Accident mortel de camion à Case-Pilote : Ugo Fidelin jugé pour une série de manquements à la sécurité

Par 04/09/2023 - 14:19 • Mis à jour le 05/09/2023 - 06:06

L’ancien champion du monde de jet-ski a comparu ce matin (lundi 4 septembre) pour homicide involontaire, en tant que gérant de l’entreprise ADP Caraïbes, après un accident de poids-lourd qui a coûté la vie à deux de ses salariés le 18 février 2020.

    Accident mortel de camion à Case-Pilote : Ugo Fidelin jugé pour une série de manquements à la sécurité
Accident de camion à Case-Pilote @Archives RCI

Deux hommes avaient trouvé la mort, ce mardi 18 février 2020, sur la RN2 face à la gendarmerie de Case-Pilote. Vers 10h, ils avaient perdu le contrôle de leur camion de fosse septique.

Trois ans et demi plus tard, le gérant de l’entreprise ADP Caraïbes, a comparu devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France. Ugo Fidelin, l’ancien champion de jet-ski, était jugé pour homicide involontaire en tant que personne physique et morale.

La justice lui reproche de nombreuses négligences et manquements ayant abouti à cet accident mortel.

À la barre, le prévenu reconnaît d’emblée ses erreurs, avant même l’énoncé des faits. « Je reconnais les manquements que j’ai eus. Je n’ai pas voulu créer cet accident », indique-t-il.

Nombreux dysfonctionnements

L’enquête a relevé de nombreux dysfonctionnements : absence de contrôle technique depuis 2015 et l’achat du camion, absence d’extincteur, d’assurance, ceintures qui ne fonctionnaient pas...

Le camion accidenté avait une défaillance de freinage a cause d un mauvais entretien et aucun dispositif pour limiter la vitesse au vu de son poids. En outre, les salariés de l’entreprise n’avaient reçu aucune formation de sécurité.

D’après les investigations de la gendarmerie, deux heures après cet accident dramatique, un rendez-vous avait été pris pour réaliser le contrôle technique du camion. L’enquête n’a pas pu déterminer qui a passé l’appel.

Devant ses juges, le gérant, dont le père a également une société dans le même domaine, fait profil bas. Des négligences avaient déjà été relevées avant cet accident.

Je ne respectais pas le suivi des travaux et de l’entretien. Je suis conscient de mes manquements vis-à-vis de la sécurité de mes collaborateurs. J ai appris de mes erreurs 

Des alertes pas suivies

Du côté des parties civiles, la mère d’une des deux victimes avoue que son fils, conducteur régulier de ce camion lui avait confié qu’il « avait vu sa mort arriver ».

À la barre, le père de l’autre salarié décédé, qui a lui-même travaillé pour l’entreprise avait déjà alerté de manquements à la sécurité. Il confie avoir lui-même interpellé Ugo Fidelin devant des témoins : « il va y avoir un malheur, un mort. Et voila que c est mon fils que je perds ! », lâche-t-il, en se tournant vers le mis en cause, qui écoute tête baissée ces paroles accablantes. « Il ne répare pas les camions , il les bricole ».

Pour le procureur de la République, la culpabilité du prévenu ne fait aucun doute. Il requiert 12 mois de prison dont une partie assortie de sursis.

Il demande également à son encontre une interdiction de gérer une entreprise dans le même domaine ainsi qu’une amende de 100 000 euros pour ADP Caraïbes.

À l’issue des plaidoiries des avocats de la défense et des parties civiles, l’affaire est mise en délibéré au 2 octobre.

En toute fin d’audience, Ugo Fidelin s’excuse à nouveau auprès des familles endeuillées.

 

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