Emotion et fierté aux obsèques de Maryse Condé à Paris
Les obsèques de l'autrice guadeloupéenne se sont déroulées ce vendredi matin à l'église Saint-Germain-des-Prés. Elle a ensuite été inhumée au cimetière du Père Lachaise.
Maryse Condé s'est éteinte le 2 avril 2024 à l'âge de 90 ans. L'autrice guadeloupéenne a reçu l'hommage de ses proches ce vendredi à Paris. Ses obsèques ont été célébrées à l'église de Saint-Germain-des-Prés, en plein coeur du quartier littéraire de la capitale.
Autour de sa dépouille, sa famille lui a rendu un hommage empli d'émotion. Son second mari, Richard Philcox, la voix coupée par les sanglots, a symboliquement déposé un drapeau de la Guadeloupe sur le cercueil de l'écrivaine avant qu'elle ne quitte l'église.
Je sais que Maryse aurait voulu le drapeau de la Guadeloupe. C'était quelque chose qu'elle voulait, qu'elle a aimé. Elle n'a jamais caché ses opinions politiques. Et donc j'ai fait ça pour elle, pour qu'elle pense à la Guadeloupe et je lui donne son indépendance à elle
Un moment capté par notre journaliste sur place.
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Dans l'assemblée, il y avait donc la famille de Maryse Condé mais aussi des amis proches. L'universitaire réunionnaise, Françoise Vergès, a rappelé le grand sens de l'amitié et l'humour de l’écrivaine.
C'est d'abord une très, très chère amie que je perds, quelqu'un avec qui j'ai cheminée longtemps pour des tas de combats. Moi, je suis Réunionnaise, elle était Guadeloupéenne, donc on partageait ça aussi. Une histoire commune, une position commune. C'était quelqu'un qui cultivait vraiment l'amitié. C'était quelqu'un vraiment plein de générosité et d'amour. On riait beaucoup. Elle avait beaucoup d'humour. Elle avait une langue un peu moqueuse, mais avec beaucoup toujours de tendresse. Elle était, on le sait, très bonne cuisinière, mais on a vraiment beaucoup fait de choses ensemble. Moi, ce que je garde, c'est vraiment ce que c'est que l'amitié et combien ça compte. Et je lui dis vraiment adieu, ma très chère amie. Adieu
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"Maryse vient juste de commencer son parcours"
L'auteur haïtien, membre de l'Académie Française, Dany Laferrière était aussi présent à l'église de Saint-Germain-des-Prés. L'écrivain a rendu hommage à une femme "qui s'est mise debout assez tôt".
C'est toute l'affaire de la littérature, de commencer à être lu plus profondément quand on n'est pas là. Ce qui est une métaphore de l'amour, c'est quand la personne n'est pas là, qu'on voit bien si on a aimé. Je pense que Maryse vient juste de commencer son parcours. C'est quelqu'un qui s'est mise debout assez tôt, malgré toutes les difficultés, tous les obstacles et qui a fait son parcours toute seule, en trouvant sur sa route beaucoup de gens qui lui ont tendu la main et à qui elle a tendu la main aussi. C'est l'idée de quelqu'un qui peut partir d'un endroit qui n'était pas au centre du monde et faire en sorte qu'on puisse connaître cet endroit comme s'il était au centre de la vie de la lectrice ou du lecteur qui lui fait l'honneur de la lire. Maryse a voulu faire ça et elle l'a fait. Elle y a mis toutes les possibilités, toutes les saveurs, comme elle dira d'ailleurs avec son livre Victoire ou les saveurs de la vie, pour permettre à la personne qui la lit de goûter aussi à ce qu'elle a connu sur son parcours. Il faut la lire, bien sûr
Le footballeur Lilian Thuram a assisté à la cérémonie. Il estime qu'il y a beaucoup de choses à retenir de l'oeuvre de l'écrivaine :
Très souvent, lorsqu'on perd des personnes illustres comme cela, on se dit que ces personnes ne meurent pas vraiment parce qu'elles ont éduqué des générations et des générations de personnes comme moi, comme des plus jeunes. Tout d'abord, il y a un lien particulier parce que je la connaissais. Il y a un lien particulier parce qu'elle est aussi de la Guadeloupe. Je dirais que c'est quelqu'un qui a, tout au long de sa vie, semé de l'amour, créé des liens. Elle a fait qu'on se pose des questions sur, effectivement, où nous allons ensemble. Je pense que peut-être que ce qu'elle nous dit, c'est qu'il faut rendre les choses plus justes, il faut rendre les choses plus belles et il faut questionner à chaque fois notre humanité. Il y a beaucoup de choses à retenir
Les obsèques de Maryse Condé ont été célébrées par Monseigneur Alain Ransay, évêque de Guyane. L'écrivaine a ensuite été inhumée au cimetière du Père Lachaise.
Un hommage national sera rendu lundi (15 avril 2024) sur le site de la Bibliothèque nationale de France (BNF).
Hier, RCI a consacré une émission spéciale à Maryse Condé. Il s'agissait de rendre hommage au talent littéraire de la grande écrivaine.