Enlèvement d’Olivier Dubois : l’armée savait mais n’a rien fait

Par 17/05/2023 - 16:44 • Mis à jour le 18/05/2023 - 10:32

Deux mois après la libération d’Olivier Dubois, plusieurs médias révèlent que l’armée française connaissait les risques d’enlèvement du journaliste qu’elle suivait de près espérant localiser, à son insu, le chef djihadiste qu’il devait rencontrer.

    Enlèvement d’Olivier Dubois : l’armée savait mais n’a rien fait
Olivier Dubois a été libéré le 20 mars dernier après 711 jours de captivité.

L’enlèvement du journaliste martiniquais Olivier Dubois aurait-il pu être évité ? Une enquête commune de plusieurs médias révèle, ce mardi 16 mai, que les militaires de l’opération « Barkhane » ont utilisé le journaliste à son insu pour tenter d’appréhender un chef djihadiste.

Quasiment 2 mois après sa libération et 711 jours de captivité, Le Monde, Libération, Radio France internationale (RFI) et TV5Monde décident de révéler des informations conservées jusqu’ici afin de protéger le journaliste enlevé au Sahel.

? Le jour de son enlèvement au Mali, Olivier Dubois était surveillé de très près par l'armée française. Les militaires n’ont pas stoppé le journaliste qui se dirigeait vers le piège tendu par les jihadistes.

Découvrez nos révélations : https://t.co/T0Hqusbt45 pic.twitter.com/fQdtoPqGOQ

— Libération (@libe) May 16, 2023

A travers l’examen de 180 pages de documents judiciaires français et maliens auxquels les médias ont eu accès, ces derniers révèlent que le reporter de 48 ans, qui pensait avoir planifié son entretien dans la plus grande discrétion, était en réalité suivi de près par l’armée.

Un projet de rendez-vous connu

Les militaires de l’opération antiterroriste française « Barkhane » connaissaient son projet de rencontrer un chef djihadiste. Ils auraient ainsi d’abord essayé d’utiliser son travail pour localiser cet émir d’Al-Qaida au Sahel.

Mais, alors qu’ils ont jugé ce rendez-vous « trop risqué », ils ont finalement renoncé à mener cette opération. À partir de là, ils n’auraient rien fait pour empêcher l’enlèvement d’Olivier Dubois à Gao,

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— Le Monde (@lemondefr) May 17, 2023

Puis, jugeant le rendez-vous trop risqué, ils ont renoncé in extremis à l’opération. Mais ils n’ont pas déployé les moyens adaptés pour empêcher l’enlèvement d’Olivier Dubois à Gao, dans le nord-est du Mali, au printemps 2021.

Pour Arnaud Froger, responsable du bureau investigation de Reporters Sans Frontières, « il y a une mise en danger d’Olivier Dubois par l’armée française ».

Si les ravisseurs avaient été mis au courant ou avaient découvert que le fixeur était un indic de l’armée française, on peut penser qu’Olivier Dubois aurait été pris pour un agent de renseignement et son sort aurait été sans doute différent. Le bon réflexe aurait été sans doute été de le prévenir qu’il y avait un risque d’enlèvement bien identifié et élevé. Rien n’a été fait pour empêcher l’enlèvement de se tenir 

Chargée d'enquêter en interne sur cette affaire, l'inspection générale des armées (IGA) a, au contraire, conclu fin 2021 qu'il n'y avait « pas eu de faute personnelle au sein de la force Barkhane » mais que « la sensibilité du sujet n'a pas fait l'objet d'une prise en compte à un niveau suffisant permettant de conduire (...) une action dissuasive à l'encontre du journaliste ».


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