Rapport de l’IGF sur les carburants aux Antilles-Guyane: la SARA « consternée » par des conclusions « hâtives »

Par 08/09/2024 - 17:22 • Mis à jour le 09/09/2024 - 07:37

Dans un rapport de 2022, rendu public cette semaine, l’Inspection Générale des Finances préconise l’arrêt des opérations de raffinage pour faire baisser le coût des carburants. La SARA dénonce des « conclusions hâtives » et des calculs « sans aucun fondement économique ».

    Rapport de l’IGF sur les carburants aux Antilles-Guyane: la SARA « consternée » par des conclusions « hâtives »

C’est un rapport de près de 50 pages qui soulève un vent de contestation depuis sa publication.

L’IGF, l’Inspection Générale des Finances, a dévoilé les conclusions d’un rapport de 2022 sur la régulation du prix des carburants et du gaz dans les Départements Français d’Amérique. 

On y apprend que les prix des carburants sont depuis 2011 supérieurs à ceux de l’hexagone ou des autres DOM : + 13 centimes pour le super, + 7 centimes pour le gazole. 

Nos territoires Martinique, Guadeloupe et Guyane se distinguent aussi par une autre spécificité. La SARA, Société Anonyme de Raffinerie aux Antilles, y détient un triple monopole.

Elle importe du pétrole brut, et le raffine pour obtenir les différents carburants (sans plomb, gasoil, kérosène pour les avions ou encore gaz). Produits en Martinique, ces carburants sont ensuite également stockés en Guadeloupe et en Guyane pour y être distribués. 

L'arrêt du raffinage pour faire baisser les prix

La conséquence directe pour les consommateurs serait une baisse de 14 centimes pour chaque litre de carburant acheté à la pompe.

Pour comprendre ce calcul, il faut se rappeler que la SARA détient dans nos trois territoires un monopole sur l’importation de produits pétroliers bruts, finis et semi-finis, mais aussi le raffinage et le stockage des produits finis, carburants ou gaz.

La vente de ces produits est régie par un système de prix administrés, fixé par décret par l’Etat.

La SARA se voit assurer un bénéfice net d’environ 23 millions d'euros par an, en échange d’une série de contraintes : fournir un carburant en quantité suffisante et répondant aux normes européennes, maintenir des stocks stratégiques pour faire face aux aléas (cyclones, séismes et même arrêts éventuels de production).

La formule de prix utilisée pour déterminer le tarif des carburants est complexe, mais elle harmonise l’ensemble des tarifs entre les carburants raffinés en Martinique et les produits finis importés par la SARA de manière globale sur les trois territoires. 

Et c’est là que les inspecteurs de l’IGF recommandent une évolution forte pour faire baisser les prix : supprimer l’activité de raffinage, et transformer la SARA en une unité exclusive d’import et de stockage de produits finis.

Selon l’IGF, la vétusté des installations, leur faible capacité de production et la masse salariale de l’entreprise font peser un cout trop important sur le prix final à la pompe. 

La SARA prend acte avec consternation

Dans un communiqué publié ce dimanche, la SARA prend acte des conclusions de l’IGF, jugées « pour le moins hâtives » et des recommandations « non justifiées » qui mettent en péril « la sécurité énergétique des départements français d'Amérique et la survie de notre outil industriel, bassin d’emplois pour plus de 700 familles aux Antilles et en Guyane, par le biais des emplois directs et de sous-traitance ». 

Autre point de divergence, le calcul du surcoût engendré par l’activité de raffinage. Selon la SARA, « les auteurs du rapport avancent un surcoût de 14,6 centimes par litre, sans aucun fondement économique ou comptable.

La SARA n’a pas pu obtenir les données pouvant justifier ce chiffre, ni engager aucune discussion contradictoire.

Pire encore, le second scénario du rapport évoquant la fermeture de la raffinerie « ignore les conséquences économiques, sociales et environnementales pour les trois territoires ». 
 

Le rapport complet à lire ci-dessous. Cliquez ici si vous n'y avez pas accès.


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