Violences en Haïti : « les femmes sont particulièrement ciblées et affectées »

Par 03/04/2024 - 13:22 • Mis à jour le 03/04/2024 - 17:03

Ce mercredi 3 avril marque les 10 ans de la Journée nationale du Mouvement des femmes haïtiennes. Jointe en Haïti, Danièle Magloire, porte-parole du Mouvement et sociologue, s’est longuement confiée à RCI sur cet anniversaire mais aussi sur le contexte exceptionnel de violences armées dans le pays.

    Violences en Haïti : « les femmes sont particulièrement ciblées et affectées »
Danièle Magloire

Ce mercredi 3 avril marque la Journée nationale du Mouvement des femmes haïtiennes. La date a été décrétée en 1996, pour commémorer la marche historique menée 10 ans plus tôt par les femmes haïtiennes partout dans le pays, au moment de la chute de la dictature Duvalier.

Elles manifestaient pour une meilleure reconnaissance de leurs droits par le nouveau pouvoir en place. Depuis les féministes d’Haïti célèbrent cette journée nationale tous les 3 avril, en plus de celle, internationale, du 8 mars.

Le contexte de vive tension que connait le pays actuellement ne permet pas d’organiser de manifestation publique cette année.

Une visioconférence organisée

Mais, en Martinique, l’association Culture et égalité a décidé d’initier une rencontre ce mercredi en visioconférence avec les membres du Mouvement des femmes haïtiennes, pour évoquer l’histoire de ce mouvement, les luttes engagées mais aussi la situation actuelle des femmes en Haïti.

Danièle Magloire

Porte-parole du Mouvement des femmes haïtiennes, la sociologue Danièle Magloire, jointe en Haïti, explique en quoi les femmes sont les premières victimes de ce climat d’extrême violence.

Chaque fois qu’il y a des périodes de troubles exacerbés où la violence est utilisée pour soumettre la population, les femmes sont particulièrement ciblées comme individus de sexe féminin, avec la question du viol utilisé comme une arme politique. En plus de ça, quand des gangs criminels attaquent des quartiers, nous sommes une société à très forte monoparentalité féminine, alors quand les femmes ne peuvent pas travailler normalement, alors qu’elles ont la charge des enfants, cela les affecte particulièrement. Elles sont quand même obligées de sortir. Elles vivent dans des quartiers défavorisés, systématiquement attaqués et se retrouvent dans les gros contingents de personnes déplacées avec les enfants 

Viols, kidnapping, impossibilité de travailler pour nourrir sa famille, c’est un quotidien difficile que décrit Danièle Magloire pour les femmes des quartiers populaires haïtiens. Surtout que les associations peinent elles-aussi à leur venir en aide. 

Pour les associations, en fonction de là où elles se situent, il y a des zones où l’on n’arrive pas à travailler. Tout est à l’arrêt. Il y a des risques dès que l’on circule. Surtout, l’accueil des femmes, des survivantes de violences , st devenu de plus en plus compliqué, notamment avec les attaques perpétrées au niveau des structures hospitalières qui font partie de la chaîne de référence pour la prise en charge des femmes et des filles violentées. Cela nous pose vraiment de très gros problèmes. Des femmes étaient en cours de réhabilitation, c’est vraiment compliqué. Les militantes elles-mêmes sont victimes. N’importe qui peut être kidnappé, essuyer des tirs, une balle perdue… Les balles perdues sont quelque chose de récurrent avec tous les dégâts que cela cause 

À ÉCOUTER Grand entretien avec Danièle Magloire recueilli par Katleen Bilas-Coppet

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