Réforme des retraites : les sénateurs ultramarins impuissants
Le projet de réforme des retraites poursuit son parcours législatif, en passant par la case du Sénat jusqu'à dimanche. Et comme pour nos députés, les sénateurs des Outre-Mer ne parviennent pas à amender ce projet pour prendre en compte les spécificités de nos territoires.
Après avoir agité le Palais Bourbon en février, le texte provoque aussi des débats houleux dans celui du Luxembourg, ce qui est rare au sein de la Haute Assemblée. Et il n'y a plus beaucoup d'espoir dans les rangs ultramarins.
Des sénateurs ultramarins désabusés
L'examen du texte se termine dimanche et manifestement, les jeux d'alliances entre le gouvernement et la majorité de droite au Sénat empêchent de se faire entendre pour le Guadeloupéen Victorin Lurel.
Ce n’est pas possible, ils n'entendent pas. C'est un texte aveugle, un gouvernement sourd. Et ce qui me désole, c'est que tous les macroniens des Outre-mer, ils ont la bouche fermée comme si on les avait bâillonnés.
Un constat amer, d'autant que la méthode agace les oppositions. De multiples astuces ont été dégainées pour faire tomber des amendements, alors que la Martiniquaise Catherine Conconne portait plusieurs demandes. Pour elle, cette réforme ne peut être entendue sous nos latitudes.
Ça nous passe au-dessus de la tête. Si je prends le cas de la Martinique, on part à 65,3 ans avec des montants de pension excessivement faibles. On continue à fabriquer des pauvres dans ces pays-là, et en particulier, c'est ce qui me touche le plus des séniors pauvres.
Et après ?
La voie parlementaire est donc bouchée pour espérer modifier ce texte. Alors que faire ? Catherine y voit l'opportunité d'une réflexion d'avenir.
On a besoin d'une mobilisation collective. Je ne parle pas des grèves, etc... Je parle d'une mobilisation de tous et de chacun pour savoir qui nous sommes et ce qu'il nous est permis d'espérer, pour que nous ayons en permanence le leadership de la proposition, de l'alternative plutôt que d'être tout le temps dans la complainte.
Et l'autre menace brandie par nos sénateurs est celle des élections. Victorin Lurel appelle à ne pas oublier cet épisode parlementaire.
Souvenez-vous comment peut-on se faire abîmer de cette manière-là ? Et puis aller voter pour ces gens.
À l'issue de cet examen au Sénat, une commission mixte paritaire devrait conclure cette procédure accélérée d'ici la mi-mars, malgré les oppositions parlementaires et les mouvements de colère dans les rues. La réforme des retraites continue d'avancer. Hier soir (8 mars) l’article 7 portant sur le report de l’âge légal à la retraite à 64 ans a été adopté. Le texte est passé avec une majorité de 201 voix contre 115.