Aude Goussard : « Sans le peuple, les discussions sur la vie chère n'aboutiront pas »
La secrétaire du RPPRAC revient sur les nuits de violences et les exactions commises à Fort-de-France. Elle tient à bien distinguer les pillages et les divers actes de délinquance du combat qu’elle et les membres de son association mènent contre la vie chère.
Nuits de violences à Fort-de-France, commerces brûlés ou pillés, forces de l’ordre et civil touchés par balles…
Le mouvement engagé par le RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et Ressources Afro-Caribéennes) contre la vie chère le 1er septembre dernier a pris un nouveau tournant.
Dans un communiqué, l’association indique condamner « la répression policière initiée par le préfet depuis le 11 septembre » et appelle également à stopper la spirale de violence par le dialogue.
Aude Goussard, la secrétaire du RPPRAC, présente ce matin devant la préfecture aux côtés des commerçants et des taxis de place, réagit aux débordements de ces derniers jours derniers.
Pour moi, les violences ont commencé à partir du mercredi 11 septembre. Quand, de manière tout à fait pacifique, mercredi, jour des enfants, les parents étaient présents. Les mêmes personnes qui étaient debout devant Carrefour Dillon sont les clients de Carrefour Dillon. Ces clients sont venus devant votre hypermarché pour vous dire : « Baissez les prix, on n'en peut plus », ont emmené leurs enfants parce que le parking était vide, ont profité pour mettre leur trottinette, leur vélo. C'était une ambiance très bon enfant. Le président du RPPRAC ne cesse de le dire : « On n'a pas besoin de violences pour faire avancer nos idées ». Regardez comment ça se passe bien. Cinq fourgons arrivent. Sommation et gaz lacrymogène. Ce qui nous frustre, c'est que la caméra embarquée des gendarmes voit qu'il y a des enfants. Qui leur donne l'ordre de gazer, si ce n'est pas monsieur le préfet ? À partir du moment où des enfants tous pleurent, crient, s'époumonent, que voulez-vous qu'il se passe derrière ? Forcément, il y aura de la violence
« On veut un débat public »
Elle tient toutefois à distinguer les pillages de ces derniers temps du mouvement contre la vie chère.
Le RPPRAC n'a que trois mois d'existence. Combien d'événements se produisent à la Martinique depuis 2020 ? Quelles sont les zones de Fort-de-France qui prennent feu ? Comment oser dire que ce serait monsieur Rodrigue Petitot, au prétexte qu'il serait défavorablement connu, qui incite les gens à casser, à aller voler, à aller ouvrir des conteneurs. Vous avez dans une zone de Fort de France où sont concentrés des logements sociaux, des populations défavorisées, une zone d'éducation prioritaire. Vous y implantez des commerces à haut standing avec tous ces jeunes qui galèrent pour avoir un transport pour aller à l'école, qui restent des heures plantés là sous le soleil à attendre un transport, qui voient des gens qui sortent avec du matériel, que pensez-vous qu'ils aient envie de faire quand ils ont une occasion ? Ils vont se servir parce qu'ils n'ont pas les moyens de le faire. Comment oser penser qu'un mouvement social, pacifique, qui milite contre la vie chère, peut inciter les gens à faire des choses comme ça ?
Pour la suite, le RPPRAC continue à demander à ce que les discussions concernant la vie chère soient publiques, comme le rappelle Aude Goussard.
Monsieur le préfet est incapable d'expliquer pourquoi il ne veut pas que les débats soient publics en prétextant qu'ils seraient trop techniques à la compréhension de tous. Une injonction au 1ᵉʳ septembre, une table ronde le 5 septembre, une deuxième table ronde le 11 septembre et une troisième table ronde au 18 septembre. Vous avez le sentiment que les prix ont baissé ? Toujours pas. On nous dit qu'il faut attendre qu'un gouvernement soit en place. On dit que des propositions apportées par le Syndicat de la Grande Distribution Alimentaire, le SDGA, seraient déjà des solutions. Nous disons non, ce n'est pas ça une négociation. Donc, il y a quelque chose qui se passe entre le préfet et le syndicat de la grande distribution. Sans le peuple, ça n'aboutira pas. Donc, crescendo, le port a donné une semonce, la Sara a donné une semonce. Maintenant, les transporteurs montent au créneau
Plusieurs pistes de travail sont actuellement avancées, à la fois par la Collectivité Territoriale de Martinique (blocage des prix, suppression de l’octroi de mer sous conditions), par l’Etat, comme la TVA à taux 0 -au lieu de 2,1%-, comme à Mayotte ou en Guyane ou par les distributeurs, qui réfléchissent à une liste de 2500 produits.
Lors de la deuxième table ronde, la grande distribution a annoncé qu'elle fera le même effort que celui qui sera fait sur les frais d'approche.
Mais, pour le RPPRAC, qui demande l’alignement des prix des produits alimentaires sur ceux de l’Hexagone, ce n’est pas encore assez. Dans son communiqué, l’association estime qu’ « un dialogue est urgent et indispensable ».
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