[2/5 SERIE] Un an après le mouvement contre la vie chère : des entreprises toujours en difficulté

Par 02/09/2025 - 08:51

Un an après les émeutes d’octobre 2024 qui avaient frappé la Martinique, le tissu économique local peine encore à se relever. Entre pertes colossales, certains licenciements et une perte de confiance, de nombreux acteurs ont témoigné de leurs difficultés persistantes.

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Cash Converters, 2 septembre 2025, à Fort-de-France @Mélissa Grutus

Initié par le RPPRAC, le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens, ce mouvement a beaucoup marqué la Martinique.

Après la rétrospective des faits marquants du mouvement social de 2024, ce lundi 1er septembre, la rédaction se penche aujourd’hui sur les entreprises impactées. 

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Des pertes colossales

En octobre dernier, lors de plusieurs nuits d’émeutes, des commerces, grandes surfaces et parcs de véhicules avaient été incendiés ou pillés du Nord au Sud de l’île. Le bilan était lourd : plus de 200 entreprises sinistrées, 100 millions d’euros de dégâts et 1 200 demandes de chômage technique.

Victime d’un braquage à Fort-de-France, l’enseigne Cash Converters tente toujours de se reconstruire. Si les stigmates matériels ont disparu, l’impact économique reste bien présent selon Nicolas Cypria, le gérant.

Le fait de se remettre de ce cambriolage nous a créé des handicaps supplémentaires. Et à la suite du cambriolage, on est rentré dans une espèce de récession économique et de crise économique qui font qu'on a de plus en plus de mal à sortir la tête de l'eau. On s'est battus, on a essayé de réduire les coûts un peu partout où on pouvait, mais c'est de plus en plus compliqué. C'est-à-dire qu'on a de plus en plus de mal à boucher les trous. On se retrouve avec un peu de dettes sociales, un peu de dettes fiscales.

Licenciements et réorganisation forcée

Au Marin, l’enseigne Madis Plus, distributeur agréé Canal+, avait été vandalisée. Les pertes s’élevaient alors à près de 50 000 euros. Un an après, l’entreprise peine toujours à retrouver son niveau d’activité d’avant-crise comme en a témoigné Julien Caristan, son directeur.

On n'a pas la clientèle qu'on avait avant, on n'a pas les dépenses, on n'a pas les achats qu'on avait avant. Un petit regain d'activité au mois d'août, mais le premier semestre a été particulièrement compliqué. On a dû se séparer de beaucoup de collaborateurs, repenser un peu la stratégie salariale.

Si certaines entreprises tentent de se maintenir malgré les difficultés, d’autres ont dû déposer le bilan. Une situation inquiétante pour l’attractivité économique du territoire, comme le souligne Catherine Rodap, présidente du MEDEF Martinique :

Il y en a qui ont dû déposer le bilan et qui se sont retrouvés en liquidation judiciaire. D'autres, en effet, ont tenté péniblement de sortir la tête de l'eau, mais ce n'est pas encore dit. Mais surtout, la confiance dans le territoire est impactée.

Des chefs d’entreprise incertains

Un an après, les stigmates du mouvement social restent visibles dans le monde économique martiniquais. Si certains entrepreneurs s’accrochent et envisagent même de rouvrir des établissements détruits par les flammes, la crainte d’un nouvel embrasement demeure.

Malgré une conjoncture sociale et économique difficile, les chefs d’entreprise affirment vouloir « rester debout ».


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