Début des travaux à Grande Savane au Prêcheur, un soulagement pour les agriculteurs
Plus de cinq mois après l’éboulement du 7 mai qui avait coupé la route en deux, les travaux d’aménagement d’une route provisoire ont débuté à Grande Savane au Prêcheur. Si la mise en chantier redonne un peu d’espoir aux agriculteurs et éleveurs, ils dénoncent des retards lourds de conséquences pour leurs exploitations.
Les travaux engagés par Cap Nord, avec le soutien de la CTM et de l’État, ont démarré il y a un peu plus de quinze jours. Ils consistent d’abord à créer une route provisoire, attendue d’ici un mois, avant la construction, à plus long terme, d’un pont hydraulique en béton.
Deux phases de travaux
Pour Charles Cyrille, agriculteur à Case Man Julien sur une parcelle de trois hectares, le lancement des travaux représente un premier pas attendu depuis des mois.
C’est un gros soulagement. Tout n'est pas perdu. En fin d'année, on a beaucoup d'agrumes, tout ce qui est orange, mandarine, citron. Donc c'est important pour nous de pouvoir réussir à s’en occuper. Il y a un producteur de porc qui a déjà perdu 50% des porcs. Si les porcs ne transpirent pas, on ne peut pas leur donner la quantité d'eau dont ils ont besoin, donc ils meurent.
Depuis l’affaissement de mai dernier, une quarantaine d'agriculteurs doivent parcourir parfois jusqu’à 4,5 km à pied pour accéder à leurs cultures et bétail. Cette situation a entraîné des pertes économiques et sanitaires considérables.
Selon Charles Cyrille, le chantier aurait pu être lancé bien plus tôt.
Il y a une route qui sera provisoire, histoire de nous permettre de monter déjà avec les véhicules, les tracteurs. Et puis, en même temps, ils vont construire un pont plus solide, en dur, en béton, pour ensuite réguler le trafic. Et après quoi, ils vont démonter la route provisoire qu'ils sont en train de faire. Mais ça va vite. En 15 jours de travaux, ça prouve que s'ils avaient commencé en novembre de l'année dernière, comme c'était initialement prévu, le chantier serait déjà livré depuis longtemps.
D’importants retards
Pour beaucoup, ce retard s’explique par la lourdeur administrative.
En France, on ne sait rien faire de simple, tout est compliqué. Malheureusement, il y avait des procédures à respecter, d'où le temps que cela a pris pour être réalisé. Après, c'est un quartier où vivent des petits agriculteurs. Ils se disent peut-être qu'il n'y a pas beaucoup d'enjeu, mais pour moi, il y a un enjeu qui est énorme parce que beaucoup de retraités continuent à travailler parce que leur retraite ne leur permet pas de couvrir leurs charges.
Mais au-delà des pertes directes, la question des indemnisations reste très floue. Selon les règles actuelles, les agriculteurs de Grande Savane ne seraient pas éligibles à certaines aides financières.
J’avais demandé une aide mais visiblement on ne peut pas aider les agriculteurs financièrement dans ce coin parce qu'ils ne répondent pas à ce que la France appelle une ‘catastrophe naturelle chez un agriculteur’. C'est-à-dire que la catastrophe a endommagé la route, mais pas les cultures. Les cultures perdues et donc l'argent perdu, c'est un dommage collatéral par rapport à la route selon eux.
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