En redressement judiciaire, l’association Lasotè réclame 430 000 euros à la CTM
L’association Lasotè, engagée dans la transmission des pratiques agricoles ancestrales, a été placée en redressement judiciaire le 24 juin. Selon ses responsables, la survie de la structure est compromise par le non-versement de subventions de la CTM.
L’association Lasotè, qui œuvre depuis 17 ans à la transmission de pratiques agricoles ancestrales dans le Nord Caraïbe, est en grande difficulté financière.
Le 24 juin dernier, le tribunal mixte de commerce de Fort-de-France a prononcé son placement en redressement judiciaire.
Pour les dirigeants, la survie de l’association est menacée du fait du non-paiement des subventions dues depuis 7 ans par la Collectivité Territoriale de Martinique au titre du FSE, le Fonds Social Européen, pour les exercices 2015, 2016 et 2017.
Selon le Lasotè, la CTM doit 430 000 euros.
Pour survivre, l’association a repris la livraison de ses paniers et légumes.
« On s’entraide »
Annick Jubenot, directrice de l’association Lasotè, explique que seule l’entraide, qui est au cœur des missions de la structure, permet aujourd’hui de continuer.
Le miracle de la survie, c'est le fait que nous soyons militants, qu'on vive notre éthique, c'est-à-dire le respect. On s'entraide. Sinon, je pense que depuis longtemps, on serait déjà partis. C'est dans les moments difficiles qu'on connaît le caractère de chacun. Si on a pu continuer à fédérer, c'est peut-être parce qu’il y avait beaucoup d'amour entre nous. Je pose la question aux gens, que vous voulez symboliquement vivre ? Des conteneurs qui continuent à rentrer ou créer une économie agricole pour permettre à des associations comme la nôtre d’exister ? Il faut que toutes les petites associations qui promeuvent le manger sain, l'agriculture locale aient du sens. Comment un gamin peut avoir envie de faire un métier agricole - qui est un métier noble et beau et consiste à donner à manger - s’il se rend compte que ceux qui ont choisi de faire ce choix-là sont considérés comme des gens de seconde zone, qu'on pense incapables de réflexion et de gestion administrative ?
« De 17 à 3 salariés »
Pour Annick Jubenot, la situation est extrêmement compliquée.
Ce qu'on redoutait est arrivé. On est en redressement judiciaire depuis le 24 juin. Depuis 2018, nous sommes dans l'attente de règlements de fonds européens et à ce jour, on n'a toujours pas de bilans finaux alors qu'on avait demandé une intermédiation à la préfecture, qui a joué le jeu, et nous sommes toujours dans l'attente de la réaction au niveau de la CTM. On a demandé un référé pour pouvoir recouvrer ces sommes pour permettre à l'association de vivre. Aujourd'hui, de 17 salariés, nous sommes passés à trois. C'est grâce à l'aide de nos membres que nous continuons à faire les paniers. Ça fait un an que je n'ai pas reçu de salaire. Les salariés qui sont là sont de véritables militants. Le risque, il est certain, puisque ça va faire quatre ans que nous sommes en grande difficulté. Et le redressement judiciaire, il faut qu'on soit capable d'en faire quelque chose de positif. On y travaille, mais j'avoue que c'est très difficile parce qu'on sort de loin et c'est très compliqué. Je ne peux pas rentrer dans les détails. Le miracle qui pourrait arriver, c'est qu'une partie des fonds qui nous sont dus nous soit versée pour nous permettre de nous en sortir et permettre de pouvoir avoir un plan de redressement qui soit pérenne.
« Un levier de développement »
Annick Jubenot revient sur le travail accompli depuis 2008 et souhaite encore se battre.
Quand nous avons démarré l'association, notre objectif, en 2008, était de sauver un pan de notre tradition que personne ne connaissait en Martinique qu'on appelait le lasotè. C’était une activité agricole qui se trouvait surtout sur le Nord Caraïbe, c'est-à-dire du Prêcheur jusqu'à Schoelcher. On a mis tout notre cœur pour valoriser cette pratique. On s'est dit que notre culture pouvait être un levier de développement du territoire. Et ça l'a été pour Fonds-Saint-Denis. Le lasotè, c'est la mutualisation d'agriculteurs, non seulement dans le travail, mais dans toute une organisation sociétale qui permet de pouvoir vendre des surplus de production. C'est ce que nous faisons puisque nous vendons nos paniers depuis 2015 dans des points de rencontre, à Trinité, Saint-Pierre, Case-Pilote, Fort-de-France et Ducos.
Interrogée, la CTM n’a pas souhaité répondre officiellement du fait d’une procédure judiciaire toujours en cours.
En juillet dernier, l’association, qui avait saisi le tribunal des référés, a été déboutée sur la forme. Mais le fond du litige n’a, à ce jour, pas été tranché.
√ Rejoignez notre Chaîne Whatsapp, RCI INFOS MARTINIQUE, pour ne rien rater de l’actualité : cliquez ici.






