, à ce titre-là, l’Etat sera concerné par les autorisations à donner sur le plan aérien et surtout sur les visas à mettre sur pied. Si Fort-de-France est un hub vers l’Afrique, cela veut dire que tous ceux qui veulent aller à Cotonou au Bénin viennent en Martinique. Par contre, dans le sens Bénin – Martinique, le travail doit être fait et la France doit absolument ouvrir des visas pour des étudiants qui veulent venir en Martinique, des touristes, etc… 

Cette coopération entre le Bénin et la Martinique pourrait aussi passer par la création de structures dédiées aux échanges culturels ou universitaires.

Une maison de la Martinique au Bénin 

La CTM réfléchit à implanter une maison de la Martinique en Afrique de l’Ouest et réciproquement, comme le confirme Serge Letchimy.

On a beaucoup travaillé sur la perspective de Dakar en souvenir de Senghor et de Césaire mais si l’opportunité se présente d’installer la maison au Bénin, je suis preneur. D’autant plus que le président du Bénin, Patrice Talon, souhaite construire la maison du Bénin, en Martinique, notamment du côté du Fort Tartenson. C’est extrêmement concret pour nous permettre de pénétrer le marché de l’artisanat, de l’art et plus particulièrement de la recherche de développement avec l’Université des Antilles 

La rencontre organisée à l’hôtel de la CTM à Plateau Roy s’est clôturée hier par une représentation artistique animée par Kolo Barst, Jean-Claude Duverger, Max Mona et Sissi Percussion.

INFOS +

Le programme de la visite

. Sur les traces de Behanzin Aïdjeré

Ce jeudi matin, Patrice Talon se rend au Fort Tartenson à Fort-de-France : c’est là que Behanzin Aïdjeré, roi du Dahomey , a été exilé pendant 12 ans, après que les troupes françaises ont conquis son royaume. 

. À la Fondation Clément

Le président du Bénin est également attendu ce soir à la Fondation Clément au François pour le vernissage de l’exposition « Révélation ! art contemporain du Bénin ». Cette exposition itinérante qui réunit 42 artistes et 120 œuvres fait escale en Martinique après le Bénin, le Maroc et avant Paris.

Des organisations anticolonialistes, comme le mouvement international pour les réparations, dénoncent le lieu choisi, une ancienne habitation, pour accueillir cette exposition hautement symbolique de l’héritage africain.

Le préfet de Martinique a d’ailleurs pris dès hier un arrêté interdisant tout rassemblement sur la commune du François aujourd’hui entre 10 heures et minuit, alors que des appels à se mobiliser circulent sur les réseaux sociaux.

Le président du Bénin explique pourquoi, selon lui, la présence de cette exposition sur ce lieu a du sens.

C’est un endroit chargé d’histoire, de drames et de nature à réveiller des douleurs. Nous le comprenons très bien. Mais, chacun dans son rôle. Moi, en tant que responsable d’un pays entier, je pense que, parfois, les occasions les plus controversées peuvent servir une cause. Et c’est pourquoi je ne désapprouve pas leur désapprobation mais, même dans les contextes les plus difficiles, on doit être capable de construire quelque chose. Cette occasion pourrait permettre aux responsables de l’Habitation et la Fondation Clément d’ouvrir, peut-être, la voie à des échanges permettant, tout doucement, de gommer et d’effacer ces rancoeurs et difficultés qui persistent en empêchant la construction de la Nation martiniquaise solide et unifiée