Cri du corps et souffle de mémoire à Tropiques Atrium

Par 16/05/2025 - 08:30

Le samedi 17 mai, Tropiques Atrium Scène nationale accueille une soirée chorégraphique dense et habitée. Deux créations, “Corpo Materia “et “Dé lannuit kolé”, se partagent la scène de la Salle Frantz-Fanon.

    Cri du corps et souffle de mémoire à Tropiques Atrium
©Peggy Fargues

Au croisement du geste, du souffle et du silence, la danse contemporaine se fait ici vecteur de récits intimes et collectifs. En première partie, “Corpo Materia,” solo du chorégraphe martiniquais Madak, alias Francis Saint-Albin, explore la chair comme lieu d’empreintes invisibles.

Ce corps dansant, sculpté par le breaking et teinté de danse contemporaine, devient archive mouvante, mémoire émotionnelle et cri sans voix. La musique de Christophe Césaire et les lumières de Marie Raimbault accompagnent ce voyage intérieur, où chaque tension devient langage.

Puis vient “Dé lannuit kolé”, œuvre à trois voix du “Kolectif Tantak, où les chorégraphes-interprètes Driss Ixx, Ludivine Mirre et Isis-Stella Ceprika construisent un espace partagé, habité d’ombres et de percées lumineuses.

Soutenus par des regards extérieurs de Jean-Hugues Miredin, Laurent Troudart, Jean-Claude Bardu, et Diana Mari Cano, les artistes posent sur scène la question du lien, entre soi et les autres, entre ce que l’on montre et ce que l’on tait.

La scénographie, les lumières de Jean-Pierre Népost et les musiques originales de Driss Ixx et Yann Villageois tissent un écrin sensible à cette fresque chorégraphique.

Une démarche ancrée dans le territoire

Au-delà de la performance, cette soirée témoigne d’un processus de création profondément ancré dans son territoire. Du 8 au 12 mai, les deux compagnies ont été accueillies en résidence au Foyer de Régal, à la Ville du Saint-Esprit.

L’accueil bienveillant de la municipalité a permis de peaufiner lumières, rythmes et intentions. Les artistes ont pu finaliser leurs œuvres dans un cadre propice au travail et à la transmission

Une des interprètes l'avoue :

Si on n'avait pas eu ce moment-là en amont, je ne suis pas sûre qu'on aurait été à ce point prêts pour les 16 et 17 mai

Un extrait de “Dé lannuit kolé” a d’ailleurs été présenté en clôture du Festival Mai en Poésie, dans le cadre enchanteur des Jardins de Bertho-De-Gueydon.

Promesse de vertiges

Tropiques Atrium affirme aussi sa mission de passeur culturel. Une séance scolaire a été organisée ce vendredi 16 mai à 9h30, permettant à de jeunes spectateurs de découvrir une danse incarnée, exigeante, mais profondément accessible. Une initiative salutaire à l’heure où l’éducation artistique est plus que jamais essentielle.

Ce samedi17 mai, c’est donc une double immersion que propose Tropiques Atrium : deux écritures chorégraphiques singulières, portées par des artistes caribéens, et un même souffle d’humanité. À l’heure où l’on interroge les récits dominants, les identités fragmentées, les blessures tues, ces œuvres rappellent que le corps est un lieu politique, poétique — et intensément vivant.


INFOS PLUS : “Corpo Materia / Dé lannuit kolé” - Salle Frantz Fanon – Tropiques Atrium Scène nationale - Samedi 17 mai à 19h30 - Tarifs : 25€, 20€, 8€ - Séance scolaire le 16 mai à 9h30. Billetterie en ligne disponible.


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