Le CAEFP de Ducos, un centre pour remettre les jeunes en difficulté sur les rails
Le Centre d’action éducative de formation professionnelle de Ducos accueille une trentaine de jeunes en difficultés, âgés de 12 à 18 ans, encadrés dans un parcours scolaire, éducatif et d’insertion.
Accompagner les jeunes Martiniquais les plus vulnérables. C’est l’objectif du Centre d’action éducative de formation professionnelle (CAEFP), situé à Ducos.
Ce mercredi (24 septembre), le président du conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Martinique (CTM), Serge Letchimy, a pu le visiter.
C’est le seul lieu de placement de l’île qui bénéficie d’une double habilitation : protection de l’enfance et prévention de la délinquance.
Les jeunes sont placés par l’Aide sociale à l’enfance ou la Protection judiciaire de la jeunesse.
Des parcours de vie cabossés
Une trentaine de jeunes, âgés de 12 à 18 ans, victimes de violences, en grande précarité ou présentant des troubles du comportement y sont actuellement accueillis.
C’est un lieu de vie qui leur permet également d’être encadrés dans leurs parcours scolaire ou d’insertion.
Derrière les rires et l'agitation, il y a des parcours de vie cabossés comme celui de Djemael, 14 ans, placé ici à la suite de problèmes familiaux. Arrivé au centre il y a trois mois, l'adaptation est difficile.
Je ne retrouve pas ma liberté d'avant. Quand j'étais chez moi, je sortais souvent. Ici, tu es obligé de demander à chaque fois.
Pour Raphaël, 16 ans, c'est plutôt un soulagement d'être ici. Balloté de foyer en foyer depuis son plus jeune âge, il semble aujourd'hui avoir trouvé son équilibre, notamment grâce à des ateliers proposés dans la structure.
Je fais la cuisine et, des fois, je parle avec les enseignants de mon projet professionnel. J'ai déjà eu un diplôme de CAP commerce et là, je vise pour aller au CFA du François.
Du côté de Laurann, 16 ans, c'est plus compliqué. Son quotidien, elle le décrit comme mouvementé.
Au niveau du comportement, c'est très compliqué. Il y a beaucoup de cris, de mauvaises ententes.
Educateurs spécialisés
Des éducateurs spécialisés sont là pour les aider à prendre leurs marques et à retrouver un cadre.
Ils sont trois par unité. Mélanie Delomier décrit sa relation avec les jeunes.
C’est un lien parfois conflictuel, des fois je joue le rôle de maman ou de copine, ça dépend.
Mais pour elle, le plus compliqué à gérer, c'est le manque d'effectifs.
On a besoin parfois d'être plus nombreux sur le site. Des fois, c'est géré un peu à la dernière minute. Il y a un rendez-vous, une urgence et on n'est pas assez nombreux. Ça génère un peu de stress et des fois, on fait tout un peu vite.
Selon Patrick Contois, le directeur du CAEFP, le problème n'est pas tant le manque d'effectifs que le besoin de professionnalisation.
Les difficultés des jeunes évoluent. Nous sommes confrontés de plus en plus à des problématiques de violences, de toxicomanie. Du coup, nous avons besoin de professionnaliser davantage encore notre équipe et de recruter des professionnels de plus en plus compétents et de plus en plus expérimentés. Le territoire manque quelquefois de ces professionnels.
« Améliorer les passerelles »
Serge Letchimy a, lui, insisté sur l'accompagnement des jeunes pour leur éviter au sortir du centre de retomber dans leurs difficultés.
J’ai ressenti un besoin d'accompagnement sous forme de passerelle. C’est la même réalité du côté de l'Espérance ou dans d’autres centres comme la Ruche, y compris pour les enfants placés dans des familles. Nous devons améliorer les passerelles pour qu'on n'ait pas de sorties négatives, c’est-à-dire des enfants qui retombent dans les difficultés voire la délinquance. C’est un point qu'il faut améliorer parce que ça peut être un point faible. Il va falloir que tout le monde joue le jeu, les entreprises, les administrations… pour proposer un accompagnement le plus large possible.
Un accompagnement adapté
Si la plupart des jeunes sont scolarisés dans des établissements extérieurs, une dizaine sont accueillis au sein même de la structure via le CRRI, le Centre de remobilisation, de redynamisation et d’insertion.
Deux enseignants détachés de l’Education nationale sont là pour proposer un accompagnement adapté à chaque profil.
Céline Guitteaud est l’un d’entre eux et elle explique leur rôle auprès de ces jeunes.
La plus grande difficulté, déjà, c'est de les mobiliser le matin. Ce sont des jeunes qui ont perdu les codes sociaux : se réveiller tôt le matin, prendre sa douche, aller manger. Il faut aller vers eux. Tous les matins, on les sollicite pour qu'ils viennent à notre rencontre. Et puis, on va les intéresser à l'apprentissage. Leur parler des différentes formations qui existent, leur expliquer comment on peut apprendre, les revaloriser aussi. Ce sont des jeunes qui peuvent manquer de confiance en eux, d'estime d'eux-mêmes. Il y a tout un travail à faire. C'est assez complexe, mais il y a plusieurs domaines à travailler avec ces jeunes.
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