Déboulonnage des statues : le ministère public s'en remet au tribunal après les témoignages des prévenus
Une partie des 11 prévenus s'est exprimée à la barre du tribunal correctionnel ce vendredi matin. Le ministère public a fait le choix de ne pas formuler de réquisitions précises à l'encontre des femmes et des hommes jugés par la destruction de quatre statues en Martinique en 2020.
Au terme d'un réquisitoire qui a parfois laissé l'assistance interrogative, la représentante du ministère public a bizarrement remis la charge au tribunal d'évaluer les peines qui pourraient être infligées aux 11 prévenus accusés de la destruction de quatre statues à Fort-de-France et Schoelcher en 2020.
La procureure a néanmoins demandé aux juges de ne pas retenir la notion de dossier historique en se bornant à ne statuer que sur les délits de droit commun.
Rappelant le maximum délictuelle pour chaque infraction, le ministère public a souligné l'absence de casier judiciaire pour chacun des prévenus. Un des éléments que le tribunal devrait prendre en compte selon la procureure.
La parole aux prévenus
L'entame de cette troisième et dernière journée d'audience a été consacrée à l'audition des prévenus. Tous n’ont pas souhaité répondre aux questions du tribunal, choisissant de livrer leurs déclarations en grande partie en créole. La première à la barre, Siméline Jean-Baptiste, a entamé son témoignage par une citation de Frantz Fanon sur la violence coloniale, qu’elle décrit comme "la barbarie occidentale, une assimilation imposée".
Elle a dénoncé la présence des statues de Victor Schoelcher, qu’elle a qualifié d’"égrégores coloniaux" prolongeant la domination.
Au tour ensuite de Jessye Péraste, alias Jay Assani : « Lafrans déchouké limanité nou !", a-t-elle lancé à la barre. Selon elle, ces statues insultaient les ancêtres et rappellent un esclavage qui perdure à travers l’éducation.
Et de conclure : "Fanon dit que l’aliénation est une maladie mentale, é pli gran malad la, sé zot !".
Dénégations
Bruno Pelage alias Volkan a quant à lui salué ceux qui auraient détruit les statues, sans reconnaître les faits. Denzel Guillaume a pour sa part indiqué ne pas savoir ce qu’il faisait là.
Olivier Bérisson, autre personnage public, a affirmé avoir recouvert les monuments de peinture rouge, verte et noire , des couleurs qu’il décrit comme celles de la libération.
Enfin, Alison Rolle, alias Mona, et Alexane Ozier-Lafontaine ont dénoncé le manque de reconnaissance des héros martiniquais et une mémoire toujours sélective de l’histoire coloniale.
L’ensemble de ces prises de parole a en tout cas bien souvent été marqué par des tensions, la présidente invitant à plusieurs reprises les prévenus à ne s’en tenir qu'aux faits.
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