Une étude confirme les effets nocifs causés par une exposition répétée aux sargasses

Par 24/06/2025 - 15:50 • Mis à jour le 24/06/2025 - 23:59

Le comité indépendant d’experts du CHUM a dévoilé son enquête réalisée pendant un an sur plus de 150 patients. Des travaux qui confirment les effets nocifs causés par une exposition répétée aux algues sargasses.

    Une étude confirme les effets nocifs causés par une exposition répétée aux sargasses
photo d'archives

Les experts sont formels, les sargasses représentent bel et bien un risque pour la santé publique.

En mai dernier, le toxicologue Dabor Résière et 20 autres experts ont évalué l’impact des émanations de gaz dues aux sargasses sur la santé.

Dans un rapport préliminaire, datant du 16 mai 2025, le comité indépendant d’experts Sargasses du CHUM brosse un état des lieux des risques sanitaires, des dispositifs de lutte existant et donne un avis sur la marche à suivre.

En effet, après 48 heures d’échouage, les algues en décomposition produisent de grandes quantités de gaz toxiques, dont le sulfure d'hydrogène, H2S et l'ammoniaque ou NH3.

Les symptômes

Des données préliminaires collectées sur 12 mois par le groupe de travail sargasses au CHUM ont permis de décrire les caractéristiques cliniques de 154 patients exposés lors des épisodes d’échouage de 2018.

Les patients se plaignaient surtout de troubles neurologiques non spécifiques (80 %), digestifs (77 %), respiratoires (69 %), oculaires (64 %), ORL (53 %) et psychologiques (33 %).

Les données soulignent l’importance des actions visant à limiter l'exposition au long terme aux sargasses.

« Il faut agir maintenant »

Que sait-on exactement de la toxicité des sargasses à ce stade ?

Les précisions du Dr Thierry Lebrun, anesthésiste au CHUM, membre du comité d’experts et membre fondateur de l’ASMA, l’association sargasses Martinique. 

On connaît la toxicité aiguë. On ne sait rien de la toxicité chronique. Donc on a fait des études sur la toxicité chronique. Il a été montré les syndromes cliniques liés aux sargasses. Dedans vous avez des céphalées, des nausées, des gorges irritées, des yeux qui coulent et qui brûlent, des problèmes respiratoires, des problèmes digestifs, des problèmes chez les sujets à risques cardiovasculaires (…). On a montré des conséquences au niveau ophtalmo. Il y a des pathologies qu'on a montré, mais d'autres choses vont sortir. Il faut pousser ces études, il faut avoir plus de cas et puis analyser les autres gaz. Il faut agir maintenant, on a perdu trop de temps. Il y a urgence, surtout pour ceux qui ont des signes cliniques et la population à risque. Il faut recenser, informer et voir ce qu'on peut faire.

Appliquer le principe de précaution

Pour le Dr Thierry Lebrun, si le travail de recherche, de conseils et de prévention a été fait du côté des scientifiques, la balle est désormais dans le camp des pouvoirs publics.

Un comité scientifique au CHUM a été mis en place au CHUM.  Tout ce qui est sorti depuis 2018, 2021… ça a toujours été publié et dit dans différentes réunions. Le travail a été fait de notre côté, du côté des ingénieurs chimistes, et de l'autre côté, je ne comprends pas. Dans toute médecine, la meilleure qui marche, c'est le principe de prévention, de précaution. Et ça, on regrette que ça n'ait pas été pris en considération. Donc maintenant il faut agir. Il faut que quelqu'un centralise. Le GIP doit faire ses preuves. Le rapport du Haut conseil de santé publique parle de barrages, déviants ou bloquants, d’un ramassage des sargasses échouées dans les 48 heures, de ce qu’il y a à faire en fonction des taux et d’avoir une cellule de crise sept jours sur sept et des équipes prêtes à réagir pour ramasser s'il y a des gros arrivages pour ne pas abîmer ces barrages et d'avoir des réserves de matériel. Il faut tirer des leçons de ce qui s'est passé ces deux dernières années, mettre des barrages partout. Et mettre une procédure d'urgence pour éviter la lourdeur administrative des commandes publiques qui font qu'il faut au moins six huit mois avant d'avoir le matériel.

A ECOUTER L’entretien avec le Dr Thierry Lebrun, anesthésiste, membre du comité d’expert sargasse du CHUM et membre fondateur de l’ASMA, l’association sargasses Martinique. 

A noter, que la Martinique est précurseur dans le domaine de la recherche sur les sargasses. Les principaux articles de recherche sur la question de l’impact des sargasses sur la santé, publié dans des revues scientifiques, ont été faites par le CHUM.


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