Emeutes et pillages en Martinique : plus de 30 procédures ouvertes depuis le 1er septembre

Par 18/09/2024 - 19:15

Clarisse Taron, la procureure de la République de Fort-de-France, a dressé un bilan des actions menées face aux violences de ces derniers jours et évoqué quelques dossiers en particulier.

    Emeutes et pillages en Martinique : plus de 30 procédures ouvertes depuis le 1er septembre
Jean-Christophe Bouvier et Clarisse Taron

Pour la procureure de la République, Clarisse Taron, la question de la vie chère est on ne peut plus légitime mais, les débordements des derniers « sont bien loin » de cette revendication initiale, a-t-elle estimé, lors d’une conférence de presse commune avec le préfet.  

Depuis le 1er septembre, plus de 30 procédures ont été ouvertes, plus de 20 cambriolages et plus de 7 procédures pour tentative d’homicides sur les policiers (parfois plusieurs victimes pour une même procédure), sont, à ce jour, enregistrés.

Plusieurs procédures ont été ouvertes pour « entrave à la circulation », une infraction du code de la route », parce que, assure la magistrate, « premièrement, c’est dangereux et, deuxièmement, c’est une atteinte à la liberté d’aller et venir ».

Et de préciser :  

Ce code de la route s’applique également sur les voies ouvertes à la circulation publique, c’est-à-dire les parkings. L’infraction est passible d’une peine maximum de 2 ans de prison

Depuis le début du mois, ce sont aussi plus d’une quinzaine d’interpellations qui ont eu lieu pour des motifs très divers : dégradations, entraves, participation à des manifestation avec le visage cagoulé, vols, violences et éventuellement des tirs.

Des mineurs en garde à vue 

Sur les deux derniers jours, une dizaine de garde à vue ont été opérées, dont trois mineurs, présentés au parquet ce mercredi, avec une réponse pénale « adaptée ».

Face aux débordements violents, « la réponse du parquet doit être à la fois rapide et significative mais également légaliste et prudente ».

Quand des infractions sont commises, si j'identifie les auteurs, je les traduis devant une juridiction en ayant recours à des procédures rapides pour obtenir des réponses fermes du tribunal mais j’exerce toujours un contrôle sur la procédure et sur les charges qui pèsent sur les personnes qui peuvent être interpellées. Il se peut qu’une interpellation qui a pu se faire dans un contexte difficile ne permette pas dans un seconde temps de réunir des éléments contre la personne visée et que celle-ci, et c’est bien normal, soit libérée

11 policiers blessés 

À ce jour, 11 policiers ont été blessés à la suite de tirs par arme à feu à Fort-de-France.

C’est une des priorités de la réponse pénale. Si on arrive à identifier les auteurs, ils seront traduits avec la plus grande fermeté. Mais, il faut bien le dire, quand on a affaire à un vol de moineaux d’une vingtaine de personnes, c’est toujours plus difficile 

Dans ces affaires, des scooters ont été néanmoins abandonnés et un travail de police technique et scientifique va être mené.

Un homme blessé par balle

Un autre dossier est considéré comme prioritaire par le parquet : le cas d’un homme grièvement blessé par balle dans la nuit de lundi à mardi et pourrait avoir des séquelles à vie.

Une enquête a été confiée à l’IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale, en co-saisine avec la Division des Investigations Spécialisées -ex PJ-).

Nous sommes en train d’étudier dans quelles circonstances cet homme a été victime d’un tir et, à ce jour, je ne peux pas vous dire si le tir émane, ou non, des forces de police. Et, si c’était le cas, dans quel contexte à quel endroit le tir a été opéré. Ce que nous sommes incapables de dire aujourd’hui

Des investigations médicales et techniques doivent être réalisées. La victime n’a, jusqu’à aujourd’hui, pas pu être en mesure d’être entendu. « Sa santé est, pour le moment, prioritaire évidemment », confirme Clarisse Taron.


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