Transport aérien : « Il n'y a pas d'accord de ciel ouvert » dans la Caraïbe

Par 06/09/2023 - 16:53 • Mis à jour le 07/09/2023 - 05:10

Se déplacer dans la Caraïbe est toujours aussi complexe. De nombreuses barrières empêchent le développement du transport aérien dans notre secteur.

    Transport aérien : « Il n'y a pas d'accord de ciel ouvert » dans la Caraïbe

Privé ou public quel serait selon vous le repreneur idéal pour Air Antilles ? C’était la thématique abordée mardi à 13 heures par la rédaction de RCI Guadeloupe dans le Magazine Perspectives avec Rony Béral et Olivia Losbar. La situation de la compagnie aérienne met en exergue les difficultés de déplacement entre les îles de la Caraïbe.  

Les tentatives de construction d'un réseau régional élargi se sont souvent soldées par des échecs. Pourtant, le transport aérien est une vraie solution de désenclavement dans l'Arc Antillais.

Néanmoins, les difficultés sont nombreuses pour les transporteurs. C'est ce qu'observe Caroline Romney du cabinet Aiguillage, consultante en tourisme.

Nous sommes sur un espace qui est formé d'îles, donc des petits territoires avec pas beaucoup de population, avec un niveau de vie qui est quand même assez moyen, assez faible. Et puis, autant il y a des échanges avec Saint-Martin et encore surtout pendant les vacances, de façon plus régulière avec la Martinique, mais ensuite la Dominique, les autres îles de la Caraïbe, qu'elles soient anglophones ou francophones, on y va très rarement parce qu'on n'a pas spécialement de famille, parce qu'on n'a pas spécialement de liens avec malheureusement nos voisins proches. Et ça aussi, ça grève énormément les ouvertures de lignes que des compagnies aériennes peuvent proposer

La spécialiste relève que le marché est aussi divisé en trois sphères assez hermétiques

On a vu qu'il y a eu déjà plusieurs tentatives qui ont été faites, que ce soit vers le Costa Rica, vers le Panama, vers Trinidad et Tobago. Mais en fait, on se rend compte que rapidement, le marché s'essouffle et qu'il n'est pas maintenu. On a l'habitude d'ailleurs de dire que dans la région, il y a trois grosses sphères et les sphères restent entre elles et il y a très peu d'ouverture vers les autres, c'est-à-dire la sphère francophone, la sphère hispanophone et la sphère anglophone

Les coûts d'exploitation sont également très élevés dans la région du fait du morcellement du territoire analyse Caroline Romney

À chaque fois, un avion, il faut qu'il décolle et ça consomme énormément de carburant, des taxes également et des redevances également. Dès qu'il se pose 20 minutes après, c'est la même chose. Il faut encore qu'il paye des taxes passagers, de la redevance aéroportuaire et dès qu'il redécolle, etc. Vous imaginez ce que ça représente en coûts d'exploitation à chaque fois pour les compagnies régionales

Selon Caroline Romney du Cabinet Aiguillage et consultante en tourisme, le développement du transport aérien dans la Caraïbes ne passera pas que par des partenariats entre compagnies mais également par des accords entre les états.


Il y a tellement de choses à faire. Air Antilles, déjà, avait commencé à créer des partenariats, notamment avant que la Liat disparaisse et également avec une compagnie aérienne qui est basée à Saint-Martin pour créer un véritable réseau de compagnies aériennes des petites villes de la Caraïbe. C'était le fameux programme Caribsky, qui est soutenu d'ailleurs par les financements européens. Pour moi, vraiment, le développement du transport aérien dans la Caraïbe, il ne passe pas que par des accords de coopération entre compagnies et avec les États. Il n'y a pas d'accord de ciel ouvert dans cette zone-là du monde, comme il en existe aux États-Unis, en Europe ou dans plein d'autres régions du monde

 

Un manque qui complique l'évolution positive du marché

À chaque fois, lorsqu'une compagnie aérienne veut par exemple desservir, Saint-Domingue, il faut demander à l'État des droits de trafic. Il faut que ces droits soient autorisés. C'est extrêmement fastidieux. Nous, on est soumis à une réglementation européenne. Les autres îles sont soumises à une réglementation américaine. Il y a très peu d'accords entre les deux et ça devient extrêmement compliqué. L'association des États de la Caraïbe travaille sur l'unification de la Caraïbe par voie maritime aérienne et arriver à une certaine homogénéisation de la réglementation dans ce bassin-là


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