A Mayotte, le Premier ministre dit vouloir rebâtir l'archipel dévasté en deux ans
Accompagné de plusieurs ministres dans l'archipel de l'océan indien, dont Manuels Valls (Outre-mer) et Elisabeth Borne (Education), le Premier ministre, François Bayrou, a indiqué vouloir reconstruire Mayotte en deux ans et a annoncé un plan Mayotte Debout.

Le nouveau Premier ministre François Bayrou a promis ce lundi (30 décembre), à Mayotte, un plan d'aide avec « des réponses rapides » lors d'une intense journée de déplacement sur l'archipel de l'océan indien dévasté par le cyclone Chido et qu'il se dit déterminé à reconstruire en deux ans.
Un plan Mayotte debout
« Les Mahorais ont souvent le sentiment que ce qu'on leur apporte, ce sont des assurances, de belles paroles de solidarité dans les déclarations, mais ce qu'ils veulent, c'est du réel. (...) Après une journée de dialogue, nous annoncerons ce soir un plan qui s'appellera Mayotte debout, qui permettra d'apporter des réponses rapides », a déclaré François Bayrou.
« Et puis après, il y aura une deuxième phase d'ici quelques mois. C'est un plan à long terme. Parce qu'il ne s'agit pas seulement de reconstruire Mayotte comme elle était. Il s'agit de dessiner l'avenir de Mayotte, différent », a ajouté François Bayrou.
Le retour total de l’électricité fin janvier
Le Premier ministre a répété son « objectif » de rebâtir Mayotte en deux ans et demandé que l'électricité soit « rétablie dans chaque foyer fin janvier ».
Accompagné de cinq ministres, dont Manuel Valls (Outre-mer) et Elisabeth Borne (Education nationale), François Bayrou doit s'exprimer depuis le conseil départemental mahorais en fin de journée.
Le sort de Mayotte pourrait faire l'objet d'un projet de loi spéciale, qui serait présentée lors du Conseil des ministres vendredi.
Officiellement 320 000 habitants
Mais pour la députée Liot (centre droit) de Mayotte Estelle Youssouffa, les efforts ne sont « pas à la hauteur des besoins ». « Il faut calibrer l'aide à hauteur de la population réelle », y compris les immigrés en situation irrégulière au regard de la loi française, nombreux dans l'archipel, a-t-elle estimé.
François Bayrou a jugé à cet égard « irresponsable » de prétendre « qu'il n'y a pas un problème d'immigration brûlant à Mayotte ». « Notre devoir à nous, c'est de poser la question et de tenter d'apporter des réponses », a-t-il dit.
Revenir sur le droit du sol à Mayotte, déjà restreint dans l'archipel, « est une question qu'il faut se poser », a-t-il ajouté.
Environ un tiers de la population de Mayotte - officiellement 320 000 habitants selon les statistiques officielles, mais peut-être 100 000 à 200.000 de plus compte tenu de l'immigration irrégulière - réside dans des habitats précaires, qui ont été entièrement détruits par le cyclone.
« Prudence » sur le bilan
Chido, cyclone le plus dévastateur à Mayotte depuis 90 ans, a causé le 14 décembre la mort de 39 personnes et fait plus de 5 600 blessés, selon un bilan publié ce dimanche (29 décembre) par les autorités.
Il a causé au moins 120 morts au Mozambique, selon un dernier bilan.
Concernant le bilan des victimes à Mayotte, François Bayrou a appelé ce lundi (30 décembre) à une « très grande prudence », affirmant que les « rumeurs de milliers de morts » n'étaient « pas fondées » et que les décès se comptaient plutôt en « quelques dizaines ou quelques centaines ».
Le préfet de Mayotte avait évoqué au lendemain de la catastrophe la possibilité qu'il y ait « plusieurs centaines » de morts. « Peut-être approcherons-nous le millier, voire quelques milliers », avait-il ajouté.
Les dommages sont en tous cas colossaux dans ce département le plus pauvre de France, où il faut rétablir les services essentiels comme l'eau, l'électricité et les communications.
Impatience et colère
Amenant dans son avion 2,5 tonnes de matériel humanitaire, le Premier ministre a débuté la journée par plusieurs visites : usine de dessalement de Petite-Terre, collège de Kaweni 2 à Mamoudzou, hôpital de campagne installé après le cyclone. « Tout a été vandalisé », a déploré un professeur de sport, qui réclame que le collège soit « gardé ».
En montrant les collines dévastées où se trouvaient des bidonvilles, le maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaila a plaidé pour que l'on « arrête ça ». « On ne peut pas laisser les gens refaire les mêmes erreurs en espérant que demain il y aura des résultats différents », a-t-il fait valoir devant le Premier ministre.
Quant à la population, beaucoup se montraient sans illusion sur les réponses apportées à leur détresse.
« Le président (Macron) est venu. On a attendu. On attend toujours. Je ne sais pas si cela va changer quelque chose », a dit Nadjirati Hadjirabou, une jeune fille originaire de Vahibé qui a reçu une tôle sur le bras pendant le cyclone et se trouvait à Mamoudzou pour refaire ses bandages.
Lors d'un déplacement les 19 et 20 décembre, où il avait été confronté à l'impatience, à la colère et au désespoir de Mahorais qui ont souvent tout perdu, le président Emmanuel Macron avait annoncé de premières mesures d'urgence pour Mayotte.
A l'issue de sa visite à Mayotte, le Premier ministre se rendra sur l'île française de La Réunion, importante base logistique pour l'aide à l'archipel mahorais, où il poursuivra sa visite mardi matin avant de regagner l’Hexagone.