Les venins des serpents au cœur d’un congrès scientifique
Des chercheurs, des spécialistes et des médecins sont réunis en Martinique autour des morsures de serpent. Ces experts internationaux confrontent leurs recherches sur les séquelles provoquées par l’envenimation, mais aussi les bénéfices des venins ou sérums pour soigner d’autres pathologies.
Ces professionnels se retrouvent pendant deux jours à l’hôtel la Batelière à l’occasion du 2ème SYMPOSIUM sur L’envenimation par morsure dans les Territoires Français des Amériques.
L'intérêt d'un tel congrès scientifique, c'est à la fois d'échanger sur cette pathologie entre les professionnels de santé, mais également avec la population, les décideurs locaux.
On y retrouve la Caraïbe avec des experts de Guyane, de Martinique, de Guadeloupe , du Costa Rica, mais aussi Sainte-Lucie. Des médecins d’Angleterre et d’Espagne ont fait également le déplacement pour ce travail de coopération internationale.
Divers aspects de l’envenimation par morsure de serpent sont au programme de ces deux jours :
- L’approche globale de l’envenimation
- L’épidémiologie des envenimations en Amérique et dans les Caraïbes
- La prise en charge de l’envenimation
- La disponibilité et la distribution d’anti-venins
- Les perspectives et recherches
30 morsures par an en Martinique contre 100 en Guyane
Le serpent, un reptile qui fascine et effraie à la fois, est l’objet de toutes les attentions depuis maintenant des dizaines d’années. Un long travail d’information et de pédagogie est fait régulièrement sur le territoire pour savoir comment se comporter face à un serpent pour éviter une morsure. Certaines espèces peuvent provoquer la mort d’un patient si ce dernier n’est pas pris en charge rapidement pour recevoir un anti-venin. En Martinique, on dénombre chaque année quelques dizaines morsures .
Il y a environ entre 30 et 40 morsures de serpent par an en Martinique qui sont soignés aux urgences du CHU. Comme c'est protocolisé, on se réjouit qu'il y a aucun décès lié aux morsures de serpents, depuis plusieurs années, grâce à cette prise en charge optimale. Les patients sont suivis même après la sortie des urgences.
Le Pr Papa Gueye , le responsable du SAMU de Martinique
En Guyane, ce chiffre d’envenimations dépasse la centaine avec en plus des difficultés de prises en charge pour sauver le plus grand nombre de malades.
Le principal serpent responsable, il s'appelle le Botrops atrox. C'est un cousin du Botrops lanceolatus, un tout petit peu plus petit en taille. Les envenimations sont essentiellement péri domiciliaires. En Guyane, les trois hôpitaux du territoire reçoivent des patients, mais aussi les centres de santé à l'intérieur de la Guyane. Les patients sont transférés dans l'hôpital de référence qui est Cayenne ou à Saint Laurent du Maroni. La prise en charge est un peu plus complexe parce qu'elle demande une mobilisation de moyens, humains ou financiers. Il faut déplacer les patients vers les centres où ils peuvent recevoir le médicament.
Le Pr Hatem KALLEL , praticien au CH de Cayenne
Un venin totalement caraibéen ?
Les connaissances sur les répercussions du venin des différents serpents sur les patients évoluent grâce aux travaux à travers le monde au fil des années. Les spécialistes martiniquais n’hésitent pas à voyager pour confronter leur savoir lors de congrès internationaux, et à répondre aux questions sur le venin de notre serpent, le trigonocéphale. Mais à entendre le professeur Dabor Resière, médecin réanimateur au CHU de Martinique, la science doit apporter encore beaucoup de réponses.
Est-ce qu'on ne peut pas tirer quelque chose de bénéfique sur le plan médicinal, L’envenimation donne des thromboses. Si avant 1993, les gens mouraient beaucoup, aujourd’hui c’est différent. Pourquoi est-ce qu'on ne peut pas fabriquer des anti thrombotiques à base de ce venin ?
Le Chu de Martinique en fait une de ses priorités avec la mise à disposition à tout moment d’un anti venin pour sauver des morsures.
Nous sommes dans un processus avec le Costa Rica, on travaille sur la fabrication de notre propre venin. Ce serait, probablement, une chance pour nous si ce petit pays pouvait avoir son propre venin et éviter d'acheter des anti venins dans d'autres pays.
Pr Dabor Resière, médecin réanimateur au CHU de Martinique
Les participants à ce symposium seront sur le terrain le dimanche 19 novembre avec une table ronde à laquelle la population est invitée aux « Jardins du Gros Morne ».