Favoritisme et corruption passive : le procès "Odyssi" s'ouvre enfin
Même si l'audience se tient physiquement à la cour d'appel de Fort-de-France, c'est bien la première fois que le tribunal correctionnel de Fort-de-France se penche sur le dossier Odyssi. Les prévenus font face à la justice, 7 ans après l'ouverture de l'instruction.

Voilà 7 ans qu'un juge d'instruction a été nommé pour diriger les investigations sur plusieurs marchés publics contractés par la régie communautaire Odyssi. Ces marchés passés entre 2011 et 2016 étaient marqués du sceau du soupçon.
En 2018, l'ancien procureur de la République, Renaud Gaudeul avait annoncé l'ouverture d'une information judiciaire visant l'ancien directeur d'Odyssi et l'ancien directeur clientèle.
Ils sont jugés pendant trois jours pour des faits de "favoritisme, détournements de fonds publics, prise illégale d'intérêts, corruption passive" pour le premier et de "prise illégale d'intérêts, recel d'abus de biens sociaux".
Ils sont accusés "d'avoir favorisé, par des moyens illégaux, des candidats dans le cadre de marchés publics". En d'autres termes, des entreprises au sein desquels ils détenaient des intérêts directs ou indirects avaient obtenu des marchés publics de travaux mais aussi de conseils grâce à leur intervention.
À l'entame de l'instruction, le préjudice était estimé à 2,5 millions d'euros. 15 marchés ont été identifiés.
La Cacem partie civile
Dans cette affaire, la Cacem, dont dépend une large partie du financement de l'EPIC, s'est constituée partie civile. L'avocate de la collectivité, maître Muriel Renar-Legrand, regrette l'absence du principal prévenu, Jean-Max Corensson Beaudu, ancien directeur d'Odyssi :
Ce matin, le président a lu le rapport des faits, en s'appuyant sur le rôle de monsieur Corensson-Beaudu, principal protagoniste de cette affaire, cerveau de ce dossier et qui malheureusement n'est pas présent à l'audience. C'est dommage, parce qu'on avait beaucoup de questions à lui poser
Pour l'avocate, l'enjeu est particulièrement important pour la collectivité :
Il s'agit de dénoncer un système de corruption qui a sévi pendant pas mal de temps, sous l'égide du directeur d'Odyssi. Il s'est accaparé les marchés publics via la création d'entreprises dans lesquels il avait des intérêts, faussant ainsi la concurrence. C'est assez consternant
Il est à noter que si l'audience se tient à la cour d'appel, il s’agit bien d'un procès en première instance. L'audience a été délocalisée pour des raisons logistiques.
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