Emmanuel Macron annonce la dissolution de l'Assemblée nationale après la victoire de l'extrême-droite aux Européennes
Emmanuel Macron, le président de la République, annonce la dissolution de l'Assemblée nationale ce dimanche 9 juin après la victoire de l'extrême-droite aux élections européennes.
L'Assemblée Nationale sera dissoute. C'est l'annonce d'Emmanuel Macron, le président de la République, ce dimanche, après la victoire de l'extrême-droite aux européennes (liste emmenée par Jordan Bardella).
Les élections législatives auront lieu le 30 juin et 7 juillet, annonce-t-il.
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— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 9, 2024
Emmanuel Macron a d’abord évoqué le score de l’extrême droite, avant d’annoncer les conclusions qu’il en tire : « Je ne saurai donc, à l’issue de cette journée, faire comme si de rien n’était à cette situation s’ajoute une fièvre qui s’est emparée ces dernières années du débat public et parlementaire dans notre pays ».
30 juin et 7 juillet
Et d’ajouter : « C’est pourquoi, après avoir procédé aux consultations prévues à l’article douze de notre Constitution, j’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote ».
« Je signerai dans quelques instants le décret de convocation des élections législatives qui se tiendront le 30 juin pour le premier tour et le 7 juillet pour le second (tour) », a-t-il enfin indiqué.
Cette annonce rappelle celle de 1968 par le général De Gaulle pour rétablir l'ordre après les mouvements étudiants, mais le pari est risqué face à un Rassemblement national (RN) en pleine dynamique.
Quel intérêt pour Macron ?
"Ce côté bravache, bravoure lui permet de renouer avec son image première, celle d’un président qui va au feu, qui prend des risques, qui est courageux", relève Vincent Martigny, politologue à l'université Nice Côte d'Azur et à l'Ecole polytechnique.
"Il fait quelque chose qu’il déteste faire, sous la pression, très vite et il prend un énorme risque. Il compte aussi sur le choc de l’annonce", ajoute-t-il.
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Cela a un petit côté "moi ou le chaos", comme en 1968, avec l'opposition entre autorité et risque de désordre, une stratégie qui avait alors été gagnante pour le général de Gaulle.
"Emmanuel Macron peut jouer sur la peur du désordre, espérer que les institutions soient assez solides pour empêcher le RN d'être majoritaire et en même temps jouer une politique du pire", dit-il encore.
"On a suffisamment reproché à Macron d’être coupé du peuple. C’est véritablement l’appel au peuple", analyse pour sa part l'historien Jean Garrigues.
Pour quel objectif ?
"On y va pour gagner", a martelé dimanche soir un conseiller présidentiel, estimant que la mobilisation des abstentionnistes et du champ républicain pourrait permettre un sursaut pour les macronistes.
Si le camp présidentiel réitère son mauvais score de dimanche, avec moitié moins de voix que le RN et une seconde place disputée par la gauche, il peut toujours espérer conclure une coalition gouvernementale.
A fortiori s'il noue des accords préalables avec les partis du "champ républicain" - Les Républicains ou socialistes - et s'efface derrière leurs candidats sortants, a suggéré le ministre des Affaires étrangères et proche du chef de l'Etat Stéphane Séjourné.
"Cela permet de rendre possible un pacte de gouvernement avec le centre-droit", voire les sociaux-démocrates, et de réaliser le "fantasme d’une coalition à l’allemande", pointe Vincent Martigny.
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Emmanuel Macron peut aussi espérer une participation plus forte qu'aux européennes qui permettrait de contenir l'extrême droite.
Il peut aussi "profiter de cet effet popularité que constituent l'Euro et les JO, qui sont un contexte favorable", considère Jean Garrigues.
Présenté comme l'arme anti-Bardella lors de sa nomination à Matignon en janvier, Gabriel Attal semble en revanche voir son étoile pâlir quelque peu. Prié de dire si l'actuel Premier ministre mènerait la campagne du camp présidentiel, le conseiller élyséen a éludé la question, affirmant simplement que tout le monde y prendrait sa part.
Le RN peut-il arriver à Matignon ?
Une majorité absolue paraît difficile à atteindre pour le RN compte tenu du mode de scrutin mais n'est pas à exclure, juge le politologue.
Il devra pour cela gonfler son groupe actuel de 88 à 289 députés, soit 200 sièges, ou s'allier éventuellement avec la droite classique s'il ne décroche qu'une majorité relative.
"C'est un pari extrêmement risqué (pour le président, ndlr) au lendemain d'une défaite cuisante", au regard de la dynamique du RN, relève l'historien Jean Garrigues.
Si le président du parti, Jordan Bardella, accède à Matignon avec une majorité relative, il se retrouvera en revanche vite confronté à une motion de censure, estime Vincent Martigny.
L'Assemblée nationale pourrait aussi finir bloquée, avec une majorité introuvable entre trois blocs, l'extrême droite, la gauche et les macronistes.
Quels risques à l'horizon 2027 ?
Emmanuel Macron peut espérer qu'une cohabitation avec Jordan Bardella permette de "déballonner l'hypothèse RN" d'ici à la présidentielle de 2027, estime encore Vincent Martigny.
"Il n'est pas sûr que Jordan Bardella réussisse à régler tous les problèmes en trois ans, ce qui pourrait conduire à une érosion de la popularité et de la légitimité du RN. Et c'est peut-être un des calculs d'Emmanuel Macron", analyse Jean Garrigues.
Mais de l'avis général, le "coup de poker" du président est monumental. Et le calcul est "extrêmement dangereux", pointe Vincent Martigny.