[SÉRIE 2/5] Prise en charge de la schizophrénie : « Je croyais qu’elle était juste paresseuse »
Des familles racontent leur quotidien au plus proche d'une maladie mentale encore mal connue. À leurs côtés, le dispositif Profamille les accompagne dans des situations souvent très compliquées. Toute cette semaine (21 au 25 juillet 2025), la rédaction de RCI est allée à leur rencontre.
Deuxième épisode de notre dossier sur la santé mentale autour du programme Profamille du CMP de Rivière Salée porté le Centre hospitalier Maurice Despinoy.
Ce mardi (22 juillet), le témoignage touchant d’une mère.
Pendant longtemps, elle pensait que sa fille était simplement paresseuse. Jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’elle était malade. Et qu’elle avait besoin d’aide, pas de reproches.
« Un tsunami »
Elle arrive toujours tôt. Elle s'assoit calmement, prend des notes. C'est une mère, droite, digne, longtemps dépassée.
C'est un tsunami. Moi, comme parent, j'étais dans le déni. J'ai eu du mal à accepter la maladie de ma fille.
Et puis, elle a compris. Ce n'était pas du rejet, pas de la provocation, mais bien la maladie.
Je me suis dit de toutes les façons, c'est une maladie comme une autre. Elle est là, la maladie, il faut gérer, puis ne pas se laisser aller, ne pas se laisser abattre. Et puis, tout se passe très bien maintenant. Elle prend son traitement. Les choses avancent. Je ne m'énerve pas. Même si elle me demande la même chose dix fois dans la journée, je répète. Il faut répéter, puisque c'est son cerveau qui ne fonctionne pas bien.
« Penser à soi »
Répéter, structurer, être clair, mais sans s'oublier. L'un des grands virages à Profamille, c'est d'apprendre à communiquer avec son proche atteint de schizophrénie. On apprend aussi à arrêter de se battre contre la maladie.
Quand elle est tombée malade, c'est vrai que pendant un certain temps, je ne pensais pas à moi. A Profamille, ils ont dit qu'il faut qu'on pense à soi, parce qu’il faut qu'on soit bien pour pouvoir aider le proche. Donc de là, j'ai commencé à faire des choses pour moi. Je voyage, je pars toute seule, je la laisse. Mes batteries sont rechargées. Et puis ça va, tout se passe très bien. Elle prend son traitement. Moi, j'ai mes outils pour pouvoir communiquer avec elle. Elle l'avait dit l'autre fois, quand elle a témoigné. Ma maman, elle ne s’énerve pas. Mais avant, je pouvais m'énerver. Là, je suis apaisée, je suis calme. D'ailleurs, tout le monde me le dit. Là, je suis partie en Métropole. Et même là, en Martinique, on me dit mais on ne te reconnaît pas, tu as changé, tu es bien.
En France, environ 600 000 personnes vivent avec une schizophrénie. Et derrière chaque patient, il y a souvent un parent, un conjoint, un frère ou une sœur, épuisé, isolé, sans mode d'emploi.
Loin des recettes toutes faites, cette mère a appris à trouver son équilibre entre vigilance et distance, entre exigence et tendresse, et à comprendre qu'on n'aide pas bien quand on est à bout de soi-même.
A ECOUTER Le reportage d'Erika Govindoorazoo
Témoignage d’un patient
Demain, un témoignage rare. Celui d’un homme atteint de schizophrénie affective, qui a accepté de nous ouvrir les portes de son quotidien.
Il raconte ce qu’il ressent de l’intérieur, quand tout déborde, quand il voit qu’il va trop loin, mais qu’il n’arrive pas à s’arrêter. Et comment, grâce à Profamille, son épouse a trouvé les outils pour l’aimer sans se perdre.
√ Pour tout contact : Profamille, 06 96 86 30 99.
Retrouvez cette série tout au long de la semaine dans les journaux de 7 heures et de 13 heures et sur notre site internet.
-
Épisode 1 – « C’était le feu à la maison »
Un père raconte le chaos du quotidien face à la maladie de son fils.
Grâce à Profamille, il a trouvé une bouée, un cadre, et un début d’apaisement.
-
Épisode 2 – « Je croyais qu’elle était juste paresseuse »
Le chemin d’une mère, passée du jugement à la compréhension.
Elle pensait que sa fille faisait exprès… jusqu’à ce qu’elle découvre la réalité de la schizophrénie.
-
Épisode 3 – « Elle m’aime, même quand je déborde »
Un homme atteint de troubles psychiatriques raconte comment sa compagne a appris à rester à ses côtés.
Profamille n’a pas effacé les tempêtes… mais a permis de traverser sans sombrer.
-
Épisode 4 – « Je suis devenue adulte trop vite »
Elle a grandi avec une mère malade.
Aucun mode d’emploi, beaucoup de peur.
Son témoignage brise le silence autour de ces enfants qu’on appelle « jeunes aidants ».
-
Épisode 5 – « Ce n’est pas un miracle, mais c’est un souffle »
Dans ce dernier épisode, la parole est donnée aux soignantes du CMP de Rivière Salée.
Chantal et Laurence animent le programme Profamille depuis 5 ans.
√ Rejoignez notre Chaîne Whatsapp, RCI INFOS MARTINIQUE, pour ne rien rater de l’actualité : cliquez ici.






