Contrats aidés : "La méthode du gouvernement est mauvaise et choquante"
Une délégation de l'Association des Maires de France a été reçue ce matin par le gouvernement. A l'issue de cette rencontre : l'assurance d'une souplesse pour traiter les situations dans chaque collectivité.
Si Emmanuel Macron a défendu dans son interview au journal Le Point la diminution des contrats aidés, qualifiant le dispositif de "clientéliste" et de "perversion de la politique de l'emploi", le gouvernement semble bien vouloir désamorcer la situation rapidement. Si les Outre-mer avaient déjà tiré la sonnette d'alarme depuis plusieurs mois, la fronde a gagné l'Hexagone et s'étend à quelques jours de la rentrée scolaire, les risques de report dans certaines communes étant bien réels, comme cela a été le cas récemment à La Réunion.
Comme l'avait demandé le Premier ministre Edouard Philippe mercredi, le gouvernement a reçu les représentants des collectivités. La rencontre, organisée très rapidement -ce qui a peut-être empêché la présence d'élus d'Outre-mer ?-, a eu lieu tôt ce vendredi matin au ministère de la Cohésion des Territoires. Les ministres Jacques Mézard et Jean-Michel Blanquer, ainsi qu'un membre du cabinet de Muriel Pénicaud, ont ainsi échangé pendant deux heures avec plusieurs membres de l'Association des Maires de France.
A l'issue de la réunion, François Baroin a assuré au micro de RCI Paris qu'il avait bien été question des Outre-mer. "Le ministre de l'Education Nationale Jean-Michel Blanquer qui est un homme de qualité et qui prépare bien cette rentrée en a naturellement parlé et nous aussi puisque nous avons des remontées de tous nos collègues ultramarins sur cette situation", a ainsi déclaré le président de l'AMF.
Message passé aux préfets de faire preuve de "souplesse" sur les contrats
"Pour avoir été ministre de l'Outre-mer j'ai une connaissance assez précise de l'importance et du rôle des emplois aidés, pas dans le cadre uniquement de l'éducation nationale mais dans tout le secteur de l'activité économique", a encore indiqué François Baroin. Avant de juger, plus sévère : "de ce point de vue, la méthode du gouvernement est à la fois mauvaise et choquante car nous avons appris du jour au lendemain que l'Etat ne respecterait pas sa parole et son engagement budgétaire".
Pour l'Association des Maires de France, la "colère" des élus locaux a été portée et entendue par les membres du gouvernement, afin d'aborder plus sereinement la rentrée scolaire. "Nous avons entendu un message de compréhension et normalement, les préfets doivent avoir les consignes par le ministère du travail d'obtenir plus de souplesse sur le choix des contrats et une fongibilité, c'est à dire la possibilité de passer d'un crédit budgétaire à un autre pour éviter des blocages administratifs sur le paiement", a encore précisé François Baroin.
Une mesure dérogatoire "qui se justifierait pleinement"
Et pour les Outre-mer, faudrait-il aller plus loin qu'une simple souplesse ? Compte tenu des "difficultés plus importantes que dans l'Hexagone", des "problématiques lourdes, difficiles et exigeantes" que connaissent les territoires, l'ancien ministre estime qu'une "mesure dérogatoire au droit commun" serait "pleinement justifiée", ainsi que "davantage de moyens financiers" alloués par l'Etat.
Un peu plus tard dans la matinée, l'AMF a publié un communiqué de presse où elle invite "les maires des communes concernées" à "prendre contact avec les préfets de leur département pour que des solutions soient rapidement trouvées afin de garantir le bon déroulement de la rentrée scolaire".