Loi immigration adoptée : qu’ont voté les élus antillais ?
À l'issue d'une journée mouvementée ce mardi 19 décembre, la loi immigration a été adoptée par le Parlement. La majorité a finalement été assez large dans les hémicycles du Sénat et de l'Assemblée, malgré des divisions au sein du camp gouvernemental, et une forte opposition de la gauche. Et qu'ont voté les élus antillais ?
Rejeté la semaine dernière, le projet de loi immigration a été réécrit par une Commission mixte paritaire. La version finale a été durcie, le gouvernement ayant négocié un accord avec la droite qui a été qualifié de « victoire idéologique » par Marine Le Pen.
Une loi « nauséabonde »
Cette loi prévoit des restrictions plus fortes à l'obtention de titres de séjour, un conditionnement des aides sociales pour les étrangers qui devront justifier de 30 mois de travail ou cinq ans de présence pour en bénéficier, mais également des mesures spécifiques en Outre-Mer. Singulièrement pour la Guyane et Mayotte, même si la Guadeloupe et la Martinique, via les préfectures, auront la main sur les choix des métiers en tension qui autoriseront une immigration ou bénéficieront encore de rapports spécifiques sur la politique migratoire dans nos territoires. Des arguments qui n'ont pas convaincu à gauche, qui ont même irrité.
Au sein de la NUPES à l'Assemblée, tous ont voté contre. Le Martiniquais Marcellin Nadeau, pour les GDR, a qualifié le texte de « raciste » :
C'est complètement nauséabond. On voit bien que la droite s'aligne sur l'extrême droite et le gouvernement s'aligne sur la droite. C'est l'extrême droite qui donne le la. En plus, je pense que le gouvernement est piégé là parce qu'il a assez dit que la gauche avait soi-disant voté avec l'extrême droite. Mais l'extrême droite va voter pour son texte. Ça en dit long sur le contenu même du texte. Je pense que c'est un texte complètement raciste qui va contre l'intégration et l'insertion des immigrés.
Jean-Philippe Nilor pour LFI ou Johnny Hajjar dans le camp socialiste, au sein duquel les Guadeloupéens Élie Califer et Christian Baptiste en ont fait de même et voté contre cette loi. Le député Elie Califer a d’ailleurs dénoncé une ouverture à l'extrême droite et une décision « ubuesque » :
Nous avons porté parfois nos suffrages sur le candidat Macron pour barrer la route à l'extrême droite et aujourd'hui, nous constatons que lui-même, il ouvre la route à l'extrême droite. C'est un texte préoccupant, car il est peu respectueux des droits fondamentaux. Nous avons d'un côté la libre circulation des personnes, la circulation des biens et des marchandises. De l'autre côté, un pays qui se ferme à tout, même c'est la première fois sur la cinquième République, on va aussi loin. La droite s'est éloignée du général de Gaulle.
Chez les LIOT, dont le groupe avait demandé le retrait du texte, mais laissé libre choix à ses membres, Max Mathiasin et Olivier Serva ont dit « pour » et soutenu l'adoption de cette loi.
Et les sénateurs ?
Au Sénat, Catherine Conconne et Victorin Lurel ont suivi le camp socialiste dans le vote contre, tandis que Dominique Théophile et Frédéric Buval, qui siègent au sein de la majorité présidentielle, se sont abstenus. Les parlementaires non cités n'ont pas pris part au vote.
Le député Marcellin Nadeau espère que ce texte sera rejeté par la population.
Il faut compter aussi sur la mobilisation parce que je crois qu'il faut être en résistance face à une extrême droitisation de la société française qui me paraît complètement dangereuse.
Ce texte qui pourrait encore évoluer. Gérald Darmanin, puis Élisabeth Borne, ce matin, ont confirmé que certaines des mesures renforcées pourraient être jugées inconstitutionnelles.