Martinique. Atteint d’autisme, il vivait enfermé dans un cachot depuis... 1992

Par 27/12/2024 - 07:00 • Mis à jour le 27/12/2024 - 16:22

[INFO RCI] Une scène terrible découverte un peu avant Noël. Ce dimanche, informées du décès d’un homme de 40 ans à Trinité, les autorités ont constaté que la victime, atteinte de troubles neurologiques sévères, était enfermée par sa mère depuis 32 ans.

    Martinique. Atteint d’autisme, il vivait enfermé dans un cachot depuis... 1992
C'est au bout de ce chemin, dans une maison un peu plus loin, que se jouait le drame.

Un drame d’une misère sociale ou d’une détresse silencieuse. C’est ici, au quartier de Plaisable, sur les hauteurs de Trinité, au milieu de maisons éparses au cœur des champs de bananes, que l’inconcevable se jouait depuis plus de 30 ans.

Juste avant les fêtes de Noël, dans la soirée du 22 décembre, un homme de 40 ans est signalé décédé, dans la maison familiale. Une fois sur place, les employés funéraires, puis les gendarmes alertés et le substitut du procureur découvrent alors l'horreur.

Le quadragénaire apparaît dans une chambre aux allures de cachot. Les murs maculés d'excréments et un lit simple cimenté au sol constituent le décor.

Enfermé depuis 32 ans dans un cachot

L’homme n'aurait plus vu le monde extérieur depuis… 1992. Il est autiste et, selon des sources judiciaires, serait ainsi enfermé mais également souvent attaché, depuis, au moins, plus d'une vingtaine d'années.

Dans cette maison reculée du voisinage où vit aussi la grand-mère, c’est sa mère, octogénaire, qui s’occupe de lui. Placée en garde à vue, cette dernière explique aux enquêteurs ne laisser sortir son fils qu'en de rares occasions, lorsqu'il n'y a personne, et affirme l'avoir nourri la veille.

À l’issue de son audition, une information judiciaire a été ouverte, à ce stade des constatations et de l’enquête, pour « séquestration ayant entraîné la mort ». La maman a été mise en examen et placée sous contrôle judiciaire cette semaine.

« La maison, c'était comme une tombe »

Dans ce quartier très paisible, en tout cas, c'est la consternation. Une voisine décrit la mère de famille comme « une femme discrète », avec une situation familiale complexe.

J'en ai toujours entendu parler d'un enfant handicapé qu'elle a. Et il y a aussi une grande fille avec elle, qui doit avoir dans les 60 ans et qui est sourde et muette. Il y a un frère qui vit dans la maison d’en face, qui est un peu handicapé et dont elle s'occupe aussi. Mais ce n'est pas quelqu'un qu'on voit dans le quartier

D'autres dépeignent une situation plus alarmante.

La maison, c'était comme une tombe. Il n'avait pas d'endroit pour aller uriner. Ça ne pouvait pas continuer comme ça... Il n'était pas soigné, souffle ce voisin

« Je l'entendais crier comme un animal »

Cet habitant du quartier affirme qu’il ne connaissait pas la victime.

Mais j’ai entendu les cris quand il était seul et quand les gens ne s’occupaient pas de lui.

Selon les voisins, aucun médecin ou assistance sociale ne se déplaçaient auprès de cette famille. Si les conditions de détention et le handicap du quadragénaire étaient, semble-t-il, connus, les riverains décrivent une personne rendue à l'état sauvage.

Au départ, c'est le père. Quand sa mère était en grossesse, il a montré un singe et ça a effrayé l’enfant. Alors, l'enfant faisait comme le singe. On avait dit à sa mère qu'il fallait lui donner une dose de piqûre pour calmer ses nerfs mais sa mère ne voulait pas. Alors donc, c'est pour cette raison... (Ndlr : qu’elle le retenait comme ça). De chez mois, j'entendais l'enfant crier comme si c'était un animal. Je crois qu’il y avait un petit trou pour lui donner à manger. Il ne sortait pas. Quand on l’a découvert, on a trouvé ses selles partout sur le mur où il habitait…

Pour l'heure, les résultats de l'autopsie ne sont pas encore connus et les investigations se poursuivent pour faire toute la lumière sur cette affaire hors normes.

À ECOUTER Le reportage de Megan Bourdon-Cohen

 


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