Une marche de 456 km dans l'Hexagone pour sensibiliser au scandale chlordécone
Lilith et Chacha, un couple militant, ont marché entre Versailles (Ile-de-France) et Saint-Brieuc (Bretagne), durant ce mois d’août, pour parler du chlordécone et de ses répercussions sur la santé des Antillais. Ils ont multiplié les interventions en cours de route.
Une marche de trois semaines pour alerter sur le scandale du chlordécone.
C'est ce qu'a réalisé le couple surnommé « Lilith et Chacha », entre Versailles, en région parisienne, et Saint-Brieuc en Bretagne, durant ce mois d'août, avec diverses interventions en cours de route pour sensibiliser la population hexagonale.
L'opération a été menée en soutien au COAADEP, le Collectif des Ouvriers et ouvrières agricoles et leurs ayants-droit empoisonnés par les pesticides.
Les deux militants anti-chlordécone en sont à leur deuxième marche, après une première de plus de 900 km en 2022.
De l'Île-de-France à la Bretagne
Lilith et Chacha ont passé leurs vacances sur la route. Ils ont parcouru 456 kilomètres à pied, de l'Île-de-France au cœur de la Bretagne, aux côtés de deux autres militants, André et Mélo, pour parler et faire parler du chlordécone et de ses répercussions sur la santé des Antillais. Un acte utile pour Lilith, originaire de nos îles.
Moi, je pars du principe que les gens ne sont pas au courant. Ils connaissent le chlordécone en tant que pesticide, pas son aspect racial, à savoir que ce sont quand même des békés qui ont fait du lobbying auprès de l'État pour pouvoir utiliser un pesticide dont ils savaient qu’il était dangereux.
Parler au grand public
Des stops dans les grandes villes du parcours, une intervention dans un festival et des rencontres sur la route, autant d'occasions pour passer le message. L’objectif, explique Lilith, était de parler au grand public.
On a essayé de faire des interventions dans les grandes villes étapes, comme Granville, Saint-Malo et Saint-Brieuc. On a aussi fait un festival pour parler du colonialisme chimique qui est en lien avec ce qui se passe concernant le chlordécone, un pesticide organo-chloré utilisé dans les bananeraies pour une culture coloniale. Le but, c’était de parler au grand public en faisant des rencontres assez ponctuelles dans les grandes villes. Tant qu'on consommera de la banane de Martinique et de Guadeloupe, on continuera à favoriser ce système-là. Bien que le chlordécone ne soit plus autorisé à l'utilisation depuis 1993 officiellement, on voit encore qu'il y a des effets sur la santé aujourd'hui. Quand on sait que 92 % de la population martiniquaise et 96 % de la population guadeloupéenne est empoisonnée ou contaminée au chlordécone, ça pose question sur les méfaits du chlordécone encore aujourd'hui, en 2025. Donc oui, il faut que les personnes soient alertées. Il faut qu'on se rende compte que ce système de monoculture, quand on en consomme, on en fait partie. On donne de l'eau à ce moulin et c'est surtout une grosse aberration à la fois écologique et économique.
Confusion
Ce périple n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, entre racisme, intolérance et surtout beaucoup de confusion autour du drapeau martiniquais, hissé sur le dos des marcheurs, interprété comme celui de la Palestine, comme le regrette Chacha.
Si les gens défendent un point de vue Israël-Palestine qu'ils se renseignent sur le sujet, comme ça, ils connaîtront un peu les drapeaux. Et si on connaît le drapeau de la Bretagne et que ça ne dérange pas de voir ce drapeau, pourquoi le drapeau de la Martinique dérangerait autant ? Pour le dire franchement, j'ai ressenti qu'un noir avec un drapeau, ça fait peur.
Des moments d'espoir et de fraternité
Malgré tout, Lilith préfère retenir les moments d'espoir et de fraternité ressentis, notamment très fort en Bretagne.
Je ne vais pas rester sur les rencontres négatives. Il y a des très belles rencontres qui donnent espoir qu'on va trouver la solution à la vraie convergence des luttes. C'est à nous maintenant d’arrêter de nous mettre des bâtons dans les roues et d'avancer tous ensemble.
Lilith et Chacha, avec André et Mélo, ont fait du militantisme assumé et espèrent avoir réveillé un esprit de solidarité avec les Antillais.
On espère un réveil citoyen. Il y a eu deux millions de signatures sur la loi Duplomb et c'est très bien, mais il faudrait que le réveil citoyen se fasse en dehors de l'Hexagone. On a tous la même citoyenneté, les mêmes droits pour tout le monde ou des droits pour personne.
L'idée d'une nouvelle marche est d'ailleurs dans l'esprit du duo pour aborder singulièrement la recherche médicale sur les conséquences du chlordécone.
Vous pouvez suivre Lilith et Chacha sur les réseaux sur la page Instagram we.are.lilith.chacha.








