Un bar lyonnais verse dans l'apologie de la colonisation

Par 14/09/2017 - 09:57 • Mis à jour le 18/06/2019 - 14:29

Un bar ouvert récemment dans le 6e arrondissement de Lyon fait ouvertement l'apologie du colonialisme. C'est ce que rapporte le Petit Bulletin, un magazine culturel, dans un article publié le 12 septembre 2017 sur son site internet.

    Un bar lyonnais verse dans l'apologie de la colonisation

L'endroit s'appelle "La Première Plantation". Et à première vue il surfe sur la vague des lieux mi undeground, mi branché comme le décrit la journaliste Julie Hainaut du magasine culturel le Petit Bulletin.

Ce lieu c'est un bar. Et son nom est une référence directe à la société de plantation née de la politique colonialiste de la France. De prime abord, on pourrait penser qu'il s'agit d'un contre-pied à une période historique sordide qui s'est construite sur l'esclavage et des morts par millions. Mais en fait non. Ses deux créateurs Gabriel Desvallées et Matthieu Henry en parlent comme une période "où l'on savait recevoir" avec "un esprit à la cool".

Comme elle le raconte dans son article à la première personne, Julie Hainaut n'en a pas cru ses oreilles.

"Je suis restée interdite,  j’ai cru qu’il avait ajouté de la drogue dans l’un des cocktails, j’ai repris mes esprits et j’ai creusé. Peut-être avais-je mal entendu, finalement. Peut-être avait-il prononcé « l’esprit commercial » et que la chute de la pression atmosphérique dans l’avion avait eu raison de mon ouïe. Non. Il a persévéré. « C’était cool, la colonisation ? » me suis-je indignée. « Dans l’esprit, oui, carrément, ça représente une période sympathique, il y avait du travail à cette époque accueillante. » Je me suis offusquée : « et la partie esclaves, là-dedans ? ». « Ah, on a mis quelques photos dans les toilettes. » m’a-t-il rétorqué.", écrit Julie Hainaut.

 

Cette apologie de la colonisation ne s'arrête pas qu'aux propos des créateurs. Elle est également présente dans la décoration des  lieux. Et plus précisément dans les toilette comme le raconte la journaliste :  "Je me suis offusquée : « et la partie esclaves, là-dedans ? ». « Ah, on a mis quelques photos dans les toilettes. » m’a-t-il rétorqué."

Lu plus de 122 000 fois, l'article a provoqué une indignation profonde. Certains ont même appelé à des actions violentes contre le bar. D'un autre côté, les propos rapportés par Julie Hainaut ont été remis en cause par des internautes. Elle s'est fendu d'une mise au point sur son compte twitter. 

De leur côté, les créateurs du bar, plutôt prompts à partager les critiques positives au sujet de leur enseigne sur leur page facebook sont pour l'heure silencieux.

MAJ : 14/09/2017 à 12 h 15

Nous nous sommes entretenus avec le rédacteur en chef du Petit Bulletin, Sébastien Broquet. Ce dernier confirme les propos tenus par les deux hommes après écoute de l'enregistrement de l'entretien réalisé par Julie Hainaut. Par ailleurs, Sébastien Broquet a rencontré les deux créateurs du bar ce jeudi. Un article relatant cet entretien sera publié sur le site du Petit Bulletin. De cet entretien ressort l'inexcusable ignorance des deux tenanciers de bar.

Les deux restaurateurs ont également réagi sur la page facebook de "La Première Plantation" via un communiqué de presse. 

"Nous faisons suite à l’article posté le 12 septembre 2017 sur le Petit Bulletin signé par Madame Julie HAINAUT.

Si nous acceptons les critiques constructives sur notre travail, en revanche cet article appelle de notre part les observations suivantes.

Nous sommes ouverts depuis le 21 août 2017, il s’agit de notre première affaire.

Notre volonté a été d’ouvrir un bar à cocktails, un lieu d’échanges, de partages, convivial autour du rhum de sa culture et de son histoire.

Contrairement à ce qui a été retranscrit dans l’article, notre établissement n’a jamais eu la volonté de faire une quelconque apologie de la période colonialiste, période que nous condamnons.

Le nom « PREMIERE PLANTATION » est une référence aux plantations de cannes à sucre dont le rhum est issu.

Ce nom fait également référence au fait que cette ouverture est une première pour nous, une première plante, notre premier établissement.

Le mot plantation n’a dans notre esprit aucune connotation péjorative.

C’est une invitation aux voyages, à l’exotisme, ce que nous avons souhaité véhiculer dès les prémices de la construction de notre projet.

S’agissant des photos dans les toilettes, ce sont d’anciennes gravures du 18ème/19ème siècles de bouteilles de rhum, d’une maison victorienne, et d’un champ de production d’ananas, ce qui n’a rien d’offensant envers quiconque.

Notre bar à cocktails est un hommage à la culture du rhum et à la culture caribéenne.

En conclusion, nous ne pouvons que déplorer que ce quiproquo manifeste entre la journaliste et nous-mêmes l’ait conduite à rédiger un article dont les conséquences sont aujourd’hui gravement préjudiciables pour nous tant sur le plan professionnel que personnel.

Nous espérons que ces explications permettront de dissiper ce regrettable malentendu.

Cet article sera publié sur le journal Le Petit Bulletin par le directeur de la rédaction Mr Broquet Sébastien.

Bien cordialement."


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