[SÉRIE 1/5] Prise en charge de la schizophrénie : « À la maison, c'était le feu »

C'est une maladie qui prend de la place. Qui dévore la vie de ceux qui en souffrent mais aussi de leurs proches. La schizophrénie se soigne certes, mais le processus est long et compliqué.

Il faut convaincre les malades de se soigner, mais aussi protéger leurs familles tout en faisant d'eux des appuis indispensables. Des familles qui souvent mettent du temps à appréhender les contours cette maladie mentale perçue très négativement.

Des moyens et des structures face à la maladie

Au moins de juin, la mise en cause de deux personnes atteintes de schizophrénie dans des faits-divers tragiques a une fois encore soulevé la question du soutien apporté aux familles des malades...

Dénoncée parfois à tort, la prise en charge de la santé mentale bénéficie aussi en Martinique de moyens et de structures qui peuvent apporter un réel soulagement.

Créée en Martinique il y a cinq ans, Profamille est une formation qui pendant trois ans, aide les proches d’un patient à comprendre la maladie et à gérer les crises.

C'est sur cet aspect que le dispositif s'intègre dans leur vie. En Martinique, cette formation psycho-éducative n'est proposée qu'au Centre Médico-Psychologique (CMP) de Rivière-Salée.

Saut dans l'inconnu

C'est là que ce père de famille qui a accepté de témoigner dans le cadre du premier épisode de cette série l'a connu. Mais avant ça, les premiers symptômes qui se sont manifestés chez son fils durant l'adolescence l'ont plongés dans l'inconnu. Il se rappelle qu'au début c'était le feu à la maison :

Pourquoi lui ? Alors qu'il avait une scolarité brillante quand il était très petit. Et puis, dans son adolescence, il a commencé à avoir des comportements différents, bizarres, violents. Du coup, c'est à son adolescence que la maladie était diagnostiquée, schizophrénie. Entre temps, on vivait de plein fouet tous les mauvais côtés de cette maladie, c'est-à-dire agressivité, violence, propos incohérents et puis les délires paranoïaques. C'était le feu à la maison, c'était beaucoup de tensions. Il y avait eu des agressions. Notre fils a agressé certains membres de la famille

Le dispositif a permis de répondre à de nombreuses interrogations :

Il y a beaucoup de questionnements: Comment organiser ? Comment faire ? La recherche de solutions. Profamille nous a appris à comprendre la maladie et puis comment nous comporter face à lui, comment mieux le comprendre et puis surtout comment l'aider, l'accompagner aussi

Les parents ne sont pas seuls

Le crédo des professionnels de la santé mentale c'est rappeler aux parents qu'ils ne sont pas seuls. C'est à ça que servent les ressources mises à disposition par le parcours Profamille.

Car ces soignants font face quotidiennement au désespoir et à l'épuisement des aidants.

Ecoutez Le reportage d'Erika Govindoorazoo :

√ Pour tout contact : Profamille, 0696 86 30 99.

Retrouvez cette série tout au long de la semaine dans les journaux de 7 heures et de 13 heures et sur notre site internet. 

• Épisode 1 – « C’était le feu à la maison »

Un père raconte le chaos du quotidien face à la maladie de son fils.
Grâce à Profamille, il a trouvé une bouée, un cadre, et un début d’apaisement.

• Épisode 2 – « Je croyais qu’elle était juste paresseuse »

Le chemin d’une mère, passée du jugement à la compréhension.
Elle pensait que sa fille faisait exprès… jusqu’à ce qu’elle découvre la réalité de la schizophrénie.

• Épisode 3 – « Elle m’aime, même quand je déborde »

Un homme atteint de troubles psychiatriques raconte comment sa compagne a appris à rester à ses côtés.
Profamille n’a pas effacé les tempêtes… mais a permis de traverser sans sombrer.

• Épisode 4 – « Je suis devenue adulte trop vite »

Elle a grandi avec une mère malade.
Aucun mode d’emploi, beaucoup de peur.
Son témoignage brise le silence autour de ces enfants qu’on appelle « jeunes aidants ».

• Épisode 5 – « Ce n’est pas un miracle, mais c’est un souffle »

Dans ce dernier épisode, la parole est donnée aux soignantes du CMP de Rivière Salée. 
Chantal et Laurence animent le programme Profamille depuis 5 ans.