Serge Letchimy maintient la délibération faisant du créole une langue officielle en Martinique

Par 21/08/2023 - 13:29 • Mis à jour le 21/08/2023 - 18:11

Dans un courrier adressé au préfet, le président du conseil exécutif de la CTM fait connaître son refus de retirer l'article qui reconnaît le créole comme langue officielle de la Martinique au même titre que le français.

    Serge Letchimy maintient la délibération faisant du créole une langue officielle en Martinique

C'est un nouveau front ouvert entre le chef de l'exécutif local et l'Etat. Dans un courrier daté du 19 août 2023, Serge Letchimy fait part de son "refus de procéder, comme vous me le demandez, au retrait de l’article 1er de la délibération, adoptée à l’unanimité (moins une voix, ndlr) par l’Assemblée de Martinique le 25 mai 2023, qui a reconnu la langue créole comme langue officielle de la Martinique, au même titre que le français."

Un positionnement qu'il qualifie lui-même d' "acte de marronnage, une déclaration de dissidence dans le débat contemporain mais historique que nous ouvrons entre droits naturels imprescriptibles et droit à l’égalité."

Dans sa missive, le président du conseil exécutif de la CTM anticipe les conséquences juridiques de son refus.

"Je nous sais d’ores et déjà condamnés par les institutions judiciaires qui ne reconnaitront pas la légitimité de ce combat. Pourtant c’est avec dignité, que j’assumerai cette condamnation", écrit-il.

Contraire à la constitution

Cette nouvelle sortie épistolaire du locataire de Plateau Roy répond à un courrier du préfet de la Martinique. Dans le cadre du contrôle de la légalité des délibérations de l'Assemblée de Martinique, le représentant de l'Etat a notifié ses remarques le 25 juillet dernier par écrit.

Dans ce courrier qu'a pu consulter RCI, Jean-Christophe Bouvier, préfet de Martinique rappelle que "les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France."

Il souligne également qu'au regard du code du patrimoine "l'État et les collectivités territoriales concourent à l'enseignement, à la diffusion et à la promotion de ces langues."

Néanmoins, le préfet avance un argument constitutionnel qui l'oblige à demander le retrait de l'article premier de la délibération du 25 mai 2023.

"Toutefois, le premier alinéa de l'article 2 de la Constitution du 4 août 1958 dispose que : « La langue de la République est le français ». En application de cette disposition, le Conseil constitutionnel a, notamment, statué que : « l'usage du français s'impose aux personnes morales de droit public et aux personnes de droit privé dans l'exercice d'une mission de service public »", précise Jean-Christophe Bouvier.

La suite de cette opposition devrait désormais se jouer devant le tribunal administratif et le Conseil d'Etat.


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