[1/5 SÉRIE] Un an après le mouvement contre la vie chère : retour sur une année de mobilisation en Martinique
Du 1er septembre 2024 au 1er septembre 2025, la Martinique a connu une mobilisation sociale d’une ampleur inédite, marquée par des barrages, des négociations sous tension, des affrontements mais aussi des victoires symboliques. Le combat se poursuit et ne cesse de prendre de nouvelles tournures. L’épisode 1 revient sur l’évolution du mouvement.
Initié par le RPPRAC, le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens, ce mouvement a beaucoup marqué la Martinique.
Un an jour pour jour après son déclenchement, le 1er septembre, de nouveaux barrages sont de retour ce lundi matin. Des barrages ont été érigés à la Pointe Californie et à Sainte-Thérèse. Les forces de l’ordre sont déployées sur place.
Les véhicules incendiés à la Pointe Californie ont déjà été retirés des routes pour dégager la circulation.
Retour sur les temps forts d’une lutte encore vive.
1er septembre 2024
Le 1er septembre 2024, vêtus de rouge, des centaines de manifestants quittent Carrefour Dillon pour bloquer le Grand Port. Aude Goussard et Gwladys Roger mènent le cortège, en l’absence remarquée de Rodrigue Petitot, leader du RPPRAC, interpellé la veille pour sa participation présumée au vol d’un bus.
Libéré dès le lendemain, il reprend la tête du mouvement. Les actions se multiplient : barrages routiers, intrusions dans les supermarchés, opérations coup de poing. La revendication est claire : l’alignement des prix des produits alimentaires aux Antilles sur ceux de l’Hexagone.
Sur TikTok, les lives quotidiens de Rodrigue Petitot rassemblent alors des milliers d’internautes, ce qui avait amplifié la mobilisation.
Dialogue de sourds
Le 5 septembre, une première table ronde est organisée entre l’État, les acteurs économiques et les élus. Mais le RPPRAC exige que les discussions soient retransmises en direct sur les réseaux sociaux. Devant le refus du préfet, les représentants claquent la porte.
Sur le terrain, les blocages se durcissent. Les violences se multiplient, contraignant les autorités à instaurer un couvre-feu dans plusieurs communes.
Le 26 septembre, la Collectivité Territoriale de Martinique prend la main et relance le dialogue. Sept tables rondes marathon se succèdent. Le 16 octobre, un protocole est signé : une baisse de 20 % sur près de 6 000 produits. Mais le RPPRAC refuse de parapher l’accord, dénonçant un texte insuffisant : « pas assez de produits concernés et pas assez de garanties ».
Automne 2024 : la colère dégénère
Le refus du protocole met le feu aux poudres. La contestation bascule dans la violence : émeutes nocturnes, incendies de commerces, pillages de grandes surfaces, destruction de parcs automobiles.
Le bilan est lourd : près de 150 entreprises sinistrées, 100 millions d’euros de dégâts et 1 200 demandes de chômage technique.
Le 11 novembre, la tension monte d’un cran. Rodrigue Petitot et plusieurs militants tentent de s’inviter à une réception officielle à la préfecture, en présence du ministre des Outre-mer François-Noël Buffet. L’altercation dégénère : heurts avec les forces de l’ordre, échanges musclés avec le préfet Jean-Christophe Bouvier.
Rodrigue Petitot est interpellé le lendemain. Son incarcération provisoire en décembre rallume la colère de ses soutiens.
Fractures au sein du RPPRAC
Libéré en janvier 2025, Rodrigue Petitot multiplie les apparitions publiques mais reste sous le coup de plusieurs convocations judiciaires.
Au sein du RPPRAC, les tensions internes éclatent au grand jour. Une suspicion de détournements de fonds, finalement classée sans suite,fragilise l’organisation. Puis survient une démission fracassante : celle d’Aude Goussard, figure médiatique et secrétaire du mouvement, le 1er avril.
De la rue aux urnes
Malgré ces turbulences, la dynamique ne s’éteint pas. En juin, les Assises populaires contre la vie chère rassemblent élus, syndicats, experts et citoyens.
Mi-juillet, le RPPRAC entame une tournée en France hexagonale avant de revenir en Martinique. Rodrigue Petitot franchit alors une nouvelle étape : « L’avenir de notre combat se jouera aussi dans les urnes », annonce-t-il et confirme son intention de fonder un parti politique.
Un an jour pour jour après le lancement du mouvement, le RPPRAC appelle à une nouvelle mobilisation.
L’histoire semble se répéter : la lutte contre la vie chère est loin d’être close en Martinique.
À ÉCOUTER L’entretien de Mélissa Grutus avec Rodrigue Petitot
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