Un comité de pilotage pour coordonner les investissements sur le réseau d'eau potable du Centre

Par 20/04/2024 - 11:54 • Mis à jour le 21/04/2024 - 07:32

La rencontre entre les acteurs de l'eau du centre de la Martinique et la CTM a débouché sur l'idée de la mise en oeuvre d'un comité de pilotage pour coordonner plus facilement les investissements.

    Un comité de pilotage pour coordonner les investissements sur le réseau d'eau potable du Centre

Le Président du Conseil Exécutif de la Collectivité territoriale de Martinique organisait une réunion de crise hier (vendredi 19 avril) sur la problématique de la pénurie d’eau. Autour de la table les représentants d’Odyssi, de Météo France, de l'ODE, de la Cacem et les maires des 4 communes du centre.

Pour le Président de conseil exécutif, il est urgent de trouver des solutions durables avant la mise en place de l’autorité unique de l’eau ne devrait voir le jour que dans 2 ans.

A l’issue de cette réunion, il a été décidé qu’un comité de pilotage sera mis en place, pour parvenir à avance sur l’amélioration des interconnexions du réseau ou encore l’adaptation des réservoirs de trop faible capacité au vu de la densité de foyer à livrer.

Serge Letchimy, président du Conseil Exécutif de la CTM, détaille ses attributions et missions.

Nous allons l'installer, en plus de la commission technique que Fernand Odonnat préside, qui regarde techniquement chaque opération. Nous avons une quinzaine d'opérations actuellement en cours ou à réaliser. On a mis en place un copil que je vais commencer par présider, mais on va avoir une présidence tournante, de telle sorte qu'on puisse débloquer tous les petits problèmes à droite, à gauche qui peuvent exister pour qu'on passe à l'opérationnel. En gros, actuellement, on a 20 millions d'euros disponibles. On n'a consommé que 3 millions. Ça, c'est pour l'année qui vient de s'écouler. Pour l'année qui arrive et les deux années qui viennent, nous sommes à 54 millions d'euros possibles d'investissement à 100%. Il faut simplement prendre acte que nous avons besoin de nous coordonner pour que ces 54 millions d'euros soient consommés et que ça permette aux Martiniquais d'avoir un débit d'eau qui soit satisfaisant

Partage juste de l'eau

Pour Didier Laguerre, maire de Fort-de-France, l'heure est à la juste répartition de la ressource :

Vous pouvez avoir les plus belles canalisations du monde. S'il n'y a pas de ressources à mettre à l'intérieur de ces canalisations, il n'y aura pas d'eau. En clair, si on demande à la CACEM d'alimenter Fort-de-France, Le Lamentin Saint-Joseph et Schœlcher, avec les mêmes ressources que celles qui étaient destinées à alimenter Fort-de-France, on aura forcément une gestion de pénurie, et ceci, même en période d'abondance. Donc, ça veut dire en clair qu'on nous oblige à acheter de l'eau ailleurs, tout simplement. La solution, c'est d'arriver à trouver des accords, des ententes pour permettre la juste répartition de la ressource. La solution, c'est aussi l'amélioration des rendements en réseau, les interconnections entre les réseaux permettant de mieux répartir la ressource. C'est l'objectif de cette réunion. Ce sont des plans opérationnels de réalisation d'investissement qui, de toutes les façons, sont des investissements lourds. Là, on parle d'une cinquantaine de millions d'euros sur le territoire de la Gacem, des investissements lourds qui se font dans la durée.

Deux mois de déficit pluviométrique ont provoqué des tensions sur l'alimentation en eau potable de plusieurs quartiers ces derniers jours. Les années à venir, les périodes de sécheresse devraient s’intensifier, il est donc nécessaire de trouver des solutions durables et adaptées aux changements climatiques.

C'est l'analyse Philippe Palany, responsable des études et du développement à Météo France qui a participé à la réunion :

Quand on travaille sur les projections climatiques, on voit qu'il y a un enjeu sur la ressource en eau et la quantité de pluie. Nos signaux climatiques à l'horizon en 2030-2080 nous montrent qu'avoir des épisodes secs, ça va faire partie un peu du quotidien. Ça veut dire qu'effectivement, dans le quotidien, les acteurs de l'eau doivent s'adapter à la gestion de la ressource en eau avec des solutions diverses à mobiliser pour pouvoir faire face aux situations. On aura effectivement deux tendances de fond, une tendance de fond qu'on voit qui est plutôt marquée par une forme de sécheresse, c'est-à-dire des années climatiques plus sèches, mais avec des épisodes pluvieux qui viendront évidemment de temps en temps réguler les choses, mais des périodes sèches assez sévères qui vont demander aux opérateurs de trouver et d'identifier des solutions qui permettent à tous les Martiniquais d'accéder à l'eau

La population de la Cacem bénéficie d'un certain répit depuis 72 heures avec la suspension des coupures tournantes. Pour autant, le retour d'un temps humide ne saurait faire oublier que la situation des rivières reste tendue et que ce type d'épisodes ne manquera pas de se répéter dans les années à venir. 

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