En visite surprise au centre pénitentiaire de Ducos, des députés pointent des conditions de détention « préoccupantes »

Les députés martiniquais Marcellin Nadeau et Jean-Philippe Nilor, accompagnés du député de Guyane Jean-Victor Castor et de l’avocat Georges-Emmanuel Germany, se sont rendus, ce dimanche 22 décembre, au centre pénitentiaire de Ducos. 

Profitant de leur droit parlementaire, cette visite avait pour but principal de rencontrer cinq détenus, recensés mais non nommés, que les élus jugent incarcérés pour des motifs liés à leurs expressions politiques.

Une visite essentielle

Jean-Victor Castor, lui-même ancien détenu pour motifs politiques en 1997, a expliqué l’importance d’une telle visite :

Il y a un double enjeu : faire une visite classique, car les prérogatives des députés incluent de pouvoir aller dans les lieux de privation de liberté de manière inopinée, mais aussi répondre aux aspirations légitimes de nos peuples. C’est notre devoir de dire ce que la population vit objectivement, même dans ces lieux de détention.

En deux heures, la délégation a également pris le temps d’examiner les conditions de vie dans les cellules, dénonçant le manque d’espace et l’insuffisance des équipements d’hygiène, notamment l’absence de douches suffisantes.

Beaucoup de jeunes incarcérés

Un des détenus a partagé son indignation face à l’état actuel de ses conditions de détention. Il a mis en avant « l’incarcération massive » de jeunes, qu’il considère comme une erreur :

Je trouve inadmissible que la justice se permette de mettre tous ces jeunes-là en détention alors qu’il aurait pu y avoir une structure à l’extérieur pour les former, leur apprendre l’agriculture ou le développement du pays. 

Ce prisonnier a également mis en garde contre les conséquences de l’inaction :

Pour moi, c’est un vrai nid d’abeilles qu’ils sont en train de créer. Ce n’est pas normal. Les structures devraient exister pour encadrer ces jeunes et leur apprendre autre chose que rester là à ne rien faire. L’armée a été abolie, mais il n’y a rien pour eux

Cette visite parlementaire met en lumière des problématiques récurrentes dans le système carcéral, entre conditions de détention difficiles et la judiciarisation de certaines opinions politiques.

Les élus entendent poursuivre leur travail pour faire entendre ces revendications aux niveaux local et national.