Tranches d'histoires : les "Nuits Bleues" en Guadeloupe, une série d'attentats à la bombe

Par 14/10/2017 - 16:52 • Mis à jour le 18/06/2019 - 14:20

"Tranches d'Histoires" revient aujourd'hui sur une période agitée de l'histoire de la Guadeloupe : les années 80 ont en effet été marquées par une série d’attentats à la bombe, attribués ou revendiqués par les indépendantistes. En novembre 1983, une bombe vise par exemple la préfecture de Basse-Terre, faisant une vingtaine de blessés. D’autres bombes exploseront un peu partout faisant également des morts. On appela cette période mouvementée les « nuits bleues ».

    Tranches d'histoires : les "Nuits Bleues" en Guadeloupe, une série d'attentats à la bombe

Les 15 et 16 septembre 1980, des bombes éclatent dans les quartiers du Raizet et de la Marina. Le début d'une longue série d'attentats en Guadeloupe qui durera presque 10 ans. Les 16 et 17 novembre, même scénario à la Gendarmerie de Bouillante, à la banque BFC et à la tour Sécid dans les locaux de la radio RCI. L'hôtel Méridien de Saint-François est également touché tout comme les locaux de France 3 en partie soufflés. Des actes revendiqués par le GLA, mouvement indépendantiste qui donnera par la suite naissance à l'ARC.

Dans la nuit du samedi 27 au dimanche 28 mai 1983, une explosion vise vers 2 heures du matin, la sous-préfecture de Pointe-à-pitre. Quelques instants plus tard une autre bombe explose dans la salle d’audience du Palais de Justice, occasionnant d’importants dégâts. Une voiture de gendarmerie d’Anse Bertrand est aussi visée de même que les locaux de la perception de Petit-Bourg. Un peu plus tard, c’est celle de Capesterre-Belle-Eau qui est endommagée. La série continue, une autre collectivité du chef-lieu est elle aussi victime d’un engin explosif. Le parquet de Pointe-à-pitre n’y échappe pas non plus, tout comme la Mairie de Bouillante. Le produit utilisé pour confectionner ces bombes était du tétragène issu d’un stock de 300 kilos volé quelques semaines plus tôt sur un chantier.

APT

A Pointe-à-Pitre, la maison d’arrêt, la gendarmerie et la Chambre de commerce sont visées ainsi que la perception de Sainte-Rose et Port-Louis ou la nouvelle gendarmerie de Sainte-Anne. Sur leur garde, les démineurs désamorceront plusieurs engins. Des attentats qui s’enchainent de 1980 à 1989, revendiqués par l’ARC, mouvement indépendantiste Guadeloupéen. A noter que parmi les victimes, on enregistre plusieurs suspects notamment 5 militants qui lors de la fabrication d’une bombe auraient péri suite à une explosion accidentelle.

Liste

Autre fait marquant, la destruction d’un restaurant proche de l’extrême droite à Pointe-à-pitre « l’Escale » le 13 mars 1985 à 13h. Une valise contenant des explosifs avait été abandonnée sur place par des inconnus. L’explosion fera plusieurs victimes, 3 morts et une dizaine de blessés. Une famille a été particulièrement atteinte : la mère de 37 ans est décédée sur le coup, son mari et ses enfants grièvement blessés. Des touristes ont aussi été touchés. Il faut savoir que le propriétaire des lieux, membre du Front National, avait reçu des menaces de mort peu de temps auparavant.    

RFO

Suite à cette multiplication d’attentats, des renforts militaires sont envoyés en Guadeloupe. Parmi les témoins clé de cette série d’explosion, Lucette Michaux-Chevry, présidente du Conseil Général à l’époque qui avait affirmé sur les médias de l’époque qu’il s’agissait d’une « volonté délibérée de tuer ». Les autres îles ne sont pas épargnées, au total, sur presque 10 années, on recensera près de 80 faits similaires en Guadeloupe, Martinique et Guyane faisant plusieurs morts et blessés. Notez qu’à Paris, des administrations (Mairie du 20, musées…) et entreprises privées symboliques (Air France…) ont également été victimes d’attentats à la bombe au cours de ces années sombres.

Mobiles

 

Histoire ?

Au départ, œuvrait le Groupe de libération armée (GLA), une organisation luttant pour l’indépendance des Caraïbes. Après l’arrestation de ses membres et sa dissolution, un nouveau groupe continua les actions armées, l’ARC a un niveau plus local jusqu’à la fin des années 80. L’Alliance révolutionnaire caraïbe était un groupe luttant plus précisément pour l’obtention de l’indépendance de départements Français des Antilles. Une figure emblématique de l’époque, Luc Reinette, condamné à 33 ans de prison mais finalement amnistiés par la suite. Aujourd’hui, l’homme d’un certain âge, reste toujours engagé dans la vie publique Guadeloupéenne notamment dans la prévention des risques sismiques.

Sources et images : "Guide des faits divers aux Antilles" G.Gardebled/G.Martial,Médiaphore,Ya30ans,INA/RFO photos,www.vice.com,Gettyimages

 


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