Table ronde sur la vie chère : une « mission flash » d’experts financiers et fiscalistes attendue ce lundi

Par 12/09/2024 - 15:56 • Mis à jour le 13/09/2024 - 05:37

Pendant près de 3 heures ce matin (jeudi 12 septembre), les services de l’Etat, les acteurs de la grande distribution, les élus, les associations de consommateurs ont échangé pour finaliser un dispositif de baisse des prix qui puisse être pérenne.

    Table ronde sur la vie chère : une « mission flash » d’experts financiers et fiscalistes attendue ce lundi

Près de 40 acteurs étaient représentés ce matin à la table ronde initiée par le préfet de Martinique, Jean-Christophe Bouvier. Les trois représentants du Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources et Afro-Caribéens (RPPRAC) ont, comme la semaine dernière, rapidement quitté la salle, devant l’interdiction de filmer en direct.

Le représentant de l’Etat a, de son côté, détaillé le pourquoi des 2500 produits de première nécessité. Ce qui correspond globalement aux 54 familles de produits énoncées hier par Serge Letchimy, le président de la Collectivité Territoriale de Martinique, collectivité d’ailleurs absente à la table ronde.

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Quatre grands axes ont été évoqués, regroupant les 11 propositions (voir ci-dessous) destinées à faire baisser les prix : réduction des frais d’approche, réduction de la fiscalité, contribution des distributeurs à la baisse des prix et renforcement de l’autonomie alimentaire.

Les efforts de la grande distribution

Les distributeurs se sont exprimés. Leur porte-parole, Sébastien Daire, du groupe SAFO a présenté les mesures. La liste des 2500 produits n’est pas encore arrêtée, les distributeurs étaient encore réunis mardi pour en discuter.

Selon eux, il s’agit de trouver les produits qui auraient le plus d’impact sur le chariot du consommateur.

La grande distribution annonce qu’elle fera le même effort que celui qui sera fait sur les frais d’approche.  

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Stéphane Hayot, directeur général de GBH, assure « comprendre » (la colère du peuple) : « on veut aussi faire changer les choses ! ». Sur 100 euros payés en caisse, 76 paient la marchandise du caddie, 10 paient les salaires, 12, les assurances et autres frais, précise-t-il

Ça fait 12 ans que nous essayons de trouver des solutions comme la péréquation pour inverser cette tendance de vie chère !

Le préfet lui demande s’il est prêt à baisser sa marge. Elle est seulement de 1 à 2%, répond-t-il. Il précise que s’il la baisse, c’est toute la chaîne qui sera impactée.

Des contrôles renforcés de l'Etat

Alain Coridon, représentant du groupe Fernand Ho Hio Hen, évoque des prix export « Spécial dom » qui ne sont pas proposés aux acheteurs par les plateformes des grossistes.

La représentante de la Deets (Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités) en parle également : pour elle, l’État doit contraindre davantage, ou contraindre tout court, ces plate-formes à le faire.

Patrick Fabre, président du groupe Creo, prend la parole et confirme son engagement de faire des efforts, dans la transparence et à aller même au-delà des 54 familles de produits. Il se dit prêt à vendre au prix Métropole si les autres frais  baissent aussi.

Monsieur le préfet, vous êtes prêts à renverser la table et je comprends ! C'est essentiel, il faut changer les choses

Le député Jiovanny William veut entrer dans le concret. Il demande l’application réelle de la loi Lurel, le nutriscore… « Vous avez raison monsieur Fabre, il faut changer le modèle économique », lance-t-il, estimant aussi que les débats auraient pu être filmés.

La suppression de l'octroi de mer en question

Justin Pamphile, le président de l’association des maires, évoque la proposition de Serge Letchimy de supprimer l’octroi de mer et l’octroi de mer régional sur 54 familles de produits.

« Une fausse bonne décision ». Et d’ajouter : « le président du conseil exécutif affirme que c est décidé , je suis conseiller territorial, je n’ai rien voté ! ».

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Pour Philippe Jock, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie, une telle mesure se chiffrerait d’ailleurs plutôt autour des 13 millions d’euros que les 5,9 millions d’euros évalués par la CTM.

Selon lui, il paraît peu probable d’arriver à un accord sur ce sujet d’ici la plénière du 3 octobre. 

Il faut se battre vraiment sur la continuité territoriale », soutient-il mais « arrêter de faire croire aux Martiniquais qu’ils auront même prix que l’Hexagone pour leur alimentation ! 

Parmi les mesures proposées par l’Etat, figure une baisse de la TVA de 2,1 à 0%, comme en Guyane ou à Mayotte. Le député Marcellin Nadeau demande son application en Martinique. Une décision à l’étude mais qui relève du gouvernement, rappelle le préfet.

Il faut la chiffrer, évaluer son impact réel et garantir que, si elle a lieu, elle aura un impact jusqu’au bout de la chaîne.

Des experts financiers pour consolider les choses

Roland Poletti, le directeur de l’Union Départementale des Associations Familiales (UDAF), espère, dans tous les cas, la pérennisation du système qui sera trouvé pour lutter durablement contre la vie chère.

Il insiste sur la paupérisation de la population avec une hausse du nombre de seniors qui seront retraités et devront vivre avec une faible pension de retraite. « Il faut aussi prendre cela en compte ».

Les calculs et listes de produits sont encore en cours de finition. Le préfet annonce l’arrivée d’experts fiscalistes et financiers, à travers une « mission flash », dès ce lundi, pour aider à « valider les dispositifs, aller jusqu’au bout du possible pour proposer quelque chose de solide au ministre qui va prendre ses fonctions la semaine prochaine », décrit Jean-Christophe Bouvier.

Le préfet l’assure : « On a un objectif ferme et déterminé d’obtenir une application rapide » de toutes les mesures énoncées, afin de proposer une baisse des prix pérennes de 15 à 20%.

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INFOS +

Les 11 propositions

1. Réduire les frais d'approche par la constitution d'un fonds de compensation financé par :

  • Aide publique au fret au titre de la continuité territorial
  • Soutien privé au fret
  • Péréquation sur tout ou partie des autres produits importés

2. Réduire la fiscalité

  • Remédier à la double taxation (Octroi de Mer intégré dans la formation du prix)
  • Baisse de la TVA sur les produits de grande consommation (2,1 à 0%)
  • Défiscalisation du fret (réduire la TVA à l'import)
  • Baisse de l’Octroi de mer sur les produits de grande consommation (ou péréquation)

3. Contribution des distributeurs à la baisse des prix

  • Prix Export
  • Charte d’engagement
  • Autres contributions

4. Renforcer l’autonomie alimentaire

  • Structuration de la filière agricole
  • Mise en place d’une cotisation interprofessionnelle étendue (CIE) à l’image de la Réunion

Chiffres-clé

  • 80 % des produits consommés en Martinique sont importés
  • 67 % du différentiel de prix entre l'Hexagone et la Martinique sont dus aux frais d'approche (source CCI)
  • 5.000 euros de frais d'approche par conteneur (source SDGA)
  • 4.000 conteneurs de produits de grande consommation sur 52.000 conteneurs importés
  •  854 M€ de TVA collectée dont 78,5 M€ de TVA réduite (2,1%), 492,7 M€  de TVA normale (8,5%) (source DRFIP, année 2023).
  • 348 M€ d'octroi de mer perçu dont 252 millions d'euros bénéficient aux communes et 96 M€ bénéficient à la collectivité territoriale (source DRFIP année 2023)

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