« Aux origines de la Caraïbe » : 6 000 ans d’histoire amérindienne à la Fondation Clément en Martinique

Par 14/12/2025 - 13:10 • Mis à jour le 14/12/2025 - 21:09

Une exposition exceptionnelle est présentée à la Fondation Clément, au François, en partenariat avec le musée du quai Branly. « Aux origines de la Caraïbe : Taïnos et Kalinagos » retrace 6 000 ans d’histoire amérindienne à travers plus de 330 œuvres, visibles jusqu’au 15 mars 2026.

    « Aux origines de la Caraïbe » : 6 000 ans d’histoire amérindienne à la Fondation Clément en Martinique
Photos Morgane Garnier

Une exposition d’une envergure exceptionnelle est à découvrir à la fondation Clément, au François, en partenariat avec le musée parisien du quai Branly.

 « Aux origines de la Caraïbe : Taïnos et Kalinagos » retrace plus de 6 000 ans d’histoire des peuples autochtones de la Caraïbe.

Plus de 330 œuvres exposées

Plus de 330 œuvres sont exposées, de la vannerie aux bijoux en passant par la céramique. Des objets qui proviennent de 30 institutions culturelles de la Caraïbe, d’Europe et des Etats-Unis.

Pour le lancement officiel de l’exposition ce samedi 13 décembre 2026, la présidente de la Dominique et la cheffe des Kalinagos de l'île ont fait le déplacement.

C'est avec une vie émotion qu'Anette Thomas-Sanford, cheffe des Kalinagos de la Dominique, a écouté la présentation du commissaire d'exposition, venu du musée du Quai Branly. André Delpuech a expliqué le choix des œuvres exposées, inédites pour certaines et qui témoignent de l'épopée de cette civilisation millénaire.

Pour moi, c'est plus que regarder des objets, c'est en fait être en présence des nombreuses personnes qui ont vécu avant moi.

« L’héritage de nos ancêtres »

Émotion partagée par Sylvanie Burton, première femme Kalinago élue présidente de la Dominique, surtout quand elle reconnaît sa belle-mère sur l'une des photos de l'exposition. Pour elle, la question n'est pas tant de récupérer les œuvres d'art, mais de contribuer ensemble au développement du territoire kalinago.

C'est très émouvant pour nous. C'est l'héritage de nos ancêtres, quelque chose que nous aimerions avoir, que nous aimerions vivre davantage. Et j'espère que de nombreux Kalinagos viendront voir cette exposition et les œuvres que nos ancêtres ont fièrement fabriquées de leur vivant. Cela nous encourage à continuer à lutter en tant que peuple, à être fiers de nos ancêtres, parce que tout le monde s'intéresse à l'héritage culturel des Kalinagos, à comment ils vivaient auparavant et de voir que nous existons toujours. Peu importe le nombre de colonisateurs, nous sommes toujours là, nous sommes toujours debout.

« Protégés et conservés »

De son côté, Emmanuel Kasarhérou, président du musée du quai Branly Jacques Chirac, parle de circulation plutôt que de restitution.

Aujourd'hui, la Dominique vient ici pour voir ces objets. On pourrait imaginer aussi une exposition de ce type à la Dominique quand ils auront un musée. Ces objets sont très anciens et viennent jusqu'à nous parce qu'ils ont été protégés et conservés. Il faut qu'on s'assure aussi que les générations à venir puissent avoir accès à ces objets.

Un regard renouvelé sur l’histoire amérindienne

Florent Plasse, chargé du patrimoine à la Fondation Clément, précise que l’exposition permet de présenter les objets dans leur contexte.

Les objets qui sont exposés sont le résultat de dizaines d'années de fouilles archéologiques qui se sont beaucoup développées sur le territoire martiniquais et guadeloupéen, avec les fouilles préventives, par exemple. On a beaucoup collecté depuis 30 ou 40 ans et la connaissance est beaucoup plus grande aujourd'hui de cette histoire, ce qui permet de présenter les objets dans leur contexte. Cette exposition, c'est aussi un regard critique sur ce qu'on savait des populations amérindiennes. Pendant longtemps, on a parlé des gentils Arawaks, des méchants Caraïbes. L'exposition permet de déconstruire un petit peu cette approche. C'est beaucoup plus compliqué. Ce sont des constructions qui datent de l'époque coloniale et aujourd'hui, la recherche historique, la découverte archéologique permettent de montrer que l'histoire n'est pas tout à fait aussi binaire.

L’exposition est visible à la Fondation Clément jusqu’au 15 mars 2026.


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