Accusation de viols et d'agressions sexuelles contre un prêtre : l'Eglise de Martinique réagit
48 heures après la diffusion du témoignage de Michel (*) sur notre antenne et notre site, un représentant du diocèse de Martinique a livré la position de l'Eglise sur le sujet. L'institution se dit en faveur de la manifestation de la vérité.

En début de semaine, RCI vous dévoilait le témoignage poignant d’un homme de 63 ans, dénonçant les agressions sexuelles et viols dont il aurait été victime à l’âge de 9 ans, de la part d’un prêtre martiniquais.
Ce prélat, ordonné en 1963 et aujourd’hui à la retraite, a longtemps officié à la paroisse du François mais aussi à Monfort-Régale à Rivière-Pilote ainsi qu’à Fort-de-France. Il a également dirigé des chorales et fut l’un des pionniers de la promotion de la musique sacrée sur notre île.
Entendu en 2020 en Martinique par la CIASE, la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, la victime avait aussi écrit à l’archevêque Monseigneur David Macaire, à qui il avait transmis le compte-rendu de son audition. L'archevêque déclare dans un communiqué avoir reçu plusieurs fois la victime et fait le nécessaire auprès des autorités compétentes. Selon la procédure établie, les autorités ecclésiales ont immédiatement effectué un signalement au services du Procureur de la République.
Contacté par nos soins après la diffusion du témoignage, l’Église de Martinique a réagi par la voix du délégué de l’évêque à l’information. Le père Jean-Michel Monconthour souhaite que la vérité puisse être faite dans cette affaire :
Je ne peux pas me substituer ni à l'appareil judiciaire civil, ni religieux. Puisqu'il y a quand même des procédures canoniques qui peuvent mener à une sanction canonique. je ne peux pas m'ériger en juge de la situation. Je pense qu'il faudra que les personnes qui ont été victimes, puisque vous avez dit qu'il y avait peut être d'autres victimes, témoignent pour qu'on puisse arriver à une vérité autour de cette affaire. Parce qu'au fond, il s'agit de la question de la vérité
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Jugement canonique compliqué
La plainte de l'homme qui a témoigné sur notre antenne a été classée sans suite en raison de la prescription. Ce qui rend difficile la possibilité d'un jugement par les instances religieuses.
Qu'on puisse juger cette affaire là même de manière, de manière canonique, et pourquoi pas encore faire un recours à l'Eglise pour pouvoir avoir un jugement, c'est un possibilité. Mais c'est compliqué puisque, en général, l'Eglise se prononce après le jugement civil. Mais sur la question de la vérité des faits et du traitement des faits, pourquoi ne pas espérer que quelque chose puisse se faire .
Au François, ces accusations interpellent les fidèles catholiques, comme l’illustrent ces quelques réactions recueillies par Thomas Gendre.
Comme le rappelle le père Jean-Michel Monconthour dans un entretien complet accordé à Katleen Bilas-Coppet, l'Eglise a mis en place un dispositif pour que l’écoute et l’accompagnement des victimes soient prioritaires. Ainsi, tout témoin ou victime peut saisir la cellule d’écoute du diocèse dont les coordonnées sont accessibles sur le site internet. Les procédures canoniques internes se déroulent en général après la fin de l’enquête civile afin de ne pas interférer avec le travail de la justice.
Un échange à écouter dans notre édition de 13 heures ce mercredi (19 mars 2025).
(*) Le prénom a été modifié pour préserver l'anonymat.
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