« À Mayotte, il n’y a plus rien, plus d'eau, plus d'électricité, tout est dévasté… »
Emmanuel Macron, le président de la République est attendu demain (jeudi 19 décembre) sur l’île dévastée par le cyclone Chido, avec 4 tonnes de fret humanitaire et sanitaire dans son avion. Témoignage d’un Martiniquais sur place alors que les collectes se multiplient, et notamment de l’ACCD’OM.

Le cyclone Chido qui a traversé l’île de Mayotte a laissé derrière un spectacle de désolation. Le territoire français est quasiment coupé du monde, sans électricité dans la plupart des communes, sans réseaux téléphonique et de nombreuses personnes se retrouvent aujourd’hui sans toit.
Le bilan humain reste, lui, encore difficile à établir, comme l’explique Eddy Girier-Dufournier, un Martiniquais installé sur place depuis 2 ans.
On ne reconnaît plus rien parce que tout est rasé. Il n'y a plus rien, plus d'arbre, plus de champ, il n'y a plus rien…. Les maisons sont éventrées, les bâtiments sont éventrés, il n'y a plus rien, plus rien. C’est une catastrophe, mais je pense que cette île n'était pas préparée à ça parce que je crois qu'elle n'a jamais vécu un tel événement. Là, les gens, ils sont encore sous le choc, donc ils ont du mal à réaliser. Mais je pense que d'ici quelques jours, ça va changer. Le bilan des morts est important. Je pense qu'on ne l'aura jamais parce qu'il y a beaucoup de morts chez des clandestins. La population 98% musulmane. Un mort doit être enterré dans les 24 heures, ce qui fait que du coup, je pense que les gens seront enterrés à côté de leur banga, ces maisons en taule. Je pense qu'ils seront enterrés là et ils ne seront même pas déclarés parce qu'ils n'existent pas en réalité. Pour l'État français, ils n'existent pas, ils n'ont pas de papiers. Donc, ils ne peuvent pas déclarer ce qui n'existe pas.
Mayotte doit également faire face aux pillages. « Il n’y a plus d'eau, plus d'électricité, tout est rasé et les gens sont livrés eux-mêmes », décrit encore Eddy Girier-Dufournier.
Il n'y a pas de secours, les secours tardent à arriver et les gens errent, ils ne savent pas où aller ni quoi faire. Ça n'a pas de nom. Je crois que la situation-là, si rien n'est fait assez rapidement, ça risque de dégénérer. Les gens vont commencer à avoir faim et soif. Vous savez, la faim et la soif, plus personne n'entend rien, donc automatiquement, ça va suivre derrière. Ici, vous avez aussi une grande population de clandestins qui n'ont plus rien à perdre, ils ne vont pas mourir de faim, ils vont piller, donc il ne faut pas rêver. Pour ma part, avec ma famille, on vit dans un quartier résidentiel qui fait qu'on est un peu, je dis, un peu à l'abri de tout ça, mais la réalité, elle est là, elle n'est pas loin, elle est palpable. On peut la toucher du doigt.
Depuis le passage de Chido, des milliers de personnes se retrouvent sans logement. Certaines personnes sont accueillies dans des logements qui débordent.
Pour éviter les incivilités et faire face aux pillages et au risque de violences, un couvre-feu a été décrété depuis mardi soir entre 22h et 4h du matin.
Sur place, l’urgence absolue c’est l’eau et la nourriture. 180 tonnes de ravitaillement sont attendues demain par bateau. La préfecture coordonne la distribution des vivres, comme en témoignent ces images.
Emmanuel Macron attendu
Emmanuel Macron, les président de la République, est également attendu à Mayotte ce jeudi. Il va acheminer dans son avion « 4 tonnes de fret alimentaire et sanitaire ainsi que des membres de forces de secours qui resteront sur place », a indiqué l'Elysée, ce mercredi.
Le chef de l’Etat qui devra se projeter sur la reconstruction de l’île.
Dans le même temps, les appels aux dons se multiplient. L’Association des Communes et Collectivités d’Outre-Mer lance une cagnotte en ligne de soutien à la population après le passage du cyclone Chido.
Les fonds seront redistribués intégralement à la population mahoraise et répartis par communes, selon le nombre d'habitants.
Laeticia Mallet, déléguée générale adjointe de l’ACCD’OM revient sur les objectifs à atteindre.
Nous attendons exclusivement des dons financiers puisque l’objectif, c’est de redistribuer l’argent directement à la population, via les CCAS (Centres Communaux d’Action Sociale) des communes de Mayotte. Les gens ont absolument tout perdu, donc il va falloir reconstruire. Et dans un deuxième temps, il va falloir être en mesure d’aider ces populations. Tout le monde peut donner. On a mis jusqu’à fin février pour la cagnotte mais ça pourra être étendu si nécessaire
La cagnotte est hébergée sur la plateforme Hello Asso, vous pouvez y accéder en cliquant ici.