Un Martiniquais dénonce des viols et agressions sexuelles de la part d’un prêtre en Martinique, il y a 49 ans
[EXCLUSIVITÉ RCI] Près de 50 ans après les faits, Michel (*), un Martiniquais d’une soixantaine d’années, a choisi de libérer la parole pour dénoncer des faits de viols et d’abus sexuels commis en Martinique de la part d’un prêtre bien connu à l’époque.

Un homme aujourd’hui âgé d’une soixantaine d’années a décidé de briser la loi du silence pour dénoncer des faits de viols et d'agressions sexuelles qui se seraient déroulées au début des années 70, en Martinique.
À l’époque, Michel (*) a 9 ans. Invité de la rédaction ce lundi 17 mars, il raconte le calvaire qu’un prêtre lui aurait fait subir pendant 6 mois au Presbytère.
Dans les années 70-71, j’ai subi des agressions sexuelles de la part d'un prêtre qui a exercé dans une paroisse du sud de la Martinique, une paroisse de Fort-de-France. Et ce prêtre, il était à la tête également d'une chorale très connue à l'époque de la Martinique
Jusqu’ici, le Martiniquais n’en avait jamais parlé publiquement.
Mais j'en ai parlé à une commission d'enquête il y a à peu près 5 ans, qui s'appelle la CIASE (Ndlr : Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église) où j'ai été auditionné. Ensuite, la seule personne qui est au courant de ça, ça a été mon amie. Elle a découvert ces faits quand j'ai été auditionné le jour de l'audition, mais elle n'en avait jamais rien su.
Une plainte déposée en 2020
En 2020, 49 ans après les faits, le Martiniquais a dénoncé à la justice des faits de viols et d’agressions sexuelles. L’affaire a été classée sans suite, en raison de la prescription des faits évoqués.
La douleur, elle, est toujours très vive pour cet homme qui souhaite aujourd’hui libérer la parole.
À chaque fois quand ça revient dans l'actualité, c'est comme une blessure qui est toujours ouverte et qui ne se referme pas. Récemment il y a eu l'affaire Bétharram. Et moi, ce que je voudrais, c'est que les gens sachent que ces faits se sont également produits en Martinique, pour qu'ils ne se reproduisent plus jamais, mais ça j'en doute...
Rompre le silence
50 ans après, Michel a encore beaucoup de mal à évoquer ces faits sans fondre en larmes.
Je pensais qu'il y aurait eu d'autres victimes qui se seraient présentées, qui auraient dénoncé les faits parce que je suis sûr et certain, même après les enquêtes de la CIASE et de la gendarmerie, que je ne pouvais pas être le seul parce que le mode opératoire de cette personne relevait d’un procédé de prédateur sexuel.
Le sexagénaire souhaite que la « honte » change de camp et que d'autres victimes puissent prendre la parole.
Au moment de l'audition par la CIASE, des contacts ont été pris avec l'archevêché mais « cela n'a rien donné », regrette-t-il.
Moi ce qui me soulagerait, c'est que ce prêtre ne puisse pas être enterré comme un prêtre mais comme un citoyen lambda, ce serait un soulagement
(*) Pour des raisons d’anonymat, sa voix et son prénom ont été modifiés.
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