CIOM décentralisé et évolution institutionnelle : Manuel Valls auditionné à l'Assemblée Nationale

Par 26/03/2025 - 10:37 • Mis à jour le 26/03/2025 - 10:56

Le ministre des Outre-mer a été auditionné par les membres de la délégation Outre-mer à l'Assemblée Nationale. Il a confirmé l'élaboration d'un projet de loi contre la vie chère. Il a aussi plaidé pour des CIOM décentralisés dans les territoires.

    CIOM décentralisé et évolution institutionnelle : Manuel Valls auditionné à l'Assemblée Nationale

Manuel Valls a été auditionné lundi par la délégation aux Outre-mer de l'Assemblée nationale. L'occasion pour le ministre des Outre-mer de présenter à nouveau sa feuille de route et de rappeler ses priorités : Mayotte, la Nouvelle-Calédonie et la vie chère.

Manuel Valls a réaffirmé vouloir mettre des actions fortes sur des sujets tels que le narcotrafic, l'insécurité, les violences faites aux femmes, l'accès à l'éducation, l'illettrisme, le soutien à la culture, l'adaptation aux changements climatiques. Il a aussi remis sur la table la réforme de l'octroi de mer.

Alors qu'un nouveau CIOM est annoncé dans les prochains mois, le ministre a confirmé le souhait d'organiser des CIOM individualisés

Le CIOM, je souhaite qu'il soit décentralisé par territoire. Il y a évidemment un cadrage général. Mais les CIOM par territoire, sur place dans la mesure du possible, ne dureront pas que quelques heures. Ils devront être beaucoup plus approfondis

Sur les questions institutionnelles, le ministre des Outre-mer a rappelé qu'il n'avait pas de «tabou». Des sujets qui sont évoqués dans le rapport remis en décembre dernier à Emmanuel Macron par les deux experts Pierre Egéa et Frédéric Monlouis-Félicité

Missionnés en janvier 2024 pour faire un état des lieux des difficultés et des blocages de l'action publique en Outre-mer, ils ont préconisé une refonte du modèle économique dans les territoires.

En séance, le ministre s'est d'ailleurs engagé à partager le dit rapport avec les parlementaires.

Il a été remis en effet au Président de la République il y a déjà quelques semaines. Au cours des semaines à venir, le Président de la République va indiquer quelle suite il entend donner à ce rapport qu'il avait lui-même demandé. Le moment venu, le rapport sera évidemment diffusé au Parlementaire, j'espère très honnêtement le plus vite possible. Au-delà de cette diffusion, nous parlerons rapidement du fond, des questions économiques et sociales, des réformes à apporter, je pense par exemple à celles qu'il faut engager sur l'octroi de mer et des questions institutionnelles. J'y suis prêt, notamment, s'agissant évidemment de votre territoire, la Guyane, mais de tous les autres territoires qui l'attendent et qui le demandent. Je pense que nous devons être capables d'être à ces rendez-vous. Nos compatriotes ultramarins se sentent trop souvent comme des Français entièrement à part. Et je veux, si je peux résumer mon ambition d'un mot, je veux enfin qu'ils puissent se sentir Français à part entière

Violence et racisme

Lors de cette audition, le ministre des Outre-mer a également été interrogé sur l'affaire Claude Jean-Pierre. Le sexagénaire guadeloupéen était mort quelques jours après un contrôle routier à Deshaies en novembre 2020.

Sans se prononcer sur la procédure, Manuel Valls a rappelé la nécessaire «exemplarité» des forces de l'ordre, qu'il soutient par ailleurs dans l'exercice de leurs missions

Il m'est très difficile aujourd'hui d'interférer dans ce qui est une décision judiciaire. En revanche, je tiens peut-être à rappeler deux principes qui sont les miens. D'abord, mon estime pour les forces de l'ordre, que j'ai encore eu l'occasion de rencontrer tout au long de mon déplacement aux Antilles, par exemple. Ce métier est difficile et elles ont mon soutien, au vu aussi des responsabilités qui ont été les miennes. Mais cette noble mission appelle aussi une exemplarité d'une manière générale. Un gendarme représente l'État

Le ministre des Outre-mer a aussi réagi sur les attaques racistes qui visent Ebony, finaliste de la Star Academy. La jeune chanteuse guadeloupéenne a notamment été victime d'injures racistes lors d'un concert le week-end dernier.

Manuel Valls a dénoncé une «vague de haine insupportable» :

C'est une vague de haine et raciste et qui démontre d'abord sur les réseaux sociaux une forme de banalisation de la violence verbale et des comportements insultants et offensants. D'ailleurs, le concept américain qui est présent dans ces réseaux de misogynoir apparaît dans le débat public et dénonce donc une forme de stigmatisation des femmes noires. La société de production en Endémol, pour que chacun le sache, a porté plainte aux côtés de SOS Racisme et de la Maison des Potes. Moi, je condamne évidemment fermement ces injures. Le racisme n'est pas une opinion, c'est un délit puni par la loi. Le respect de la dignité humaine, de l'égalité des droits, de l'intégrité des personnes sont des principes fondamentaux. Et je veux d'ailleurs saluer pour que chacun le sache bien, les réactions d'Ebony, parce que malgré son jeune âge, cette dernière répond toujours avec beaucoup de hauteur, avec la volonté d'apaisement et de tolérance. Et donc, pour en tous, je lui ai adressé un soutien affectueux, mais il faut évidemment lutter avec la plus grande détermination contre ses propos et ses actes racistes


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