Réchauffement climatique : une mission internationale lancée à Barbade
Lutter contre les effets néfastes du réchauffement climatique c’est l’un des grands défis pour les autorités et pour nous, à notre échelle de citoyens. Mais pour mieux les appréhender, il faut connaitre ces phénomènes. C’est dans ce but qu’une mission va être lancée au large de la Barbade. L’opération est menée par des chercheurs du CNRS en France, de l’Institut Max Planck en Allemagne, de la Barbade et d’équipes américaines et britanniques.
C’est une mission aéroportée et océanographique d’envergure qui va débuter au large de l’île de la Barbade. Cette campagne internationale a été initiée par des chercheurs du CNRS en France et de l’Institut Max Planck en Allemagne avec leurs collègues de la Barbade, rejoints par des équipes américaines et britanniques. Elle se déroulera du 20 janvier au 20 février.
L’idée est d’étudier deux grandes inconnues du climat : les cumulus d’alizés et les tourbillons de petite échelle dans l’océan.
Pour comprendre l’importance de cette mission, il faut prendre la mesure des innovations qu’elle peut permettre en matière d’observation de l’atmosphère et de l’océan. Il s’agit de mieux comprendre la vitesse et l’amplitude du réchauffement futur.
Depuis quarante ans, les climatologues butent sur un paramètre : la sensibilité du système climatique à l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère, dont dépend l’ampleur du réchauffement. Mais ils savent désormais que la manière dont les nuages réagissent au réchauffement est au cœur du problème.
Pendant un mois, ils vont donc se pencher sur les cumulus d’alizés.
En effet, un léger changement de leurs propriétés pourrait avoir des conséquences importantes sur le climat.
Une mission internationale
Plus de 30 institutions de 11 pays participent à la campagne.
En France, 13 laboratoires ou structures du CNRS et de ses partenaires sont impliqués; ils enverront une centaine de personnes sur le terrain.Cinq avions équipés d’une instrumentation de pointe, et des méthodes innovantes vont être déployés dans le ciel afin de mieux comprendre la physique des nuages, leurs conditions de formation et les facteurs qui influencent leurs propriétés.
Sur terre, en mer et dans les airs
L’ATR-42 français va ainsi voler à la base des nuages et combiner mesures radar et lidar et de nombreuses mesures in situ pour étudier leur étendue et leurs propriétés (quantité d’eau, taille des gouttes, mouvements internes…).
L’avion allemand circulera lui à plus haute altitude. Il lâchera des « dropsondes » pour mesurer la vitesse verticale de l’air à grande échelle.
En parallèle, l'observatoire de nuages de la Barbade caractérisera l'atmosphère depuis le sol, et quatre navires de recherche ainsi qu’une multitude de drones étudieront l’interface entre océan et atmosphère.
Car c’est là que réside une autre grande source d’incertitude. Principal régulateur du climat mondial, l’océan est particulièrement turbulent dans cette région, avec beaucoup de petits tourbillons (moins de 100 km de diamètre) brassant de l’eau plus chaude qu’aux alentours. Les chercheurs soupçonnent que ces tourbillons jouent un rôle dans les flux de gaz et d’énergie entre l’océan et l’atmosphère.
Les nouvelles données obtenues permettront de tester notre compréhension de processus cruciaux pour le climat et sa réponse à l’augmentation des émissions de CO2. Elles contribueront à améliorer la télédétection par satellite de ces processus.
Illustration@Image CNRS