Un chien d'assistance judiciaire en test au tribunal de Cayenne
C’est une première pour les Outre-mer. Tandem, un golden retriever de 3 ans, est arrivé de Grenoble pour soutenir une fratrie de cinq plaignants mineurs lors d'un procès contre leur parent ce jeudi (26 juin), au tribunal de Cayenne. Son rôle, rassurer et libérer la parole.
C'est une première en Guyane et pour les Outre-mer. Tandem, c'est le prénom de ce golden retriever de 3 ans, a fait le déplacement depuis Grenoble pour venir en soutien d'une fratrie de cinq plaignants mineurs lors d'un procès contre leur parent devant le tribunal correctionnel demain (jeudi 26 juin), au tribunal de Cayenne.
Ce sera une expérimentation dans un premier temps.
Cette initiative a été lancée aux Etats-Unis, à Seattle, en 2003. Elle est arrivée en France à Cahors, dans le Lot, 16 ans plus tard (en 2019) avant de se répandre.
25 chiens dans l'Hexagone interviennent dans des procès dans l'Hexagone auprès de victimes et de prévenus.
« Apaiser »
Le rôle de Tandem sera de rassurer et de libérer la parole de toutes les parties affirme Charles Tellier, président du tribunal judiciaire de Cayenne.
L’idée de médiation animale, c'est justement de permettre d'apaiser. C'est démontrer que la présence d'un chien, qui va se balader au pied d'enfants qui vont devoir témoigner ou de n'importe quel plaignant, victime qui voudra témoigner, va pouvoir faire baisser le rythme cardiaque, baisser la tension artérielle, faire augmenter les hormones du bonheur qui fait qu'on va se sentir bien à ce moment-là, se sentir apaisé. La présence de l'animal est très intéressante. Il y a beaucoup de pays qui l’ont développé, notamment pour les mineurs qui sont en détention. Au contact des animaux, ils peuvent canaliser toute leur frustration, toute leur colère. Il y a beaucoup de choses comme ça qui peuvent se faire au contact de l'animal. C'est un dispositif qui existe dans l'Hexagone depuis maintenant quelques années. C'est l'occasion de pouvoir amener Tandem en Guyane cette semaine, dans l'espoir qu'on puisse évidemment profiter de ce dispositif et le développer pour les Guyanais.
« Une aura qui rejaillit sur tout le monde »
C'est Frédéric Almendros, procureure de la République adjoint de Guyane, qui est à l'origine de la venue de ce chien d'assistance judiciaire. Il a déjà expérimenté ce dispositif quand il était procureur de la République à Cahors. Selon lui, il s'est révélé efficace.
Le chien d'assistance judiciaire est un chien qui aide les personnes qui en bénéficient, qu'il soit du côté des plaignants ou qu'il soit du côté des mis en cause. Le chien d'assistance judiciaire aide les bénéficiaires à traverser le procès pénal le moins mal possible. C'est ça son travail. Et on s'est très rapidement rendu compte que non seulement il faisait du bien aux gens qui l'accompagnaient directement, mais il faisait également du bien à tous les acteurs d'un procès pénal, à tous les acteurs, même de la chaîne pénale, puisqu'on a eu des retours très rapidement d'enquêteurs qui nous ont dit vraiment, l'apport du chien, ça permet aux gens d'être beaucoup plus apaisés, beaucoup plus calmes. Ça permet aux parents qui voient un enfant partir en salle Mélanie avec un enquêteur habillé en bleu d'être rassurés parce qu'il est accompagné par un chien. Ça permet aux avocats aussi de trouver une certaine forme d'apaisement dans leur mission. Ça permet aux magistrats, qu’ils soient du siège ou du parquet, de constater que les audiences se passent de manière plus apaisée. Donc, le chien d'assistance judiciaire, il a une aura qui rejaillit sur tout le monde.
« Pas dressé spécifiquement »
Les chiens d’assistance judiciaire sont formés pendant un an et demi explique Grégory Boissieux, juriste à l'association France Victimes à Grenoble.
Il n'est pas dressé spécifiquement. C'est simplement le travail des familles d'accueil quand ils sont chiots et également le travail des éducateurs canins référents d'handi chien qui fait que l'orientation se fait. Les professionnels de ce domaine-là pressentent que tel chien serait peut-être mieux dans tel domaine. L'éducatrice d'Handi chien référente de Tandem m'avait dit que s’il n'était pas devenu un chien d'assistance judiciaire, en EPAD, par exemple, il aurait été excellent sous ce côté tranquille, apaisant, avec les résidents, les personnes âgées. Il leur aurait été grandement bénéfique. Il a terminé sa formation à l'âge de 18 mois, mais en règle générale, ils ont fini leur formation à peu près à deux ans.
Si l'expérience est concluante, le tribunal judiciaire de Cayenne souhaite déployer le chien d'assistance juridique sur le territoire au titre d'un projet de juridiction en 2026.








